Saint Pierre

Auteur : Lacoste | Ouvrage : La revue des saints .

Temps de lec­ture : 19 minutes

Prince des apôtres et premier Pape (+ 67) 

Fête le 29 juin.

Le pre­mier Pape, saint Pierre, était un pauvre pêcheur juif, né à Beth­saï­da, sur les bords du lac de Géné­sa­reth, et éta­bli à Caphar­naüm, chez la mère de sa femme. Sans for­tune, sans ins­truc­tion, ce fils de pay­san gali­léen gagnait sa vie de son modeste métier. C’est tout ce qu’on sait de lui avant son appel à l’apostolat.

Vocation à l’apostolat.

La pre­mière ren­contre de Simon-Pierre avec le divin Maître eut lieu sur les bords du Jour­dain, où Jean le pré­cur­seur baptisait.

Son frère, André, ser­vit d’intermédiaire. Il dit à Simon : « Nous avons trou­vé le Mes­sie. » Et il ame­na son frère à Jésus. Le Maître, arrê­tant son regard sur Simon, lui dit : « Tu es Simon, fils de Jonas, tu seras appe­lé Céphas » (c’est-à-dire Pierre). Par ce chan­ge­ment de nom Jésus prend en quelque sorte pos­ses­sion de ce nou­veau dis­ciple et le fait l’un des siens. Pierre et André s’attachèrent à Jésus. Mais la voca­tion défi­ni­tive pré­cise, nomi­na­tive, n’aura lieu que plus tard à Caphar­naüm, après le miracle par lequel Jésus gué­rit la belle-mère de saint Pierre d’une grosse fièvre.

Pierre et André net­toyaient et rac­com­mo­daient leurs filets sur les rives du lac, pen­dant que le Sau­veur prê­chait à la foule qui le pres­sait de toute part. Il mon­ta sur la barque de Pierre et lui deman­da de s’éloigner un peu du rivage ; puis, s’asseyant, il adres­sa plus com­mo­dé­ment la parole à cette mul­ti­tude. Après quoi il dit à Pierre : « Avance au large et jetez vos filets pour la pêche. »

C’est ce qu’ils avaient fait toute la nuit, sans rien prendre. Pierre le fait remar­quer à Jésus, mais il ajou­ta : « Sur votre parole, je jet­te­rai le filet. » Cette fois la pêche fut si abon­dante que les filets se rom­paient. Pierre et André durent héler une autre barque que mon­taient Jacques et Jean avec leur père Zébé­dée, et les deux barques revinrent char­gées de pois­sons. Ce miracle les rem­plit de stu­peur. Pierre effrayé dit au Maître : « Éloi­gnez-vous de moi, Sei­gneur, car je suis un homme pécheur. » Non seule­ment Notre-Sei­gneur ne se sépa­ra pas d’eux, mais il dit à Pierre : « Ne crains pas, ce seront désor­mais des hommes que tu pren­dras. » Puis il dit à tous les quatre : « Sui­vez-moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Alors ils quit­tèrent tout et le suivirent.

Saint Pierre marche sur les eaux. – Le pain de vie.

Le soir du jour où le Sau­veur avait mul­ti­plié les pains pour ras­sa­sier la foule, les douze apôtres prirent sans lui la voie de mer pour pas­ser de l’autre côté.

Mais voi­là qu’un vent violent s’élève et met la barque en péril. Vers 3 heures du matin, comme ils ramaient péni­ble­ment, un homme leur appa­rut mar­chant sur les flots. Bou­le­ver­sés, ils dirent : « C’est un fan­tôme », et pous­saient des cris d’effroi. Mais Jésus, car c’était lui, leur adres­sa la parole : « Ras­su­rez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur. — Sei­gneur, si c’est vous, répon­dit Pierre, ordon­nez-moi de venir à vous sur les eaux. — Viens », lui dit Jésus.

Pierre s’élance vers son Maître, mais le vent redouble, Pierre tremble et s’enfonce. Il s’écrie : « Sei­gneur, sau­vez-moi ! » Aus­si­tôt Jésus lui tend la main, le sai­sit et lui dit : « Homme de peu de foi, pour­quoi as-tu dou­té ? » Puis Jésus monte dans la barque et le vent cesse instantanément.

