Temps pascal

Des histoires pour la fête de Pâques

Ayant pour thèmes : Pâques, Résur­rec­tion, Veillée pascale

L’ange visible

L’ange visible
Par extra­or­di­naire, Jacques Tri­mard ne ren­trait pas ivre ce soir-là. L’inquiétude de savoir sa femme malade, la peur de faire empi­rer la fièvre lui avaient impo­sé la sobrié­té au sor­tir de l’atelier. Tris­te­ment il avait sui­vi son che­min à tra­vers les rues… plus tris­te­ment encore, il gra­vis­sait ses étages en se disant : – Que vais-je trou­ver là-haut ? Ma femme mou­rante… aban­don­née… la mai­son en désordre comme je l’ai lais­sée ce matin… pas de dîner… Ah ! misère de misère !… Et, blas­phé­mant, il pousse la porte. Il s’arrête, jetant un cri, non d’effroi… mais d’étonnement… Tout dans la cham­brette est ran­gé… le plan­cher balayé… le lit de la malade propre et blanc… sur la table une nappe et une sou­pière fumante… – Hein ?… fit l’homme. – Tu es bien chez toi, entre donc, Jacques, répond la femme en sou­riant de ses lèvres pâlottes. Tri­mard croit rêver. – On n’est pour­tant plus au temps des fées ! s’écrie-t-il. – Si donc… j’en ai vu une aujourd’hui… et bien­fai­sante. – Et quelle est-elle ? demande l’homme intri­gué. – Une …
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Quelques heures d’une grande semaine à Jérusalem.

Quelques heures d'une grande semaine à Jérusalem.
Same­di. En des­cen­dant du Cal­vaire, hier, après la mort de Jésus, j’é­tais tel­le­ment fati­guée et impres­sion­née par tout ce que j’a­vais vu que je me suis éten­due sur ma natte pour dor­mir et oublier. Mais, sans cesse, dans ma tête et devant mes yeux, les scènes ter­ribles que j’a­vais vues pas­saient et repas­saient, comme un rêve. Tous les évé­ne­ments de ces der­niers jours défi­laient, et je n’ar­ri­vais pas à com­prendre com­ment Jésus, que la foule accla­mait, était deve­nu l’en­ne­mi public numé­ro un, que tous vou­laient faire mou­rir et qu’on avait cloué sur une croix. On ne l’ap­pelle plus Jésus, ici. Tout le monde dit : « Le Christ ! » Je revoyais sa figure cou­verte de sang et de cra­chats, je revoyais sa mort… Et, comme tous les autres, je pen­sais « C’est bien fini, Il est mort. » Pour­tant, mal­gré ces moments de déses­poir, au milieu de mes larmes, je voyais tout de même le visage de Marie, sa maman, lors­qu’elle est redes­cen­due du Cal­vaire : la paix et …
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20. Résurrection d’un mort

20. Résurrection d'un mort
Comme Jésus arri­vait à Naïm, il ren­con­tra une foule immense qui accom­pa­gnait au cime­tière le fils unique d’une pauvre veuve. Jésus, la voyant pleu­rer, fut ému et lui dit : « Ne pleu­rez pas ! » Puis, s’ap­pro­chant, il tou­cha le cer­cueil et s’é­cria : « Jeune homme, je te l’or­donne, lève-toi ! » Aus­si­tôt le mort se leva sur son séant et com­men­ça à par­ler. Jésus, alors, le ren­dit à sa mère. — Mais le Sau­veur ne fait pas de miracles pour le plai­sir de les faire ; chaque pro­dige ren­ferme aus­si une leçon. La mort est l’i­mage du péché ; l’âme en état de péché mor­tel est un cadavre ambu­lant. La résur­rec­tion des corps est l’i­mage de la résur­rec­tion invi­sible des âmes. C’est pour elles que Jésus a vou­lu mou­rir. Lui qui a res­sus­ci­té des corps, res­sus­cite des âmes tous les jours. Un enter­re­ment, à Naïm. — Jésus res­sus­cite un jeune homme et le rend à sa mère. QUESTIONNAIRE : 1. Racon­ter la résur­rec­tion du mort ? — 2. Qu’est-ce qui pous­sa Jésus à faire ce miracle ? — 3. La …
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La voix des cloches

