Et maintenant une histoire ! Posts

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au cœur de la Provence .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Récit de Noel, pour la crèche - SantonnierDans la clar­té de la lampe, près de la porte ouverte aux par­fums du soir, maître Ambroise fume son calu­miau, sa courte pipe de terre. Sa grande barbe, ses abon­dants che­veux gris sous le large feutre lui donnent l’air d’un de la mon­tagne. Ses petits yeux bleus étin­cellent de vie.

Mère-grand. — Eh ! bon­soir, maître Ambroise, ces pichoun viennent voir vos Santons.

Maitre Ambroise. — Té, voi­sine, c’est le moment. Avec les grands jours, on va les lais­ser dor­mir dans l’ar­moire. Ce soir, on y tra­vaille encore, mes filles sur­tout qui ont des doigts de fée car mes vieilles mains deviennent maladroites.

Chan­tal. — Nous aime­rions tant savoir com­ment vous fabri­quez ces char­mants petits per­son­nages si pleins de vie.

Maitre Ambroise. — Ah ! pichot, c’est tout un art, voyez-vous. Il n’y a plus beau­coup de san­ton­niers aujourd’­hui, des vrais j’en­tends. Il s’en trouve bien encore qui vous font des petits bons­hommes de terre cuite, bar­bouillés de rouge, de jaune, de bleu. Mais on ne peut pas appe­ler ça des San­tons ! Eh ! péchère, 

Auteur : Falaise, Claude | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Histoire de Noël : générosité - savetierTu… uh… uit !… tu… uh… uit !…

Ajax, l’oi­seau des îles, aux plumes écla­tantes, sau­tille rageu­se­ment d’un per­choir à l’autre dans sa cage trop étroite.

Pour­quoi donc, à cette heure tar­dive, le vieil Anselme n’est-il pas cou­ché ? Ajax s’a­grippe aux bar­reaux de fer de toutes ses minus­cules pattes, ren­dues ner­veuses par la colère ; et, la tête pen­chée, le bec en avant, ses petits yeux ronds bom­bés par la curio­si­té, il fixe le cordonnier.

Tu… uh… uit !… tu… uh… uit !…

« La paix, Ajax ! La paix, mon mignon ! Tu dor­mi­ras tout ton saoul la nuit pro­chaine qui sera celle de . Pour l’heure, les mar­chands de jouets sont sur les dents et les save­tiers débordés. »

La voix du père Anselme ne sonne pas clair : elle est assour­die par les clous que le bon­homme mâchonne.

Pan !… pan !… pan !…

« Hum ! cette empeigne est bien fati­guée ! Allez donc faire de la « belle ouvrage » là-des­sus… Enfin !… la maman du petit Claude n’est pas riche et elle a toute une nichée de garçons. »

Pan !… pan !… pan !… Encore un clou ici… et un autre là.

Entre les mains du vieil arti­san, la chaus­sure tourne et retourne.

Tu… hu… uit !… tu… uh… uit !… gronde Ajax, dont la colère monte. Tu n’as donc pas fini ? Te cou­che­ras-tu, espèce de vieux toqué ?

Il ne l’a pas dit, mais le ton y était et l’in­ten­tion. Anselme, avec qui l’oi­seau a lié de longue date une solide ami­tié, ne s’y est pas trompé.

« La paix, la paix, mon mignon ! Tu com­prends que

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au cœur de la Provence .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Laure. — Puisque nous par­lons de , venez tous, les amis, regar­der notre .

Michèle. — Le ravis­sant petit Jésus, blond et rosé, cou­ché sur la paille !

Chris­tine. — Et la Vierge, sa mère, en tunique bleue, avec ce long voile blanc qui des­cend en plis gra­cieux sur ses épaules, comme elle est belle !

JacLa crèche de Noël pour les mômes - Frise des santons de Provenceques. — Saint Joseph me plaît dans sa robe vio­let fon­cé et son man­teau jaune.

Chris­tian. — Mais qui sont tous ces petits per­son­nages ran­gés au fond de la boîte ?

Clé­mence, sau­tant de joie. — Té, ce sont nos San­tons ! Vous ne connais­sez pas les Santons ?

