Dans Alexandrie, sur les bords de la Méditerranée orientale, grandit la princesse Catherine, douée d’une vive intelligence et d’une merveilleuse beauté, mais dont le cœur est rempli d’orgueil.
À la mort du roi, la reine Sabinelle, sa mère, l’emmène en Arménie où Catherine devient une adolescente toujours plus belle, toujours plus savante, toujours plus orgueilleuse aussi. Bientôt, les demandes en mariage se succèdent, mais toujours elles sont suivies d’invariables refus. L’époux que l’on propose à la jeune fille n’est jamais assez beau, jamais assez savant.
*
Or, un jour, la reine Sabinelle emmène Catherine vers un vieil ermite nommé Ananias.
« Eh bien ! déclare celui-ci, à mon tour, j’ai un brillant parti à te proposer. »
Très intriguée, la jeune fille écoute, puis lève vers le vieillard des yeux remplis de hardiesse :
« Avant de m’engager envers ce jeune homme, je veux le voir.
– Mon enfant, sache seulement que la plus belle créature est vile devant lui.
– Qu’importe, je veux le voir absolument.
– Soit, répond Ananias. Cette nuit donc, reste dans ta chambre et invoque la Vierge Marie, Mère de Dieu. »
*
Catherine, bouleversée, rentre chez elle. Bientôt, le soir tombe, jetant sur toute chose le silence, le recueillement.
D’une main tremblante, la jeune fille allume les flambeaux et les lampes.
« Je veux que mon visiteur ait un accueil vraiment digne ; je veux que tout rayonne et brille ; je veux être moi-même magnifique… d’ailleurs, ne le suis-je pas déjà ? »
Puis elle se met à genoux. Son cœur bat très fort, car elle essaie de croire en Dieu, de croire à ce qu’en réalité elle n’a jamais cru vraiment.