Étiquette : <span>Saint Charles de Foucauld</span>

Auteur : Goyau, Georges | Ouvrage : À la conquête du monde païen .

Temps de lec­ture : 8 minutes

XX

Le pavillon des Mis­sions catho­liques, qui fut une gloire pour l’ex­po­si­tion inter­na­tio­nale de Vin­cennes, pré­sen­tait, entre autres splen­deurs, une fresque du peintre Des­val­lières, qui repré­sen­tait le car­di­nal Lavi­ge­rie char­geant le père Charles de Fou­cauld de por­ter au monde l’Eucharistie.

Ce fut l’o­ri­gi­na­li­té du Père Charles de Jésus, — ain­si vou­lut-il s’ap­pe­ler, — de prendre avec lui, comme ami de soli­tude, le Dieu eucha­ris­tique, et de se mettre à proxi­mi­té des musul­mans, et même, — sa mort tra­gique le prou­va, — de se mettre à leur mer­ci, pour demeu­rer près d’eux, avec ce Dieu. Deve­nu prêtre en 1901, il vint dire au pré­fet apos­to­lique du Saha­ra : « Je n’ap­par­tiens à aucune socié­té de mis­sion ; dis­po­sez de moi. » Ses cama­rades de l’ar­mée se sou­ve­naient de lui comme d’un aven­tu­reux offi­cier, plus épris des amu­se­ments ter­restres que des pro­messes célestes ; les géo­graphes l’ho­no­raient comme révé­la­teur de la terre maro­caine, qu’il avait explo­rée avec téna­ci­té, décrite avec pas­sion, dans un livre célèbre. Mais un jour, Dieu l’a­vait repris, dis­ci­pli­né, enrô­lé à son ser­vice ; et sa , après diverses étapes, le jetait dans la solitude.

L'Hostie la centre des missionnairesVous vous rap­pe­lez ces auda­cieux du moyen âge, dont plus haut nous par­lions, et qui en Tuni­sie, en , au , affron­tèrent la mort, et l’ac­cueillaient en défiant Maho­met par leurs pré­di­ca­tions sur le Christ. Tout autre fut l’au­dace du Père de Fou­cauld : son plan, à lui, fut de pro­me­ner et d’ins­tal­ler, en des parages où jusque-là l’ était seul à régner, un Christ humi­lié, anéan­ti, silen­cieux pour les oreilles humaines, mais pas tou­jours pour les âmes, le Christ eucha­ris­tique. Mes­sa­ger du Christ, il vou­lait l’être ; il le serait, avec l’Hos­tie et par l’Hos­tie ; la pre­mière chaire qu’il lui plut d’é­ri­ger, c’é­tait un taber­nacle. Son recueille­ment comp­tait, avant tout, sur l’é­lo­quence de son Dieu.

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 18 minutes

∼∼ XXVIII ∼∼

C’est le der­nier soir. Tante Jeanne, Annie, Ber­nard partent demain matin ; la vie va reprendre, régu­lière, stu­dieuse, dans la petite mai­son claire, jus­qu’à l’é­poque redou­tée du retour à Beyrouth.

Après dîner, pour trou­ver un peu de fraî­cheur, la jeu­nesse se trans­porte aux abords du petit bois. Pas un souffle d’air, mais l’ombre est douce ; entre les troncs d’arbres, filtrent encore les rayons lumi­neux du soleil cou­chant. Ils courent, dorant une branche, rou­gis­sant le sol, dis­pa­rais­sant ici, se retrou­vant là… Le groupe les suit des yeux. Ces filets de soleil, prêts à s’é­teindre, font son­ger à tant de jours heu­reux qui main­te­nant sont pas­sés. Un peu de tris­tesse enva­his­sante gagne les enfants, mais aucun ne veut l’avouer.

Dans le silence, une voix bien connue résonne :

— Ber­nard, Colette, seriez-vous, comme la femme de Loth, chan­gés en sta­tue de sel ?

Du coup, tout le monde a retrou­vé son aplomb, et l’on accueille cha­leu­reu­se­ment le vieil ami des bons et des mau­vais jours. Autour de lui, le cercle se reforme.

— Cau­sons, mon­sieur le Curé, cau­sons, dit Ber­nard. C’est le der­nier soir. Qu’al­lez-vous nous dire ?

— J’ai tra­vaillé pour vous tan­tôt. Je ne vou­lais pas que vous vous sépa­riez sans une étude finale de cette His­toire de l’É­glise, que vous avez si bien sui­vie, et dont l’é­poque contem­po­raine est fer­tile en évé­ne­ments d’importance.

— Oui, mais que vou­lez-vous nous expli­quer, en une heure, mon­sieur le Curé, quand il s’a­git de tout le der­nier siècle ?