La voix des cloches
Bing ! Bang ! Ding ! Dong ! Allé­luia ! Aube de Pâques, matin joyeux ! Fran­çoise s’é­veille vite, vite. Elle est en vacances chez grand-mère, et n’a nulle envie de traî­ner au lit comme les jours où on l’ap­pelle pour l’école. Bing ! Bang ! Ding ! Dong !… Déjà les cloches ont ralen­ti. Fran­çoise en hâte fait sa toi­lette. Comme il fait beau ! Comme il fait gai ! La petite fille en gam­ba­dant court vers le vieux clo­cher. Trop tard, hélas ! le vieux Xavier s’en va. L’oncle Xavier, le vieux son­neur, c’est le par­rain de Fran­çoise, et c’est le frère de grand-mère. « Joyeuses Pâques ! crie la fillette, en sau­tant au cou du son­neur. Joyeuses Pâques, oncle Xavier. Vous m’a­vez réveillée en joie. Mais c’est dom­mage, j’ar­rive trop tard, — Tu me ver­ras pour la grand-messe. Il est très tôt, tu as bien le temps. — Oncle Xavier, vous ne vou­lez pas me lais­ser mon­ter dans le vieux clo­cher ? Je vou­drais voir les belles cloches. » Oncle Xavier hésite un brin, mais il ne sait rien refu­ser à sa filleule. « Fais bien atten­tion, petite, sois …
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La cloche de bois

La cloche de bois
Conte de Pâques Depuis qu’il y a des cloches dans les clo­chers, et même bien avant, les hommes ont fait la guerre. Mais depuis que dans les clo­chers il y a des cloches de bronze, les hommes ont pris ces cloches pour en fabri­quer des armes, quand ils fai­saient la guerre. La ville de Bers-le-Dom, en France, pos­sé­dait une belle cathé­drale que trois cloches d’airain secouaient de leurs sons, quand les enfants de chœur vol­ti­geaient au bout des cordes. En robes rouges ou en robes noires, les enfants de chœur pen­dus aux cordes riaient, sau­taient, vol­ti­geaient et riaient, pattes par ci, sur­plis par là, aux voix des cloches. Les voix des cloches frap­paient aux vitres des mai­sons et se mul­ti­pliaient tant qu’on eut dit que toute la ville carillon­nait. Les vitraux mul­ti­co­lores de la cathé­drale repré­sen­taient la vie et les miracles de Saint-Antoine-aux-San­­dales d’or, son patron. Sur­tout célèbre au temps de Noël et de Pâques, la son­ne­rie de la basi­lique de Saint-Antoine-aux-San­­dales d’or était renom­mée dans …
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L’œuf de Nicolazic

L'œuf de Nicolazic
Ce matin-là, un rayon de soleil se glis­sa par la fenêtre, et Nico­la­zic se leva. Tout chan­tait en lui : Allé­luia ! Allé­luia ! Et pour­tant Nico­la­zic n’a­vait aucune rai­son per­son­nelle d’être joyeux. À douze ans, il n’a­vait jamais pu cou­rir comme les autres gar­çons, traî­nant der­rière lui une jambe tor­due, ce qui n’é­tait ni joli ni com­mode. Il n’y pen­sait guère, il est vrai, quand sa maman était près de lui. Mais sa maman, malade, avait dû par­tir pour l’hô­pi­tal. Et son papa était au ciel. Main­te­nant, Nico­la­zic était tout seul. Il n’y avait plus, à la mai­son, avec lui que la poule noire et la chèvre blanche. La poule noire pon­dait de temps à autre, et la chèvre blanche don­nait son lait cré­meux. Mais voi­là qu’un beau jour la chèvre dis­pa­rut… et la poule noire ces­sa de pondre, on ne sait pour­quoi. Ce n’é­tait pas encore la sai­son des fruits, et Nico­la­zic vivait sur­tout de pain sec et d’eau claire. * * * Mais ce matin-là, c’é­tait le matin de Pâques. …
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La clairière aux biches

La clairière aux biches
Dans la salle basse, le vieux fer­mier sou­pire, sa femme pleure, ses enfants n’osent souf­fler mot. « S’il faut pas­ser Pâques comme ça… — Chut… Si les « bleus » t’entendaient… » L’ombre de la guillo­tine rap­pelle la pru­dence néces­saire les espions de la Conven­tion sont par­tout, le moindre regret accor­dé au Roi ou à la reli­gion peut mener à la pri­son et à la mort… Les prêtres sont dépor­tés, les églises closes ou pro­fa­nées, les cloches envoyées à la fon­de­rie. Pour la pre­mière fois, on va pas­ser Pâques sans carillon, sans messe, sans Hos­tie… et celui qui serait pris à s’en­di­man­cher ou à obser­ver le repos serait accu­sé d’in­ci­visme, condam­né pour fana­tisme… Sur tous les foyers de la chré­tienne Ven­dée plane la même déso­la­tion… Mais un petit gars, fier et grave, trotte par les che­mins détrem­pés, heurte les portes, mur­mure quelques mots et pour­suit sa course ; ain­si va, de bouche à oreille, le mys­té­rieux mes­sage : « Cette nuit, à la Clai­rière-aux-Biches… » Et, la nuit venue, des ombres silen­cieuses se glissent sans lanterne …
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Les cloches d’Alsace

