Catégorie : <span>Et maintenant une histoire II</span>

Ouvrage : Et maintenant une histoire II

Ascension

Bali dresse l’o­reille : un bruit connu l’a aler­té : le « nia­ma-mail » n’est pas loin…

Récit d'Afrique - pardon - Africain à la sagaieTapi dans les racines aériennes d’un palé­tu­vier, le souffle rete­nu, l’o­reille ten­due, l’œil fure­teur, le Noir guette…

« Ah !… Bali a vu nia­ma-mail ! Bali cou­rir appe­ler tous les hommes du vil­lage, et tous ensemble tue­ront le niama-mail »

Un der­nier regard à l’hip­po­po­tame qui s’é­bat dans le fleuve, incons­cient du dan­ger, et le grand noir s’en­fonce à souples fou­lées dans la forêt.

Mais, au fait, pour­quoi mobi­li­ser tout le vil­lage pour tuer le nia­ma-mail ?… Bali s’im­mo­bi­lise… touche son front… hésite… puis se redresse, et rit de toutes ses dents blanches.

« Bali, pas besoin des autres pour tuer nia­ma-mail. Bali prendre ses sagaies, et retour­ner au fleuve ; et ceux du vil­lage joue­ront du tam-tam pour Bali qui aura tué tout seul le nia­ma-mail ; et tous diront : Bali est plus grand chas­seur que Mako ».

Dix minutes plus tard, l’homme est à l’af­fût, le regard tour­né vers la masse grise de l’hip­po­po­tame qui se baigne et lance des fusées d’eau. Tout à l’heure, la bête vien­dra man­ger sur la rive ; Bali connaît ses mœurs. Patiem­ment, il l’attend…

Un des meilleurs chas­seurs indi­gènes, ce Bali. Son seul rival est Mako, aus­si habile que lui à lan­cer la sagaie. Mais Mako n’a jamais atta­qué seul un hip­po­po­tame. Tan­dis que lui, Bali, va tuer celui-ci…

Récit d'Afrique pour les ado - hippopotame sortant de l'eauIl assure une sagaie dans sa main, car le monstre se rap­proche ; on dis­tingue à pré­sent ses formes mas­sives : le mufle car­ré, les courtes oreilles… Il vient à la rive… L’ins­tant est tra­gique ; le cœur de Bali s’ar­rête qua­si de battre ; mais sa main, len­te­ment, silen­cieu­se­ment, pointe la sagaie vers l’é­norme bête qui émerge, ruis­se­lante, de l’eau glauque…

« Mako lui-même n’o­se­rait l’at­ta­quer seul. Mais Bali ose­ra, lui. Et la tri­bu sau­ra que Bali est le roi des chasseurs. »

Tran­quille, la bête prend pied.

Bali rampe dans les hautes herbes, sans un effleu­re­ment, sans même faire trem­bler une tige grêle.

Il n’a pas peur.

Il est sûr de lui.

À bonne dis­tance, il se redresse, souple et silencieux.

Ouvrage : Et maintenant une histoire II | Auteur : Picard, Claude

Fête des Mères

Histoire de la fête des mères - Guilbert Narcisse - Jardin au printemps« Vite, vite » chante le vent, en se fau­fi­lant entre les branches.

« Dépê­chez-vous ! » se chu­chotent les roses des buissons.

« C’est bien­tôt ! bien­tôt ! bien­tôt ! » carillonnent les clo­chettes des muguets.

« Dans quinze jours ! » grogne Médor qui se couche en rond devant sa niche.

« Mais quoi ?… Quoi ?… Quoi donc ?… Quoi donc ?… Pour­quoi faut-il se dépê­cher et qu’arrive-t-il dans quinze jours ? » ques­tionne Pipiou, le moi­neau étour­di, en sau­tillant des rosiers aux muguets, et des muguets à la niche de Médor.

« Ne t’a­gite donc pas comme cela ! inter­vient le vieux pom­mier. Viens te per­cher sur une de mes branches. Tiens-toi tran­quille ; écoute, étour­neau : com­ment ne sais-tu pas que dans quinze jours c’est la fête de Madame Ladou­ceur, dame et maî­tresse de la vil­la Clair­joye, si bien nom­mée, et maman de Pau­line, Denis, Jean-Guy, Florent et de la toute petite Christelle ?

- Ah ! c’est la fête, chic alors ! Il y aura des gâteaux et on me don­ne­ra les miettes.

- Il n’y a pas seule­ment à son­ger aux pâtis­se­ries, rétorque sévè­re­ment le pom­mier ; mais à fêter digne­ment Madame Ladouceur.

