Quelques heures d’une grande semaine à Jérusalem.

Auteur : Babeth | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Samedi.

En des­cen­dant du , hier, après la mort de Jésus, j’é­tais tel­le­ment fati­guée et impres­sion­née par tout ce que j’a­vais vu que je me suis éten­due sur ma natte pour dor­mir et oublier.

Récit de la mort et de la résurrection pour les enfants - Marco Palmezzano, Crucifixion Mais, sans cesse, dans ma tête et devant mes yeux, les scènes ter­ribles que j’a­vais vues pas­saient et repas­saient, comme un rêve. Tous les évé­ne­ments de ces der­niers jours défi­laient, et je n’ar­ri­vais pas à com­prendre com­ment Jésus, que la foule accla­mait, était deve­nu l’en­ne­mi public numé­ro un, que tous vou­laient faire mou­rir et qu’on avait cloué sur une croix. On ne l’ap­pelle plus Jésus, ici. Tout le monde dit : « Le Christ ! »

Je revoyais sa figure cou­verte de sang et de cra­chats, je revoyais sa mort… Et, comme tous les autres, je pen­sais « C’est bien fini, Il est mort. » Pour­tant, mal­gré ces moments de déses­poir, au milieu de mes larmes, je voyais tout de même le visage de Marie, sa maman, lors­qu’elle est redes­cen­due du Cal­vaire : la paix et la lueur d’es­pé­rance que j’y avais lues et qui m’a­vaient tant frappée !

De temps en temps, je me levais de ma natte et je sor­tais sur le pas de la porte pour voir de loin la croix se dres­ser dans le ciel, ne pou­vant croire encore que la jour­née d’hier n’é­tait pas un cau­che­mar ! Non, la croix était bien là : Jésus, le Christ, était bien mort.

A la tom­bée de la nuit, il m’a sem­blé aper­ce­voir des formes qui s’a­gi­taient au som­met du Cal­vaire, allant et venant. J’ai eu envie de savoir ce qui se pas­sait et, me fau­fi­lant dans les rues, je suis grim­pée le plus vite pos­sible au som­met du Cal­vaire, refai­sant tout le che­min par­cou­ru. J’ai com­pris, en arri­vant en haut, ce qui se pas­sait. Aujourd’­hui, c’est ici le sab­bat, c’est-à-dire le jour où per­sonne ne doit tra­vailler : il ne fal­lait pas que le Corps de Jésus res­tât sur la croix aujourd’­hui, il fal­lait donc l’en­terre avant la nuit, puisque les gens ne peuvent rien faire pen­dant le sabbat.

Alors, Joseph d’A­ri­ma­thie, un ami de Jésus qui fait par­tie du Grand Conseil de Pilate, le gou­ver­neur du pays, a deman­dé à celui-ci qu’on lui per­mette d’en­se­ve­lir le crucifié.

C’est ce qu’il fai­sait, aidé de Jean et de quelques femmes, quand je suis arri­vée. Ils avaient des­cen­du de la croix le corps de Jésus et sa maman, assise sur un rocher, Le soutenait.

Elle ne pleu­rait pas et pour­tant, comme elle devait souf­frir ! je me suis rap­pe­lé ma maman à moi, quand mon petit frère est mort : elle le tenait dans ses bras, elle aus­si, et je ne savais pas quoi faire pour la consoler.

La passion racontée aux jeunes - Fernando Gallego - Pieta

En voyant Marie, j’ai com­pris que si Jésus avait répan­du son sang pour le par­don des péchés, comme Il l’a­vait dit Lui-même, jeu­di, à ses dis­ciples, sa maman avait, elle aus­si, souf­fert pour le par­don de nos fautes, et je me suis mise à l’ai­mer très fort, cette maman qui n’a­vait rien fait pour évi­ter que son Fils souf­frit à cause de nous.

J’ai eu honte, devant elle, de toutes les bêtises que j’ai faites dans ma vie, et j’ai eu envie de le lui dire. A pas de loup, je me suis appro­chée et je lui ai jeté mes bras autour du cou en l’embrassant très fort, avec de grosses larmes sur les joues : « Maman, par­don ! » lui ai-je dit. Tout de suite, elle a compris.

J’au­rais vou­lu lui dire que je ne vou­lais plus faire de bêtises… je n’ai pas su, mais je suis cer­taine qu’elle l’a devi­né ; sur­tout, je suis sûre que je serai plus forte, main­te­nant, pour lut­ter contre tout ce qui est mal, parce que je pen­se­rai à lui deman­der son aide. C’est une maman qui nous a don­né son Fils : elle com­prend tout et elle nous aime.

Ceux qui étaient là com­men­çaient à enve­lop­per Jésus dans un grand drap blanc, son lin­ceul. Quand cela a été fait, ils L’ont empor­té ; je les ai sui­vis, et j’ai vu qu’ils Le met­taient dans un tom­beau creu­sé dans un rocher. Après avoir cou­ché le corps dans le fond du caveau, Jean et Joseph ont rou­lé une énorme pierre devant l’en­trée et ils sont par­tis, l’air triste et abat­tu, sauf la maman de Jésus, qui gar­dait sur son visage la paix et la lueur d’es­pé­rance d’hier.

A peine s’é­taient-ils éloi­gnés qu’une escouade de sol­dats s’est appro­chée : ils ont scel­lé le tom­beau : « Ses dis­ciples pour­ront tou­jours essayer de venir cher­cher son corps pour racon­ter ensuite qu’Il s’est res­sus­ci­té Lui-même ! Ce serait vrai­ment trop simple de faire croire cela à tout le monde ! Mais c’est quand même bizarre d’être obli­gé de gar­der le corps d’un mort ! Enfin, on aura tout vu ! » Puis ils se sont assis. je suis redes­cen­due, la mort dans l’âme : ça y est, tout est fini, le Christ est enfoui dans un rocher, on ne Le ver­ra plus. Et pour­tant, ils ont encore peur de Lui et des dis­ciples, ceux qui vou­laient Le faire mou­rir, puis­qu’ils Le font garder !