Les cloches d'Alsace
Jean Ober­lé, la veille de Pâques, monte au som­met de la mon­tagne de Saint-Odile, où il doit ren­con­trer Odile Bas­tian. Des pèle­rins sont venus de divers points de l’Al­sace, pour visi­ter le sanc­tuaire et entendre les cloches. Le jour bleuis­sait dans le pli des ravins. C’était l’heure où l’attente de la nuit ne semble plus longue, où le len­de­main se lève déjà dans l’esprit qui songe. En quelques minutes, Jean eut retra­ver­sé la cour, sui­vi les cor­ri­dors du monas­tère, et ouvert la porte qui donne sur un jar­din en angle aigu, à l’est des bâti­ments. C’est là que tous les pèle­rins de Sainte-Odile se réunissent pour voir l’Alsace, quand le temps est clair. Un mur, à hau­teur d’appui, longe la crête d’un bloc énorme de rocher qui s’avance en épe­ron au-des­­sus de la forêt. Il domine les sapins qui couvrent les pentes de toutes parts. De l’extrême pointe qu’il empri­sonne, comme de la lan­terne d’un phare, on découvre à droite tout un massif …
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Cloches de Pâques

Cloches de Pâques
Blot­tie au pied de la vieille église qui domi­nait la place en pente de la petite ville, la mai­son du doc­teur Gérard se dres­sait, toute grise et morose, presque bran­lante à force d’être vieille, et toute ron­gée de mousse aux angles de ses pierres dis­jointes. Gaie et peu­plée autre­fois par une nom­breuse famille, elle avait vu, peu à peu, ses habi­tants dis­pa­raître à la suite de deuils suc­ces­sifs et répé­tés, et, actuel­le­ment, elle n’é­tait plus habi­tée que par le doc­teur et sa petite fille, ché­tive enfant de dix ans qu’un état de san­té très pré­caire et une édu­ca­tion défec­tueuse ren­daient sau­vage et cha­grine. Les révoltes de Ger­maine furent nom­breuses Le doc­teur avait vu sa vie com­plè­te­ment assom­brie par la perte d’une femme ten­dre­ment aimée, et de plu­sieurs enfants, et bien qu’ai­mant pas­sion­né­ment sa petite Ger­maine, la seule affec­tion qui lui res­tât, il ne par­ve­nait pas à domp­ter, pour elle, son carac­tère taci­turne, de sorte que l’en­fant, vivant sans cesse dans un milieu …
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Un peu de ciel sur la terre

Un peu de ciel sur la terre
« Le Sei­gneur est véri­ta­ble­ment res­sus­ci­té, Alle­luia ! » Écou­ter cette his­toire Du haut de ses huit ans, Jean regar­dait avec un peu de dédain, la petite fille de la concierge. Elle avait cinq ans, un tablier clair, des yeux noirs brillants, et de courts che­veux blonds. Quand Jean l’ob­ser­vait de la fenêtre, elle était géné­ra­le­ment occu­pée à quelque démé­na­ge­ment : elle appor­tait sur le trot­toir un petit fau­teuil de paille, une table basse, qu’elle cou­vrait d’un ménage en terre. Puis, elle allait cher­cher un gros chat gris qui sup­por­tait avec impa­tience d’être assis sur ses genoux et se sau­vait dès qu’elle ces­sait de le ser­rer. Elle ren­trait alors, et reve­nait avec une pou­pée qu’elle aban­don­nait bien­tôt pour des livres d’i­mages. Elle res­tait immo­bile pen­dant cinq minutes, et, au bout de ce temps, ren­trait tout ce qu’elle avait pré­cé­dem­ment éta­lé sur le trot­toir. Depuis qu’il la regar­dait vivre, Jean était per­sua­dé que les petites filles ne savaient pas ce qu’elles vou­laient. Le matin du Same­di Saint, pour­tant, il eut …
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L’œuf de Pâques des deux Dauphins