— Je ne vous expli­que­rai rien du tout. En revanche, j’ai la pré­ten­tion de pen­ser que j’é­veille­rai votre curio­si­té, au point de vous don­ner à tous le désir de reve­nir sérieu­se­ment sur ces ques­tions. Votre père est là pour les reprendre quelque jour avec vous.

Les Zouaves Pontificaux défendent le pape
Les Zouaves Pontificaux

— Il nous l’a pro­mis, dit Colette.

— J’en étais sûr. Donc, repor­tons-nous aux der­niers jours de la Révo­lu­tion. L’his­toire de France vous a appris com­ment Bona­parte, l’ayant mâtée, s’en est ser­vi pour deve­nir le chef du gou­ver­ne­ment appe­lé Consu­lat, puis empe­reur sous le nom de Napo­léon. Je vous ai dit qu’il avait com­pris la néces­si­té de rendre la paix à l’É­glise de France en signant avec le Pape Pie VII un . Mais vers la fin de son règne, il eut d’in­justes pré­ten­tions et le Pape Pie VII refu­sa d’y céder. Alors le Saint-Père fut emme­né de Rome à Savone, puis trans­por­té à Fon­tai­ne­bleau « avec une bar­bare pré­ci­pi­ta­tion ». Il y endu­ra de ter­ribles souf­frances morales.

Peu après, la puis­sance de Napo­léon flé­chit. En 1814, Pie VII rentre à Rome triom­phant. Selon le mot pro­non­cé autre­fois par saint Augus­tin : « Le lion est vain­cu en com­bat­tant, l’a­gneau a vain­cu en souffrant. »

Cet admi­rable Pie VII, si doux et si fort, sera le seul de tous les sou­ve­rains d’Eu­rope à par­ler en faveur de Napo­léon, pri­son­nier un peu plus tard à Sainte-Hélène.

Sous la Res­tau­ra­tion en 1817, c’est lui qui conclut des accords avec le roi de France, Louis XVIII, remon­té sur le trône de ses pères ; en 1821, il condamne de nou­veau la Franc-Maçon­ne­rie ; en 1823, il meurt pai­si­ble­ment, répé­tant ces deux mots, qui sans doute résu­maient pour lui les plus grandes épreuves de sa vie : « Savone, Fontainebleau ! »

— C’est déses­pé­rant, dit le petit André… Je me rends à peine compte de ce dont vous par­lez, mon­sieur le Curé.

— Ne te désole pas, mon petit homme, tu res­te­ras ici et tu ver­ras comme je t’ap­pren­drai bien ton his­toire ; déjà, tu retien­dras bien des choses, j’en suis cer­tain, par­mi les noms et les faits que je cite ce soir.

Ain­si, il faut savoir que le roi Louis XVIII a, par un décret, don­né aux évêques le droit de fon­der des petits sémi­naires. C’est dans plu­sieurs de ces ins­ti­tu­tions, alors diri­gées par les Jésuites, que toute une élite va s’ins­truire. Cette élite don­ne­ra à l’É­glise et à la France des prêtres et aus­si des chefs de famille de pre­mier ordre.

Car la lutte n’est pas finie. La vague de sang est pas­sée, mais les prin­cipes révo­lu­tion­naires demeurent dans les idées ; il faut les com­battre. Les Papes Léon XII, Pie VIII, Gré­goire XVI entre­prennent cou­ra­geu­se­ment la lutte contre le révolutionnaire.

— Oh ! dit Colette, qu’est-ce que c’est encore que cette affaire-là ?

— Grave affaire, en effet, reprend en riant le bon Curé : c’est une manière fausse de com­prendre la liber­té. Il m’est impos­sible, mes enfants, de faire sai­sir aux plus jeunes, et en quelques minutes, l’ex­pli­ca­tion d’une erreur assez com­pli­quée. Je vous dirai seule­ment ceci : « Lâchez des mou­tons et des loups dans un bois, et dites-leur qu’ils sont libres de s’ar­ran­ger entre eux, que vous res­pec­tez trop leur liber­té pour inter­ve­nir en faveur des uns ou des autres. » Qu’est-ce qui arrivera ?

— Eh ! tiens ! les mou­tons seront dévo­rés par les loups !

— Conclu­sion : il n’est jamais per­mis d’ac­cor­der une même liber­té aux mau­vais et aux bons, à l’er­reur et à la véri­té. Per­sonne n’a ce droit, pas même l’É­tat. Il est donc faux de dire que l’É­tat doit don­ner une pro­tec­tion égale aux francs-maçons et aux catho­liques, aux mau­vaises écoles et aux bonnes, etc., etc., pas plus qu’il n’est per­mis à votre père de vous lais­ser libres de prendre du poi­son, si vous le pré­fé­rez fol­le­ment à la saine nour­ri­ture familiale.