- Pour­quoi donc faut-il se dépêcher ?

- Pour les cadeaux, par­di ! Pau­line, Denis, Jean-Guy, Florent et même Chris­telle veulent cha­cun offrir un pré­sent à leur maman.

- Quel présent ?

- Curieux ! Eh bien ! va voir ; tous tra­vaillent dans le jardin. »

Aimer sa mamant - moineauLe moi­neau s’en­vole, inté­res­sé. Il va rendre visite à la toute petite Chris­telle qui, assise sous la ton­nelle, tire un petit bout de langue rose en reco­piant le com­pli­ment qu’elle réci­te­ra. Puis, tout en sau­tillant, il suit Jean-Guy dans ses allées et venues le long de la haie.

Le gar­çon se pro­mène à grands pas, en fai­sant des gestes impé­tueux et en lan­çant vers le ciel de prin­temps des phrases bizarres… Chut ! dou­ce­ment… Pipiou s’é­loigne, ne trou­blons pas Jean-Guy ! il com­pose un poème.

Vole­tant de-ci de-là, l’oi­seau est atti­ré par un fruit splen­dide, un fruit comme jamais dans sa courte vie de moi­neau il n’en a vu de semblable.

Aus­si gour­mand qu’é­tour­di, Pipiou fonce à tire-d’aile vers l’ob­jet de sa convoi­tise qui repose doré, appé­tis­sant, sur un tapis vert.

Hor­reur !! Une énorme ombre noire et ges­ti­cu­lante vient sou­dain bou­cher l’ho­ri­zon du moineau,

Effrayé, Pipiou ne doit qu’à la rapi­di­té de ses réflexes d’exé­cu­ter le virage sur l’aile qui lui per­met d’é­chap­per à la col­li­sion. Le cœur encore bat­tant, il vient se réfu­gier sur le toit du vieil appen­tis. Les yeux tout ronds du moi­neau s’é­tirent de stu­peur : ce qu’il pre­nait pour un fruit posé sur la mousse est une plaque de car­ton que Denis, le pre­mier fils Ladou­ceur, bran­dis­sant un drôle de petit balai, zèbre de coups rageurs.

C’est amu­sant à voir faire, et très instructif !…

Denis tient sur le bras une grande assiette brune, cou­verte de petits tas de cou­leurs ; de l’autre main, avec son petit balai, le gar­çon prend un peu de cette cou­leur et la pose sur le car­ton ; avec cela, il fait des fruits, des feuilles, des fleurs.

« Vrai­ment curieux ! songe Pipiou. Dom­mage seule­ment que ce jeune homme ne puisse tra­vailler en silence : il ne cesse de sif­fler, et de sif­fler faux. »

Rien n’est plus hor­rible pour un moi­neau que d’en­tendre sif­fler faux ; Pipiou n’y peut tenir long­temps. Il s’en­vole. Du reste, il lui faut encore cher­cher dans les taillis Pau­line et Florent.

Pipiou se met à la recherche de Florent. Entre nous, le troi­sième fils Ladou­ceur est le pré­fé­ré de Pipiou.

Ima­gi­nez-vous que ce petit Florent n’a jamais 

Ouvrage : Et maintenant une histoire II | Auteur : Bernard, Jean

Sainte Jeanne d’Arc

Sur le rem­part qui s’a­van­çait en bor­dure de la Loire jus­qu’aux avant-postes enne­mis, Loïs, tapi der­rière un cré­neau, regar­dait son­geur l’énorme pont défen­du par le fort des Tou­relles, la plus redou­table bas­tille des Anglais.

Était-ce là que, demain, s’af­fron­te­raient hommes d’armes et archers pour libé­rer la ville d’Or­léans dont les Anglais occu­paient les forts extérieurs ?

Histoire des saints pour les enfants - Sainte Jeanne d'ArcSou­dain, Loïs tres­saillit. Toute menue sous son armure de guerre, une ombre se dres­sait non loin de lui sur les cré­neaux, insou­cieuse des flèches anglaises.

La jeune fille était seule, et Loïs, qui l’au­rait recon­nue entre mille, la regar­dait s’ap­pro­cher en rete­nant son souffle. Tout à coup, il l’en­ten­dit sou­pi­rer tout haut tan­dis que ses yeux se rem­plis­saient de larmes :

« Las ! las ! mon doux Sei­gneur, fau­dra-t-il donc ici com­battre et ver­ser le sang chré­tien ? Ces hommes n’en­ten­dront-ils donc pas votre voix ? Ah ! si je pou­vais trou­ver mes­sa­ger capable de tou­cher leur cœur !