* * *

Dimanche.

Le Christ Jésus, est res­sus­ci­té ! Il est de nou­veau vivant ! Vous ne com­pre­nez pas ? Moi non plus, bien sûr, mais c’est vrai, et c’est tel­le­ment mer­veilleux ! Soyez heu­reux, tous ! Criez-le autour de vous : le Christ est ressuscité !

Ce n’est pas une his­toire que je vous raconte : des gens L’ont vu, Lui ont par­lé. Donc, c’est vrai.

Hier soir, quand je vous ai quit­tés, je ne savais plus que pen­ser ! Seul le sou­ve­nir de la maman de Jésus me redon­nait un peu d’es­poir ! Et puis, ce matin, quand je suis sor­tie, j’ai croi­sé Pierre et Jean qui cou­raient comme des fous dans la direc­tion du tom­beau ! Je me suis deman­dé ce qu’ils avaient. Der­rière eux, sui­vait une femme : celle qui était au pied de la croix, ven­dre­di, et que les autres appellent tou­jours Marie-Made­leine. J’ai sur­mon­té . ma timi­di­té et je me suis appro­chée : « Dites, qu’est-ce qui se passe ? Pour­quoi courent-ils ain­si ? » Elle ne répon­dait pas, comme si elle pen­sait à autre chose. « Dites-moi ce qu’il y : il se passe sûre­ment quelque chose ! » Alors, elle s’est mise à pleu­rer : « Je suis allée au tom­beau avec une amie, ce matin, pour ver­ser du par­fum sur le corps de Jésus. Nous nous deman­dions com­ment nous ferions pour rou­ler la pierre qui fer­mait l’en­trée. Et puis, en y arri­vant, nous nous sommes aper­çues qu’elle n’é­tait plus devant ! Nous avons eu peur ! Plus de gardes non plus à la porte ! En appro­chant, nous avons vu que le corps de Jésus n’é­tait plus là ! Oh ! c’est ter­rible, ils L’ont volé ! Je suis venue pré­ve­nir Pierre et Jean : ils courent sur les lieux ! »

Pâques, Dimanche de la Résurrection - histoire pour le catéchisme - Giovanni Bellini. La Resurrection, 1475-79.Marie-Made­leine s’est éloi­gnée. J’ai revu en un éclair le visage de Marie, et j’ai été sûre alors que le Christ était vivant, que la était réelle.

Deux sol­dats dis­cu­taient dans une impasse : « Mon vieux, nous étions en train de som­no­ler, quand, tout à coup, nous avons rou­lé sur le sol, ren­ver­sés par un grand trem­ble­ment de terre, comme ven­dre­di… Une clar­té extra­or­di­naire nous a entou­rés et, sans pou­voir bou­ger, nous avons vu un per­son­nage qui sem­blait trans­pa­rent de lumière. Il était assis sur le rocher dont Il venait de rou­ler la pierre, et le tom­beau était vide ! Cela a duré quelques ins­tants seule­ment, puis tout est rede­ve­nu nor­mal ! Nous avons cou­ru chez le gou­ver­neur pour lui racon­ter ces faits. Il nous a payés pour qu’on dise que ses dis­ciples sont venus Le cher­cher pen­dant que nous dor­mions. Alors, je te dis la véri­té à toi, mais tu ne me ven­dras pas ! »

Ils se sont éloi­gnés. J’é­tais ahu­rie de tant de mau­vaise foi.

Vous devi­nez que je grillais d’en­vie de revoir Jésus… Alors, je me suis déci­dée à aller vers le tom­beau, dans l’es­poir de Le retrou­ver, moi aus­si. Et de nou­veau, au coin d’une rue, j’ai ren­con­tré Marie-Made­leine. Elle ne pleu­rait plus, je vous assure ; son visage était radieux ! Elle m’a sau­té au cou et m’a ser­rée très fort :

« Je L’ai vu, Il vit, Il m’a par­lé, Il est ressuscité !

— Oh ! raconte… » lui ai-je demandé.

Elle m’a dit alors qu’elle était retour­née, seule, au tom­beau, en me quit­tant tout à l’heure.

Comme elle était près de l’en­trée, tout en larmes, elle a enten­du une voix qui lui disait

« Pour­quoi pleures-tu ?

— Parce qu’on a pris mon Sei­gneur et que je ne sais même pas où on L’a mis. »

Puis, ne fai­sant plus atten­tion à Celui qui lui par­lait, elle s’est mise à ins­pec­ter tous les alen­tours, espé­rant trou­ver un indice qui lui mon­tre­rait où elle pour­rait trou­ver le corps de Jésus.

Alors, tout à coup, devant elle, elle vit quelqu’un

« Pour­quoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

Elle crut que c’é­tait un jardinier.

« Marie ! » lui a dit Celui qu’elle n’a­vait pas recon­nu tout d’abord.

Alors elle a com­pris : « O Maître ! »

Mais Jésus lui a dit « Va trou­ver les autres, et annonce-leur la nouvelle ».

Et Marie-Made­leine est allée le leur dire.

Le cau­che­mar est fini ! Le Christ est res­sus­ci­té ! Dites-le partout !

Babeth.

Coloriage de Pâques : Jesus ressuscité apparait à Marie-Madeleine

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