L'œuf de Pâques des deux Dauphins
JE pris le livre et l’exa­mi­nai curieu­se­ment. C’é­tait un Télé­maque un peu fati­gué, mais en bon état cepen­dant ; il était orné de nom­breuses gra­vures et por­tait les armes royales. Com­ment ce volume rare et curieux entre tous, qui eût fait la joie d’un biblio­phile, se trou­­vait-il entre les mains d’un obs­cur pay­san, cer­tai­ne­ment inca­pable d’en appré­cier la valeur ? Sur le pre­mier feuillet, je lus, non sans émo­tion, cette réponse à ma ques­tion : « À Louis Simon, en remer­cie­ment de son œuf de Pâques. Louis DAUPHIN. » Mai 1789. Et au-des­­sus, tra­cée au crayon, d’une écri­ture à peine lisible, la même phrase : « À Louis Simon, en remer­cie­ment de son œuf de Pâques. Louis DAUPHIN. » Mai 1794. Les noms des deux fils de Louis XVI, acco­lés ain­si à ce nom de Simon, l’é­clai­raient d’un éclat sinistre. Le vieux fer­mier était-il donc parent du bour­reau de l’in­for­tu­né Louis XVI ? — C’est une his­toire du temps où j’é­tais petit gar­çon, Mon­sieur, me dit sim­ple­ment le brave homme. Tel que vous me …
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CXXXII. Résurrection et triomphe du Christ.

CXXXII.  Résurrection et triomphe du Christ.
Qua­torze fois dans le temps de ses pré­di­ca­tions Notre-Sei­­gneur avait annon­cé qu’après sa Pas­sion et sa mort, il res­sus­ci­te­rait le troi­sième jour, et il pré­sen­tait d’avance cette résur­rec­tion comme le signe évident et défi­ni­tif auquel, non-seule­­ment les Apôtres, mais les Juifs infi­dèles eux-mêmes, pour­raient recon­naître qu’il était le Fils de Dieu, égal à Dieu son Père. Les enne­mis du Sau­veur connais­saient si bien cette pro­phé­tie et en com­pre­naient tel­le­ment l’importance, que leur pre­mier soin, aus­si­tôt que Jésus eut été enle­vé de la croix et dépo­sé au Saint Sépulcre, fut d’y mettre des gardes, et de fer­mer la porte du tom­beau avec les grands sceaux publics. Par cette méfiance des vues des Apôtres, par ces pré­cau­tions exces­sives, ils ren­dirent eux-mêmes plus cer­taine la résur­rec­tion de Notre-Sei­­gneur dont tous les gardes du tom­beau furent témoins. Valen­tine. Com­ment ! C’est devant eux tous que Jésus sor­tit vivant du tom­beau ? Grand’mère. Oui, devant tous, à leur grande frayeur, comme je vais vous le racon­ter tout à l’heure. Saint Jean et saint …
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Sur le bord du chemin

Sur le bord du chemin
Le voi­là ! Le voi­là ! cou­rons vite… » Sai­sis­sant la main de sa petite sœur, Jacques l’en­traîne à toute vitesse sur le sen­tier rocailleux. Il y a de la joie par­tout aujourd’­hui : dans l’air pur et le ciel bleu, dans le soleil qui brille radieux, et sur le visage de tous ces gens qui courent, char­gés de branches vertes, dans la direc­tion d’un point mys­té­rieux où la foule s’a­masse peu à peu. « Hosan­na ! Hosan­na .…» Des cris arrivent jus­qu’aux oreilles de Jacques et de Myriam qui, tout essouf­flés, cherchent à se fau­fi­ler par­mi les groupes. Comme ils sont petits, ils arrivent sans trop de peine à se frayer un pas­sage à tra­vers la foule qui s’a­gite de plus en plus, bran­dis­sant ses palmes et redou­blant ses cris : « Hosan­na ! Hosan­na ! Gloire au fils de David !… » Les enfants sont arri­vés au pre­mier rang, au bord même du sen­tier où ils demeurent sou­dain immo­biles, le cœur bat­tant d’é­mo­tion. A quelques pas d’eux, les hommes s’a­vancent, essayant tant bien que mal d’é­car­ter la foule. Au milieu …
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Le voyage des Cloches à Rome.

