La veille de Noël, la vieille Mère Rachel se prépara comme tous les ans à conduire tous ses fils à la Crèche. Elle appela ses trois fils préférés : Simon, celui qui travaillait la terre ; Lazare l’ouvrier forgeron ; et André, celui qui allait encore à l’école.
Elle avait aussi un autre fils, né d’un autre lit. C’était un homme qui avait énormément travaillé et beaucoup épargné pour aider sa mère Rachel à élever ses trois petits frères. Il avait aussi reconstruit et entretenu de ses deniers la maison familiale et il continuait toujours à donner généreusement. Pourtant, ses frères ne l’aimaient pas. Ils lui enviaient ses capacités à faire le bien ; ils en étaient jaloux. Aussi le tenaient-ils à l’écart et n’hésitaient pas à le railler quand ils le croisaient en chemin.
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En cette veille de Noël, Rachel frappa à sa porte.
« Jean dit-elle, je pars tout à l’heure adorer le Seigneur Jésus. Mais la route est un peu longue jusqu’à Bethléem et je n’ai pas assez de vivres. Peux-tu me donner des provisions ? »
« Voici mes clés, répondit Jean, celle du grenier, celle du cellier, celle de la cave. Prends tout ce qu’il te faut et même plus. Mes frères ne doivent manquer de rien pour ce beau voyage qui sera une grande fête ! »
Sa mère prit les provisions et s’en fut mais aussitôt elle revint…
« Le manteau de ton frère Simon est râpé, il aura froid en route, donne-moi un vêtement pour lui. »
« Prends mon manteau, ce sera pour moi une grande joie de savoir mon manteau aller à Bethléem sur les épaules de mon frère ! »
Mère Rachel prit le manteau mais revint encore.
« Les souliers de ton frère Lazare ont de bien mauvaises semelles. Tu ferais bien de m’en donner une paire pour lui. Tu en as une de rechange et il fait ta pointure. »