Quand Jésus annon­ça aux dis­ciples qu’il leur don­ne­rait sa chair à man­ger et son sang à boire, la plu­part dirent : « C’est inac­cep­table ». Et ils se reti­rèrent. Jésus ne res­ta qu’avec les Douze. Il leur dit : « Et vous, vou­lez-vous aus­si vous reti­rer ? — Sei­gneur, répond aus­si­tôt Pierre, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éter­nelle. Nous avons cru et nous savons que vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. » Ses pen­sées étaient, évi­dem­ment, d’un autre ordre que celles de la foule ; elles ne lui venaient pas de la terre, mais du ciel. De là, son pro­fond amour pour le divin Maître, et les pré­ro­ga­tives dont il va être investi.

Institution de la Papauté.

C’est ici le fait capi­tal de la vie de saint Pierre. Un jour, pen­dant que Notre-Sei­gneur, en com­pa­gnie des Douze, allait vers Césa­rée de Phi­lippe, aux extrêmes confins de la Pales­tine du Nord, il inter­ro­gea ses dis­ciples, che­min fai­sant : « Que disent les foules du Fils de l’homme ? Pour qui me prend-on ? — Les uns pour Jean-Bap­tiste, les autres pour Elie, ou pour Jéré­mie, ou pour quelqu’un des anciens pro­phètes res­sus­ci­tés. — Mais vous, reprit Jésus, qui dites-vous que je suis ? — Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant », répond Pierre aussitôt.

Une si sublime véri­té, Pierre n’a pu l’apprendre d’aucun parent selon la chair. C’est ce que lui dit Jésus : « Tu es heu­reux, Simon, fils de Jonas, car ce n’est ni la chair ni le sang qui te l’ont révé­lé mais mon Père qui est dans les cieux. »

Et aus­si­tôt il lui confère les sin­gu­lières pré­ro­ga­tives qui le feront le chef du col­lège apos­to­lique et de l’Église tout entière. « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre je bâti­rai mon Église, et les portes de l’enfer ne pré­vau­dront pas contre elle. De plus, je te don­ne­rai les clés du royaume des cieux : tout ce que tu lie­ras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délie­ras sur la terre sera délié dans les cieux. »

Ces paroles immor­telles reten­ti­ront de jour en jour et de siècle en siècle jusqu’à la fin des temps.

Formation. – Reproches. – Encouragements.

Cepen­dant, la for­ma­tion de Pierre n’était pas encore par­faite. Il avait besoin d’acquérir une idée exacte du mys­tère de l’Homme-Dieu, dont il ne conce­vait pas encore les abais­se­ments. Quand Jésus dévoi­la à ses apôtres les humi­lia­tions, les souf­frances, la mort qu’il lui fau­drait subir à Jéru­sa­lem, Pierre avec une trop auda­cieuse fami­lia­ri­té osa gour­man­der son Maître : — À Dieu ne plaise, Sei­gneur, il n’en sera pas ainsi.

Et il s’attira une sévère répri­mande : « Arrière de moi, Satan, lui dit Jésus, tu m’es un scan­dale, parce que tu n’as pas le sens des choses de Dieu, mais des choses des hommes. »

Transfiguration.

Pour lui faire mieux sai­sir les choses de Dieu, Jésus prit Pierre avec lui sur le Tha­bor, avec Jacques et Jean, et se trans­fi­gu­ra devant eux, revê­tant quelque chose des splen­deurs de l’éternité. Deux per­son­nages appa­rurent, qui s’entretenaient avec lui de la mort qu’il endu­re­rait à Jéru­sa­lem. Pierre, dans le ravis­se­ment de cette magni­fique gloire, ne sachant ce qu’il disait, s’écria : « Maître, il nous est bon d’être ici. » Puis il pro­pose de dres­ser trois tentes, une pour Jésus, l’autre pour Moïse, l’autre pour Elie. La réponse vint du ciel. Une voix reten­tit, la voix du Père céleste, qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le. »

Puis les splen­deurs s’évanouirent, et les trois apôtres, res­tés seuls avec Jésus, furent confir­més dans leur croyance à sa divinité.