Dans une boîte de carton,
Som­meillent les petits Santons,
Le et le rémouleur
Et l’En­fant Jésus Rédempteur.
Le Ravi qui le vit
Est tou­jours ravi.
Les mou­tons En coton,
Sont ser­rés au fond…
Un soir alors paraît l’é­toile d’or
Et tous les petits Santons
Quittent la boîte de carton.
Naï­ve­ment dévo­te­ment,
Ils vont à Dieu por­ter leurs vœux,
Et leur chant est tou­chant.
Noël ! Joyeux Noël !
Noël joyeux de  !

Auteur : Bernard, Jean | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

La vie de Jésus pour les petits - Marie et Joseph cherche un logement à BethléemLe vent souffle fort, ce soir, sur la plaine déso­lée. Si fort que bêtes et gens, tran­sis jus­qu’aux os, se sont réfu­giés dans leurs abris bien clos, et que, loin, bien loin à l’ho­ri­zon, on ne voit plus per­sonne sur les che­mins déserts.

Per­sonne ? Si… Deux ombres ombres avancent len­te­ment, là-bas, à demi cour­bées sous le vent et sem­blant cher­cher leur route à tâtons . Deux ombres… Un homme jeune encore et qui sou­tient de son bras puis­sant une jeune femme, à demi morte de fatigue.

Celle-ci s’ar­rête, tout à coup :

« Je n’en peux plus, Jean, mur­mure-t-elle d’une voix faible, il fau­drait nous asseoir… »

L’homme sur­saute :

« Nous asseoir, là, en plein vent, par ce froid ? Mais c’est impos­sible ! Allons, essaie encore… un peu… regarde ! Là-bas, il y a une lumière. »

La jeune femme a levé la tête. C’est vrai ! Une faible lumière brille à quelques mètres, dans l’ombre épaisse. Si on allait enfin pou­voir s’ar­rê­ter un peu, s’as­seoir, se réchauf­fer ? L’es­poir donne des forces… Len­te­ment, Mariette s’est remise en route tan­dis que l’ap­pui de son jeune époux se fait, tout près d’elle, plus ferme et plus vigilant.

***

Pan ! Pan ! D’une poigne solide, l’homme a ébran­lé la porte de la petite mai­son basse, à demi cachée sous les arbres. Un bruit à l’in­té­rieur… Une voix de femme, che­vro­tante der­rière la porte close :

« Oui est là ?

– Deux pas­sants qui auraient bien besoin de se réchauf­fer un peu. »

Un ins­tant d’hé­si­ta­tion, puis une protestation :

Auteur : Mainé, Marie-Colette | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

L’of­fice s’achève.

Légende de Noël - Choeur des moinesDra­pés dans leur chape de bure noire, les moines alternent pai­si­ble­ment les ver­sets sacrés. Pour­tant, au fond de la cha­pelle, une étrange dis­trac­tion a clos les lèvres du prieur : il sou­pire lon­gue­ment en regar­dant sur la muraille une grande éten­due de plâtre blanc qui tranche sur les déco­ra­tions envi­ron­nantes. Tout autour de la nef, d’ex­quises fresques rap­pellent les épi­sodes de la vie du Christ ; une seule manque, impor­tante cepen­dant : la Nativité.

Encore une fois, le prieur sou­pire ; le frère ima­gier, le bon frère Nor­bert, est mort voi­ci plu­sieurs mois lais­sant son œuvre inache­vée. Le prieur est en grand sou­ci : qui donc ter­mi­ne­ra la déco­ra­tion de l’ ?… est proche (dans huit jours à peine) et le mur reste blanc. Main­te­nant, il faut s’y rési­gner, pas un maître ima­gier ne serait capable de tra­vailler si promptement…

Certes, de nom­breux peintres se sont pré­sen­tés, mais leurs esquisses n’ont pas satis­fait le vieil abbé. Il vou­drait plus beau, plus simple, plus vrai !… Il vou­drait un artiste qui peigne avec son cœur et sa foi. Point ne s’en pré­sen­tant, force est au de lais­ser la tache livide dépa­rer la chapelle.

***

Deux par deux, les moines longent le cloître. Sou­dain, des coups sourds ébranlent le por­tail, un frère se détache de la file, va pous­ser le ver­rou. Par l’huis entr’ou­vert, une sil­houette chan­ce­lante se glisse, et vient tom­ber aux pieds du prieur…

« Pitié !… Sauvez-moi !… »