Le voyage des Cloches à Rome.
« Grand’­mère ! grand’­mère ! m’é­criai-je, voi­ci le mar­chand de gâteaux : viens vite ! j’ai été sage. » J’en­ten­dais en effet au loin, dans la rue du vil­lage, la cla­quette du pâtis­sier ; et il ne venait pas len­te­ment comme chaque jour ; comme chaque jour, il ne s’ar­rê­tait pas de porte en porte ; la cla­quette, aux bat­te­ments si mal assu­rés d’or­di­naire, n’al­ter­nait plus avec le cri trem­blo­tant du bon­homme ; elle frap­pait fort et sans cesse. Les petits gâteaux venaient droit à moi, leur plus constant ami, et je me disais tout joyeux : « Nul ne les arrête au pas­sage, nul ne me pren­dra celui que je pré­fère » Mais à mesure que le bruit appro­chait, un doute cruel gran­dis­sait dans ma tête : mon vieux mar­chand n’a­vait ni une démarche aus­si pré­ci­pi­tée, ni un bras aus­si ferme. « Mon Dieu, me disais-je, si ce n’é­tait pas lui ! ne vien­­drait-il plus ? serait-ce main­te­nant un autre à sa place, et à la place de mes bons petits gâteaux dorés, les mau­vais gâteaux de tout le monde ? » Il …
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« Jamais… ! »

« Jamais... ! »
Reine et Colette sont en brouille. C’est arri­vé pour une bêtise : Reine vou­lait un livre ; Colette le dési­rait aus­si ; elles se sont cha­maillées. Reine a trai­té Colette de tri­cheuse ; Colette a giflé Reine ; puis elles se sont tour­né le dos en pro­cla­mant très haut que « jamais elles ne se recau­se­raient ». Jac­­que­­line-la-douce a bien essayé d’arranger l’af­faire. Mais elle s’est heur­tée à de sombres visages fer­més, aux regards fuyants et aux lèvres pin­cées. – Elle m’a appe­lée « tri­cheuse » ! explo­sa Reine aux yeux ful­gu­rants. – Elle m’a giflée ! gro­gna Colette, ren­fro­gnée. – Met­tons que vous êtes quitte, et faites la paix ! Hélas ! Colette ne répon­dit rien et Reine décla­ra : – Jamais ! Puis elle sor­tit en cla­quant la porte. *** Cela dure depuis des semaines. Au fond, elles sont très ennuyées, l’une et l’autre ; avant cette his­toire, elles étaient les meilleures amies du monde ; voi­sines, tou­jours ensemble. Main­te­nant, elles vont à l’é­cole à la queue leu leu ; le soir, Reine s’en va toute seule faire les com­mis­sions, et Colette s’en va toute seule cher­cher l’herbe pour …
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Pâques sans œuf

Pâques sans œuf
Cette année, dit maman, il n’y aura pas d’œufs de Pâques. Les petits crurent tout d’a­bord avoir mal enten­du. Pas d’œufs le jour de Pâques ! — Vous savez bien, pour­sui­vit maman avec un sou­pir, qu’il n’y n ni sucre, ni cho­co­lat. — Mais, fit Syl­vi­nette aux yeux bleus, ce sont les cloches qui les apportent et nous man­ge­rions aus­si bien des œufs de poule, tu sais. — Ça m’é­ton­ne­rait qu’elles en trouvent plus que moi. Allons, au revoir, mes ché­ris, soyez sages et à ce soir. Maman s’en fut faire des ménages comme chaque jour, lais­sant Pou­pon sous la garde de Syl­vi­nette. — Vous en faites une tête ! chan­ton­na Moi­­neau-Gen­­til, pas­sant la tâte par la fenêtre. Ne savez-vous pas que c’est le prin­temps, que les oiseaux sifflent et que dans le square il fait bien meilleur qu’ici ? Il faut vous dire que Moi­­neau-Gen­­til était très aimé des enfants. Je ne sais si vous l’a­vez remar­qué, mais sou­vent, plus les gens sont pauvres, meilleurs ils sont pour les bêtes. Aussi, …
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CXXXIII. Marie-Madeleine au tombeau.