Douce familiarité.

Saint Pierre est maintes fois men­tion­né dans la vie du Sau­veur, inter­ro­geant son Maître, lui deman­dant des expli­ca­tions ou fai­sant des décla­ra­tions au nom de tous, lui témoi­gnant en toutes cir­cons­tances son amour et son res­pect, sou­vent même en des termes qui étonnent, tant ils sup­posent d’abandon fami­lier. Ain­si, quand Notre-Sei­gneur eut pro­non­cé la para­bole sur la vigi­lance des ser­vi­teurs pen­dant l’absence de leur maître, Pierre lui demande : « Est-ce pour nous seule­ment cette para­bole ou pour fous ? — Pour tous, répond Jésus, mais on exi­ge­ra beau­coup de celui à qui on aura don­né beau­coup. » Et Pierre put aisé­ment se faire, de cet aver­tis­se­ment, une appli­ca­tion personnelle.

C’est encore Pierre qui demande des expli­ca­tions sur la géné­ro­si­té et le nombre des par­dons envers qui­conque nous offense. Faut-il aller jusqu’à sept fois ? Cela lui parais­sait beau­coup. Mais Jésus lui répond : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois sept fois. » C’est-à-dire toujours.

Le didrachme.

Il exis­tait en Pales­tine un impôt de deux drachmes, exi­gé par le fisc sacré au pro­fit du Temple de Jéru­sa­lem. Les agents du fisc s’adressent à Pierre : « Est-ce que ton Maître ne paye pas le didrachme ? — Sûre­ment, qu’il le paye », répond-il.

Et il va tout de suite deman­der l’argent à Jésus, qui n’en avait pas, et qui, d’ailleurs, Fils de Dieu, n’avait pas à sub­ve­nir aux frais du culte dû à son Père. Cepen­dant, pour évi­ter tout scan­dale, il dit à Pierre : « Va à la mer, jette l’hameçon, sai­sis le pre­mier pois­son qui se pré­sen­te­ra et ouvre-lui la bouche. Tu y trou­ve­ras un sta­tère, prends-le et donne-le pour moi et pour toi. » Notre-Sei­gneur mar­quait ain­si que lui et son vicaire ne fai­saient qu’un dans le gou­ver­ne­ment de l’Église.

La dernière Cène.

C’est à Pierre et à Jean que Notre-Sei­gneur confia les pré­pa­ra­tifs de la der­nière Cène, non à Judas qui tenait cepen­dant la bourse, peut-être parce qu’il ne vou­lait pas que le traître connût le lieu de la réunion. Deux inci­dents mirent direc­te­ment Pierre en cause pen­dant le repas.

Lavement des pieds.

Ce fut d’abord au lave­ment des pieds. Quand Pierre vit le divin Maître s’avancer vers lui, stu­pé­fait, il se récria : « Vous, Sei­gneur, me laver les pieds ! » Et il refu­sa avec son impé­tuo­si­té ordi­naire : « Non, vous ne me lave­rez pas les pieds, jamais. » Son empor­te­ment fri­sait la déso­béis­sance. Jésus lui dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. » Du coup, Pierre, effrayé, passe à l’excès contraire : « Sei­gneur, non seule­ment mes pieds, mais encore les mains et la tête. »

Trop de présomption.

Lorsque, le repas ache­vé, Notre-Sei­gneur dit à ses apôtres qu’il avait peu de temps à res­ter avec eux, et que là où il allait ils ne pour­raient le suivre, Pierre s’enflamme : « Pour­quoi ne puis-je vous suivre ? Je don­ne­rai ma vie pour vous. — Tu don­ne­ras ta vie pour moi ? répond Jésus. En véri­té je te le dis, cette nuit même, le coq n’aura pas chan­té deux fois que tu m’auras renié trois fois. » Mais Pierre insiste : « Je ne vous renie­rai pas. »

Tou­te­fois, même avec la pers­pec­tive de ce renie­ment qui devait être pour Pierre, un remède à sa pré­somp­tion, Jésus lui pro­met, non l’impeccabilité, mais l’infaillibilité dans les choses de la foi : Simon, Simon, lui dit-il, Satan vous a récla­més pour vous pas­ser au crible comme le fro­ment. Mais j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas. Et toi, une fois conver­ti, confirme tes frères. »

La nuit de la Passion.