— J’i­rai, moi, si vous voulez… »

Sor­tant brus­que­ment de sa cachette, l’en­fant venait de mettre un genou en terre devant Jeanne d’Arc, la jeune Lorraine.

« Toi, petit ? Mais

Ouvrage : Et maintenant une histoire II | Auteur : Jourdan, Juliette

Il était une fois… Comme dans un conte… une petite prin­cesse belle comme le jour… blonde comme les blés… bonne comme le pain… et tout… et tout…

Histoire pour les momes à imprimer - Les oeufs de Pâques -Vieille femme et ses poulesElle s’ap­pe­lait Alinda.

Ce matin-là, elle s’en reve­nait de chez Catiche, l’an­cienne gar­dienne d’oies du château.

Il faut vous dire que cette Catiche avait une mau­vaise répu­ta­tion… on la disait sorcière.

Comme elle était laide et bos­sue depuis son jeune âge, les gens se moquaient d’elle et, pour se ven­ger, elle leur disait :

« Je vais vous jeter un sort… Pre­nez garde ! vos bêtes seront malades, l’eau de vos puits vous don­ne­ra la colique… »

Et comme on a tou­jours des ennuis dans la vie avec les bêtes, et quel­que­fois mal au ventre, les vil­la­geois gémis­saient : « Ça y est » et finis­saient par la croire, et elle aussi…

Mais Alin­da était tel­le­ment bonne qu’elle ne s’oc­cu­pait pas de cela et visi­tait la vieille Catiche, tou­jours aus­si laide et main­te­nant presque impotente.

***

Qu’il fai­sait beau ce matin du Same­di-Saint. L’air était léger, le soleil inon­dait la cam­pagne ; on res­pi­rait, on vivait, on avait envie de s’envoler.

A son départ de la chau­mière, la vieille avait don­né trois œufs de Pâques à la jeune fille :

« Le blanc est l’œuf de Blan­chette : quand vous l’au­rez gobé, demoi­selle, vous serez heu­reuse… Le jaune, qu’a pon­du Jau­nette, vous appor­te­ra la for­tune ; et le coco tout rosé de ma pou­lette noire vous don­ne­ra un mari. »

Ouvrage : Et maintenant une histoire II | Auteur : Amédée

KT - Cloches de PâquesBing ! Bang ! Ding ! Dong ! Alléluia !

Aube de Pâques, matin joyeux ! Fran­çoise s’é­veille vite, vite. Elle est en vacances chez grand-mère, et n’a nulle envie de traî­ner au lit comme les jours où on l’ap­pelle pour l’école.

Bing ! Bang ! Ding ! Dong !…

Déjà les cloches ont ralen­ti. Fran­çoise en hâte fait sa toi­lette. Comme il fait beau ! Comme il fait gai !

La petite fille en gam­ba­dant court vers le vieux clocher.

Trop tard, hélas ! le vieux Xavier s’en va. L’oncle Xavier, le vieux son­neur, c’est le par­rain de Fran­çoise, et c’est le frère de grand-mère.

« Joyeuses Pâques ! crie la fillette, en sau­tant au cou du son­neur. Joyeuses Pâques, oncle Xavier. Vous m’a­vez réveillée en joie. Mais c’est dom­mage, j’ar­rive trop tard,

— Tu me ver­ras pour la grand-messe. Il est très tôt, tu as bien le temps.

— Oncle Xavier, vous ne vou­lez pas me lais­ser mon­ter dans le vieux clo­cher ? Je vou­drais voir les belles cloches. »

Récit pour le Caté - Clocher du village au printempsOncle Xavier hésite un brin, mais il ne sait rien refu­ser à sa filleule.

« Fais bien atten­tion, petite, sois prudente. »

Puis, il sou­rit dans sa barbe. C’est tout son amour, ce clo­cher, et cela lui fait grand plai­sir que sa Fran­cette par­tage cet amour.

L’air est ébran­lé encore par les vibra­tions des cloches, et Fran­çoise, en ten­dant l’o­reille, croit sai­sir ce qu’elles murmurent :

« Bon­jour, petite ! Te voi­là reve­nue, loin de la ville, Bon­jour Fran­cette ! C’est la Fan­chon, la Fran­ci­nette, c’est la Fran­çoise que nous aimons. »

Les cloches emploient tous les doux noms que lui donne sa grand-mère quand elle la tient sur ses genoux.

« Vous me connais­sez ? dit Fran­çoise. Et com­ment savez-vous mon nom ?

— Nous, les pre­mières, l’a­vons su. Qui donc a son­né gaie­ment le carillon de ton bap­tême ? L’oncle Xavier tirait la corde, avec ton grand