CXXXIII.  Marie-Madeleine au tombeau.
Marie-Made­­leine, la pauvre péche­resse conver­tie, la fidèle et cou­ra­geuse chré­tienne du Cal­vaire, pous­sée par son amour pour Jésus, sor­tit de Jéru­sa­lem le dimanche matin avant même le lever du soleil. Elle vou­lait aller pleu­rer près du tom­beau de son bon maître, s’exposant ain­si aux insultes des sol­dats qui gar­daient le corps. Pen­dant qu’elle allait au tom­beau, le Christ était res­sus­ci­té ; et lorsque Made­leine arri­va au petit jar­din qui entou­rait le sépulcre, les gardes s’étaient déjà enfuis et Made­leine vit avec stu­pé­fac­tion la porte ouverte et la pierre enle­vée. Elle jeta un regard rapide dans l’intérieur du caveau, et croyant qu’on avait enle­vé le corps, elle cou­rut pré­ci­pi­tam­ment au Cénacle aver­tir Pierre, qui était déjà consi­dé­ré comme le Chef des Apôtres. Pierre et Jean sor­tirent aus­si­tôt et cou­rurent vers le tom­beau. Made­leine les sui­vit de loin. La Sainte Vierge, près de laquelle Made­leine était venue cher­cher Pierre et Jean, res­ta seule dans sa demeure ; et ce fut alors que, d’après une pieuse tra­di­tion, son Fils adorable …
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Pâques

Pâques
— Je suis content, dit Jean ; main­te­nant, il n’y a plus que les Apôtres qui n’ont pas encore vu le Bon Dieu. — Cela ne va pas tar­der : la mati­née est ache­vée, les Apôtres ont enten­du les récits des Saintes Femmes, mais les scènes de la Pas­sion leur ont lais­sé de si affreux sou­ve­nirs qu’ils ne par­viennent pas à vaincre leur tris­tesse : Jean seule­ment, est convain­cu : n’ou­blie pas, mon petit ami, qu’au pied de la croix, il était seul avec les femmes : en récom­pense, Dieu a vou­lu que l’un des pre­miers, il soit ras­su­ré : Pierre, Jacques, André, Tho­mas et les autres pleurent encore. C’est à Pierre, l’a­pôtre que Jésus a choi­si pour être à la tête de son Église, c’est à Pierre que le divin Maître appa­raît d’a­bord. Quand Jésus avait été arrê­té, tu t’en sou­viens, on avait deman­dé par trois fois à Pierre s’il Le connais­sait, et, trois fois, Pierre avait dit : « Je ne connais pas cet homme. » — Je m’en sou­viens, c’é­tait très …
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La Cloche d’argile

La Cloche d'argile
Conte de Pâques Dans une petite ville du moyen âge, aux rues étroites, aux toits poin­tus, vivait, il y a bien long­temps, la fille d’un humble potier. On l’appelait Jac­quotte la sérieuse, car, bien qu’elle n’eût que douze ans, elle ne son­geait pas à jouer comme les autres petites filles mais pas­sait ses jour­nées dans l’atelier de son père, à recueillir les débris d’argile qui tom­baient du tour du potier ; elle les pétris­sait dans ses mains, puis, avec des outils de cise­leur que son père lui avait fabri­qués sur sa prière, elle tra­çait dans la pâte molle des guir­landes de fleurs, des fruits, des oiseaux, et toutes les figures que lui ins­pi­rait sa fan­tai­sie. Un jour, le bruit se répan­dit que le sei­gneur de la ville avait déci­dé d’offrir une cloche à l’église. Comme il la vou­lait très belle, tous les maîtres cise­leurs étaient invi­tés à concou­rir pour sa déco­ra­tion : les pro­jets devaient être expo­sés sur la place publique le jour …
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Les œufs de Pâques de Catiche

Les œufs de Pâques de Catiche
Il était une fois… Comme dans un conte… une petite prin­cesse belle comme le jour… blonde comme les blés… bonne comme le pain… et tout… et tout… Elle s’ap­pe­lait Alin­da. Ce matin-là, elle s’en reve­nait de chez Catiche, l’an­cienne gar­dienne d’oies du châ­teau. Il faut vous dire que cette Catiche avait une mau­vaise répu­ta­tion… on la disait sor­cière. Comme elle était laide et bos­sue depuis son jeune âge, les gens se moquaient d’elle et, pour se ven­ger, elle leur disait : « Je vais vous jeter un sort… Pre­nez garde ! vos bêtes seront malades, l’eau de vos puits vous don­ne­ra la colique… » Et comme on a tou­jours des ennuis dans la vie avec les bêtes, et quel­que­fois mal au ventre, les vil­la­geois gémis­saient : « Ça y est » et finis­saient par la croire, et elle aus­si… Mais Alin­da était tel­le­ment bonne qu’elle ne s’oc­cu­pait pas de cela et visi­tait la vieille Catiche, tou­jours aus­si laide et main­te­nant presque impo­tente. *** Qu’il fai­sait beau ce matin du Same­­di-Saint. L’air était léger, le soleil inon­dait la campagne ; …
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