À Geth­sé­ma­ni, Pierre fut témoin de l’agonie du Sau­veur, témoin som­nolent, hélas ! si bien que Notre-Sei­gneur, acca­blé de tris­tesse, lui dit, ain­si qu’à Jacques et à Jean : « Simon, tu dors ? Vous n’avez donc pu veiller une heure avec moi ! »

Puis, arrive Judas, le traître, avec son escouade de sol­dats et de valets pour se sai­sir de Jésus. Pierre veut défendre son Maître, tire l’épée, coupe une oreille à Mal­chus, ser­vi­teur du grand prêtre. Mais

Jésus arrête son ardeur, lui com­mande de ren­gai­ner son épée, gué­rit l’oreille de Mal­chus et se laisse enchaî­ner. Alors, tous ses dis­ciples, crai­gnant pour eux-mêmes, l’abandonnent et s’enfuient.

Cepen­dant, Pierre vou­lait savoir ce qu’il advien­drait de Jésus qu’on avait emme­né chez Caïphe. Il le suit de loin, s’introduit fur­ti­ve­ment dans la cour de la mai­son du grand prêtre et se mêle à la foule qui se chauf­fait autour d’un foyer impro­vi­sé en plein air. On le remarque. Son atti­tude tran­chait évi­dem­ment sur celle de la vale­taille qui allait et venait. Une ser­vante, en le regar­dant, dit : « En voi­ci un qui était avec lui. N’es-tu pas un des dis­ciples de Jésus de Naza­reth ? — Femme, je n’en suis pas. Je ne le connais pas. Je ne sais pas seule­ment ce que tu dis. » Et le coq chanta.

Une autre ser­vante passe et insiste : « Celui-ci était avec Jésus de Naza­reth. — Oui, dit un autre, tu es l’un de ceux-là. Ne t’ai-je pas vu dans le jar­din avec lui ? — Homme, je n’en suis pas. » Et il nia de nou­veau avec ser­ment : « Je ne connais point cet homme. »

Un peu plus tard, on revient à la charge : « Mais si, vrai­ment, tu es de ceux-là, car tu es Gali­léen, on le voit bien à ton lan­gage. » Pierre tout décon­te­nan­cé, accen­tue ses pro­tes­ta­tions et ses ser­ments : « Je ne connais pas cet homme dont vous me parlez. »

Et le coq chan­ta pour la seconde fois. À ce moment, Jésus tra­ver­sant la cour, regar­da Pierre, qui se sou­vint alors de la parole que le Sei­gneur lui avait dite. Hon­teux, bri­sé de dou­leur, il sor­tit et pleu­ra amè­re­ment. Il n’est plus ques­tion de lui pen­dant la Pas­sion. Il pleu­rait sa lâche­té et lavait sa faute dans ses larmes.

« Pais mes agneaux, pais mes brebis. »

Au pre­mier bruit de la résur­rec­tion du Sau­veur, Pierre accourt au sépulcre avec Jean, y pénètre le pre­mier et ne voit plus que les linges pliés. Ce jour même, Jésus lui appa­rut et l’assura que son crime était pardonné.

Plus tard, le Sau­veur se mon­tra aux apôtres, sur les bords du lac de Tibé­riade, et, après une nou­velle pêche mira­cu­leuse, il dit à Pierre : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? — Sei­gneur, vous savez que je vous aime. — Pais mes agneaux. »

Il lui deman­da une seconde fois : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? — Oui, Sei­gneur, vous savez que je vous aime. — Pais mes agneaux », lui dit encore Jésus.

Et une troi­sième fois il lui demande : « Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? » Pierre, attris­té de cette insis­tance et deve­nu méfiant de lui-même, répond : « Sei­gneur, vous savez tout, vous savez bien que je vous aime. — Pais mes bre­bis », lui dit Jésus.

