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Un soir de noël, un vieux cordonnier se reposa dans son petit magasin en lisant : « La visite des hommes sages à l’Enfant Jésus. » À la lecture des cadeaux que les bergers et les rois mages apportèrent à la crèche, il se dit : « Si demain était le premier Noël, et si Jésus devait être né ce soir dans cette ville, je sais ce que je lui donnerais ! »
Il se leva et prit d’une étagère deux petites chaussures en cuir neige-blanc le plus mou, avec des boucles argentées lumineuses qu’il venait de finir : « Je lui donnerais cela, mon travail le plus fin. Que sa mère sera heureuse ! Mais je suis un vieil homme idiot, pensa-t-il avec un sourire. Le Maître n’a aucun besoin de mes pauvres cadeaux. »
Remettant les mignonnes chaussures à leur place, il souffla la bougie, et alla se reposer. Il ferma ses yeux, quand il entendit une voix qui appelait son nom. « Martin ! » Intuitivement, il reconnut cette voix. « Martin, tu as envie de Me voir. Demain je passerai devant ta fenêtre. Si tu me vois, offre-moi ton hospitalité : je serai ton invité et m’assiérai à ta table. »
Ne disons pas : « La sainteté, ce n’est pas pour moi ; je ne suis ni un évêque, ni un moine, ni ceci, ni cela… » Il est des saints de tous métiers : cabaretiers, agriculteurs, cordonniers, serviteurs, sacristain-colporteurs, charbonniers, soldats, médecins, avocats, instituteurs.… on trouve même un ex-comédien. De même, pour les femmes, nous avons des cultivatrices, des servantes, une teinturière, et… une star d’Athènes !
Le comédien
Il se nommait Genès, et sans doute, dans tout l’élan de sa « jeunesse », ne songeait-il qu’à faire le pitre, à rire et à faire rire. C’est ainsi que, païen de Rome, il se fit instruire des cérémonies chrétiennes pour les tourner en ridicule sur la scène. Les spectacles de ce genre étaient très à la mode au temps de Dioclétien.
Aujourd’hui, Genès s’apprête à jouer une farce impie dont il tiendra le rôle principal, celui du néophyte un peu niais qui va recevoir le baptême. La comédie commence… Les spectateurs s’en donnent à cœur joie quand, soudain, saisi par la grâce, le jeune homme se sent envahi d’un ardent désir du baptême : « O Dieu, s’écrie-t-il en son cœur, lavez-moi en cette eau baptismale ; en toute sincérité je veux être chrétien ! »
Personne n’a pu voir l’action intérieure de la grâce ni entendre le cri de Genès, mais tout le monde remarque le sérieux de l’acteur. Il entre trop bien dans son rôle ; ce n’est plus amusant du tout ; les rires se sont tus : « Dis donc ! fais-nous rire un peu ! »
Ces sortes de parodies se terminaient généralement par l’interrogatoire du soi-disant nouveau chrétien qui, à la grande joie des spectateurs, n’hésitait pas à sacrifier aux idoles, après avoir répondu aux interrogatoires de la façon la plus cocasse, ou bien, qui refusait de sacrifier et recevait, pour la forme, sa condamnation. Un magistrat complaisant (un vrai, celui-la !) consent à se prêter à cette comédie. Genès est donc conduit à l’interrogatoire par des acteurs déguisés en soldats : mais quoi, il répond avec une fermeté, une sincérité qui ne laissent pas de doute : « Jusqu’ici j’avais une telle haine contre les chrétiens que je ne savais que les tourner en dérision ; je raillais leurs cérémonies sur la scène, j’allais les insulter au milieu des tourments. Aujourd’hui, à peine l’eau du baptême a‑t-elle touché mon front, que toute ma vie m’a fait horreur. Vous qui avez applaudi aux profanations que j’ai faites des mystères chrétiens, commencez donc par les révérer avec moi. »
La foi, l’amour, éclatent dans le regard et l’attitude du comédien. Il est clair qu’il n’est plus seulement « dans so