Temps de lecture : 2 minutesToute la religion se résume en ces deux préceptes : Aime Dieu, aime ton prochain. Ces deux commandements, d’ailleurs, n’en font qu’un ; car si nous aimons nos frères, c’est par amour pour Dieu et non pas pour eux-mêmes. Jésus regarde comme fait à lui-même, tout ce que nous aurons fait au…
Étiquette : <span>Charité</span>
Temps de lecture : 2 minutesUn homme, allant de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par des voleurs qui le dépouillèrent, le blessèrent et l’abandonnèrent à demi-mort, sur le bord de la route. Successivement, un prêtre juif, puis un lévite, passèrent sans s’occuper de lui. Mais un Samaritain qui arriva ensuite, s’arrêta, s’approcha du malheureux, le…
Temps de lecture : 2 minutesIl y avait un riche et un pauvre. Le riche faisait bonne chère ; le pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d’ulcères que les chiens venaient lécher ; mais le riche ne lui donnait rien à manger. Ce dernier mourut et fut envoyé en enfer. Lazare aussi mourut, et…
— Quel plaisir ! quel bonheur ! encore une invitation ! Bravo, papa, qui annoncez la bonne nouvelle !
On saute au cou de son papa, on l’embrasse à grands bras comme si on était encore de petits enfants, et, rrring ! Laure et Christiane, les mains dans les mains, font un tour vertigineux. Elles ont quinze ans, elles sont charmantes. Elles aiment un peu le travail et beaucoup le plaisir, et sont expertes en cent ouvrages. Elles n’ont plus leur maman, et ont dû, bien jeunes, apprendre à mener la maison de leur papa, le bon docteur. Celui-ci trouve en elles son plus cher délassement aux rudes journées de dévouement. Leur plaisir est tout son plaisir ; on le sait bien, et les clients amis, qui sont nombreux, ne sauraient donner une fête enfantine sans y convier ses grandes filles.
— Nous comptons bien sur elles, n’est-ce pas, mon cher docteur ?
Et le cher docteur, muni de la bonne invitation, sourit d’avance de la joie qu’il apporte.
Cette fois, cela promet d’être plus amusant que jamais. Mme de Saintey donne une matinée pour le Mardi Gras, on sera costumé, et il y aura un concours de crêpes ; oui, on fera saute, les crêpes. Des prix seront distribués aux plus adroits qui enverront le plus haut la crêpe, la meilleure. Cette perspective provoque un délire de joie. Quinze jours, ce n’est pas trop pour s’entraîner aux crêpes, confectionner les costumes. Le docteur a ouvert son portefeuille :
— Voilà pour faire des merveilles, dit-il. Et dans chaque main il met un billet de cinquante francs, ce qui fait, bien compté, cent francs pour chacune. Puis d’un bon air heureux :
— Alors, tout le monde est content, et celle qui l’est le moins, ce n’est, à coup sûr, pas Marinette.
Qui, Marinette ? Mais cette vaillante enfant dont a déjà parlé papa, qui soigne sa maman malade, veille à la tripotée des petits frères, s’ingénie retenir le père dans le triste logis : elle n’y réussit pas toujours, la pauvrette. C’est une vie bien dure, bien sombre, sans joie jamais.
Papa poursuit : il explique que Mme de Saintely, cherchant une jeune fille pour tenir le vestiaire, il lui a recommandé Marinette dont la maman va mieux. Ce mardi-là, Marinette pourra sortir.
— Je viens de lui annoncer ma petite combinaison, la chère enfant n’en dormira pas de la nuit ! Cette journée lui apparait comme une féérie. Gentiment, elle pense déjà à l’emploi de l’argent qui lui en reviendra.
Le bon docteur, qui est un peu poète, s’enchante et s’émeut ; Laure, qui s’entend toujours très bien avec son papa, partage la douce impression.
— Voyez, conclut-il, elle aura une place bien humble, l’excellente enfant. Or, non seulement elle n’envie personne, mais il lui semble que personne ne sera aussi heureux qu’elle ce jour-là. « Je ne verrai rien d’aussi beau de ma vie ! » déclare-t-elle. Ce sera, on le sent, un gai rayon sur sa misérable jeunesse, ce souvenir.
— Il y a bien un hic, reprend papa. J’aurais voulu à Mariette un vêtement un peu convenable, elle ne possède qu’une pauvre robe et ne peut se rendre ainsi chez Mme de Saintely.
[1]Petite Jeanne n’y comprend plus rien : dans le jardin mystérieux, plein d’ombre et de bosquets, tout, depuis quelque temps devient encore plus mystérieux… Un vieil homme se promène dans les allées, vêtu de la livrée. Il se fait nommer Pierre. S’il est domestique, pourquoi ne va-t-il pas plutôt frotter les parquets ?… Et puis, ces paysans qui vont et viennent panier au bras… puis disparaissent, à moins que maman ne les fasse entrer sans bruit à la maison… maman ne fait plus toilette ; elle ne reçoit plus voisins et amis comme autrefois… si Jeanne la questionne, elle se tait… Tout cela aiguise la curiosité de la petite fille. Elle veut savoir et elle saura !… Le prétexte d’une course au papillon lui permettra de prendre cette allée que suit le serviteur. Elle lui demande : « Vous avez déjà fini votre travail, Pierre ? Qu’est-ce que maman vous a fait faire ? »
Pierre ne répond pas ; il se penche vers la petite fille et la regarde avec une grande bonté… Un autre jour, Jeanne s’aperçoit que les lèvres de Pierre remuent comme s’il priait tout bas… Puis, c’est le comble !… se réveillant, une nuit, la petite Jeanne voit Pierre habillé comme monsieur le Curé quand il disait la messe… et il dit la messe, en effet, an fond de la chambre d’enfants, sur une table garnie de nappes… Au fait, puisqu’elle a sept ans, pourquoi maman, si chrétienne, si pieuse, ne l’emmène-t-elle plus à l’église ? L’enfant s’y perd de plus en plus ; elle est entourée de mystères et de points d’interrogation, comme son lit de rideaux… mais la lumière des chandelles a traversé ceux-ci, tandis que son esprit reste dans l’obscurité la plus complète. Ce qui la bouleverse, c’est d’être trompé par sa mère… Pourquoi maman ne lui dit-elle pas tout simplement la vérité ? Si Pierre est prêtre, pourquoi ce déguisement de serviteur ?
Jeanne finit par se rendormir Le lendemain, après sa leçon, elle va jouer au jardin avec ses petites sœurs Antoinette et Claudine — Françoise est encore au berceau —.
Un papillon ! Vite, le filet ! Une fois encore, Jeanne se heurte à Pierre… elle en est toute saisie… mais Claudine la rappelle : « Jeanne, Jeanne ! Antoinette a pris ma poupée ! »

- [1] D’après L’apôtre du quartier Mouffetard : Sœur Rosalie, par Cécile Lhotte et Elisabeth Dupeyrat.↩