Notre-Sei­gneur vou­lait, en pro­vo­quant cette triple pro­tes­ta­tion d’amour, obli­ger son apôtre à répa­rer son triple renie­ment. Et par le com­man­de­ment de paître les agneaux et les bre­bis, il l’investissait du pou­voir suprême de gou­ver­ner l’Église uni­ver­selle, les fidèles figu­rés par les agneaux, les pas­teurs figu­rés par les brebis.

Premiers actes pontificaux.

Dès le len­de­main de l’Ascension, Pierre est Pape et agit en Pape, sans sou­le­ver aucune contes­ta­tion. Au cénacle où les Onze attendent la venue du Saint-Esprit, son pre­mier soin est de rem­pla­cer Judas dont la défec­tion a fait un vide dans le col­lège apos­to­lique et il pré­side à l’élection de Mathias.

Le jour de la Pen­te­côte, il ouvre la pré­di­ca­tion apos­to­lique, prêche har­di­ment aux foules éton­nées celui qu’elles ont cru­ci­fié, et sa parole, ce jour-là, conver­tit trois mille per­sonnes. Pre­mier coup de filet du pêcheur d’hommes.

Quelques jours après, il opère son pre­mier miracle. Mon­tant au Temple avec Jean, vers la neu­vième heure, ils ren­contrent devant la Belle Porte un boi­teux de nais­sance qui leur demande l’aumône. « Je n’ai ni or ni argent, lui dit Pierre, mais ce que j’ai, je te le donne. Au nom de Jésus de Naza­reth, lève-toi et marche. »

Puis Pierre harangue la foule, et cinq mille hommes demandent le bap­tême. Les prêtres se fâchent, se sai­sissent des deux apôtres, les traînent devant le San­hé­drin. Pierre, intré­pide, prêche à ses juges Jésus de Naza­reth. Ceux-ci lui défendent de par­ler de lui. « Est-il juste de vous obéir plu­tôt qu’à Dieu ? leur dit Pierre. Pour nous, nous ne pou­vons pas ne pas par­ler des choses que nous avons vues et enten­dues. » Le non pos­su­mus pro­non­cé ici pour la pre­mière fois sera répé­té jusqu’à la fin des temps par les suc­ces­seurs de Pierre à toutes les puis­sances hostiles.

Chaque jour appor­tait aux apôtres de nou­velles conquêtes et une nou­velle ardeur, mais ils ne bor­nèrent pas leur minis­tère à Jéru­sa­lem, ils devaient prê­cher l’Évangile par toute la terre.

En qua­li­té de chef de l’Église, Pierre visite les chré­tien­tés nais­santes. Il va à Sama­rie pour confir­mer les néo­phytes. Le magi­cien Simon, témoin des pro­diges accom­plis par l’imposition des mains, lui offre de l’argent pour par­ti­ci­per à cette puis­sance sur­hu­maine. « Que ton argent périsse avec toi ! » lui dit Pierre. Cette parole sera le stig­mate de toutes les simonies.

Pierre va à Lydda, où il guérit le paralytique Enée.

Il va à Jaf­fa, où il res­sus­cite une veuve appe­lée Tabi­tha, et où il a la mys­té­rieuse vision de la nappe des­cen­dant du ciel char­gée de toutes sortes d’animaux impurs, pen­dant qu’une voix lui disait : « Tue et mange. » C’était l’avertissement d’avoir à intro­duire dans l’Église tous les peuples sans les sou­mettre aux exi­gences de la loi mosaïque. Le len­de­main, il se ren­dit à Césa­rée en Pales­tine, où il bap­ti­sa le cen­tu­rion Cor­neille ain­si que toute sa famille, pré­mices du monde romain, du monde païen, dans l’Église du Christ.

D’Antioche à Rome.

Au cours de ses voyages en Syrie et en Asie Mineure, Pierre avait fixé le siège de son apos­to­lat à Antioche, qui devint ain­si, après Jéru­sa­lem et en atten­dant Rome, le centre de la catho­li­ci­té. En sou­ve­nir de ce fait, l’Église célèbre le 22 février la fête de la Chaire de saint Pierre à Antioche.

Le séjour de Pierre à Antioche com­por­tait de mul­tiples absences. C’est ain­si que nous le voyons à Jéru­sa­lem en l’an 42. Hérode-Agrip­pa venait d’y arri­ver avec le titre de roi de Judée qu’il avait obte­nu de l’empereur Claude. Pour cap­ter la faveur des Juifs, il com­men­ça par faire déca­pi­ter Jacques le Majeur, et il jeta Pierre en pri­son avec l’intention de l’immoler après les fêtes de Pâques. Mais « l’Église pria sans relâche pour le cap­tif », et il fut mira­cu­leu­se­ment déli­vré par un ange.

Alors Pierre s’achemina vers Rome.

Le fait de la venue du Prince des apôtres dans la capi­tale de l’empire romain est des mieux avé­rés. Saint Pierre fon­da l’Église de Rome et en fut le pre­mier évêque pen­dant vingt-cinq ans (42-Evan­gi­le67). Il y arri­va avec Marc, son dis­ciple, lequel, sur les ins­tances des fidèles, écri­vit le deuxième Évan­gile, sous les yeux mêmes de l’apôtre, dont il s’appliquait à repro­duire l’enseignement.

Quoique par­ti­cu­liè­re­ment char­gé de l’Église de Rome, Pierre ne ces­sait pas d’étendre sa sol­li­ci­tude aux autres chré­tien­tés. Il écri­vit deux épîtres aux Églises d’Asie. Il envoya Marc fon­der l’Église d’Alexandrie, de sorte que les trois plus anciennes Églises patriar­cales (Rome, Alexan­drie, Antioche) lui doivent leur établissement.

En l’an 47, il fut expul­sé par un édit de Claude qui enjoi­gnait à tous les Israé­lites de sor­tir de la ville. On pense que cet édit fut pro­vo­qué par les agi­ta­tions tumul­tueuses des Juifs contre les chré­tiens, que les païens dis­tin­guaient mal les uns des autres. Après la mort de Claude, en 54, sinon avant, Pierre revint à Rome.

La persécution – Le martyre.

L’Église romaine deve­nue rapi­de­ment flo­ris­sante por­ta ombrage aux pou­voirs publics. C’est la cause ordi­naire des persécutions.

Le 19 juillet de l’an 64, Néron, dans un accès de démence orgueilleuse, mit le feu à la ville afin de pou­voir la rebâ­tir selon ses goûts fas­tueux. L’incendie dura neuf jours et détrui­sit dix quar­tiers sur les qua­torze dont Rome se com­po­sait. Pour apai­ser l’indignation du peuple, l’empereur reje­ta le crime sur les chré­tiens. Une hor­rible per­sé­cu­tion s’ensuivit. Les sup­plices les plus atroces furent inven­tés contre les inno­cents. On se fai­sait un jeu de leurs tour­ments. La nuit même fut des­ti­née à de san­glants spec­tacles. Les jar­dins de Néron, au Vati­can, étaient ouverts à la mul­ti­tude. Le long des allées, les chré­tiens atta­chés à des poteaux et enduits de matières inflam­mables ser­vaient de torches aux pro­me­neurs et aux qua­driges. Néron lui-même pre­nait part à la course.

Saint Pierre et saint Paul, arrê­tés et jetés dans la pri­son Mamer­tine, en furent tirés le 29 juin 67 pour être conduits à la mort. Pierre fut cru­ci­fié au Vati­can la tête en bas. Paul, en sa qua­li­té de citoyen romain, fut déca­pi­té aux Eaux Sal­viennes (Saint-Paul Trois-Fon­taines). Les chré­tiens recueillirent leurs restes et les ense­ve­lirent pieusement.

Sur leurs tombes s’élevèrent deux modestes monu­ments que rem­placent aujourd’hui la basi­lique Vati­cane sur le tom­beau de saint Pierre, et la basi­lique de Saint-Paul hors les murs sur celui de saint Paul.

E. Lacoste.

Coloriage pour les enfants du catéchisme : Saint Pierre s'enfonçant dans les eaux
Source : https://www.supercoloring.com/fr/coloriages/pierre-marche-sur-leau

Sources consul­tées.Les Évan­giles. – Actes des Apôtres. – L.-A. Fil­lion, Saint Pierre (col­lec­tion Les Saints). – (V. S. B. P., nos 128, 387, 851 et 852.)

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