Auteur : Carrouges, Michel | Ouvrage : Charles de Foucauld .

Temps de lec­ture : 15 minutes

Sur le chemin du Hoggar

Loin de Béni Abbès, à des mil­liers de kilo­mètres, au cœur du Saha­ra, se dresse un immense pays de mon­tagnes noires : c’est le Hog­gar, le Mas­sif cen­tral de la patrie des Toua­regs. On l’ap­pelle le pays des guer­riers voi­lés, car, dans cet étrange pays , ce sont les hommes et non les femmes qui portent le voile.

Depuis des mil­lé­naires, les Toua­regs sont les maîtres du Hog­gar d’où ils sortent pour atta­quer et piller impu­né­ment les cara­vanes qui tra­versent le .

Or, pen­dant que Frère Charles était à Béni Abbés, il s’est pro­duit un fait extra­or­di­naire : pour la pre­mière fois les Toua­regs renoncent aux com­bats et laissent l’ar­mée fran­çaise péné­trer libre­ment dans le Hoggar.

Laper­rine, le com­man­dant du Ter­ri­toire des Oasis dont le Hog­gar va désor­mais dépendre, est un grand ami de Frère Charles et il lui écrit pour lui pro­po­ser d’y venir.

Le père de Foucauld explore le sud algérienFrère Charles accepte d’y faire un voyage, il com­mence à apprendre le tama­cheq qui est la langue des Toua­regs et, en dix mois, il va faire cinq mille kilo­mètres sur les pistes qui conduisent au Hog­gar. Pour un peu on croi­rait Frère Charles rede­ve­nu explo­ra­teur comme au temps du et c’est vrai qu’il explore, mais il est tou­jours Frère Charles, donc avant tout un homme de prière et de fra­ter­ni­té qui cherche par­tout à nouer des liens d’a­mi­tié avec les Toua­regs qu’il ren­contre au pas­sage. La tâche est dif­fi­cile, car les Toua­regs n’ac­ceptent la venue des Fran­çais qu’à contre­cœur, ils res­tent farouches et méfiants.

Pour­tant le com­man­dant Laper­rine pro­pose à Frère Charles de quit­ter Béni Abbés pour Taman­ras­set, le grand car­re­four des cara­vanes du Hog­gar. Mous­sa Ag Amas­tane, l’a­mé­no­kal, c’est-à-dire le chef des Toua­regs du Hog­gar, don­ne­ra lui aus­si son accord à ce projet.

Frère Charles hésite. Il s’est tel­le­ment atta­ché à Béni Abbès qu’il n’a pas envie de le quit­ter. Et puis il pense tou­jours à son pro­jet de retour­ner au Maroc. S’il part à Taman­ras­set, il est pro­bable qu’il n’au­ra plus jamais l’oc­ca­sion d’y retour­ner. Mais Frère Charles renonce à tous ses pro­jets et à toutes ses pré­fé­rences per­son­nelles. Il n’y a pas de peuple plus iso­lé et plus per­du dans le Saha­ra que les Toua­regs du Hog­gar ; pour Frère Charles, c’est la der­nière place, c’est donc là qu’il faut aller.

L'ermitage de Tamanrasset dans le désert du Hoggar

L’ermitage de Tamanrasset

A qua­rante-six ans, le 13 août 1905, Frère Charles s’ins­talle à Tamanrasset. 

Auteur : Carrouges, Michel | Ouvrage : Charles de Foucauld .

Temps de lec­ture : 11 minutes

La blouse et la cabane

Charles de Foucauld quitte la Trappe et devient frère CharlesAprès six ans à , Frère Albé­ric obtient la per­mis­sion de partir.

Que faire ? Où aller ? Com­ment réa­li­ser son rêve ? Il est tout seul comme étaient tout seuls saint Fran­çois d’As­sise et saint Ignace, au début de leurs grandes aven­tures. Il fait comme eux, il prend un habit de pauvre et il se met en route à la grâce de Dieu.

Puis­qu’il n’est plus trap­piste, il renonce à son nom de Frère Albé­ric et se fait appe­ler Frère Charles.

De même, il quitte le grand habit monas­tique en laine blanche, et s’ha­bille comme un ouvrier du temps avec une longue blouse rayée de bleu et de blanc et un pan­ta­lon de coton­nade bleue ; il enfile des san­dales et coiffe un incroyable bon­net blanc qu’il a taillé lui-même et cou­su avec de la ficelle.

Il part à pied sur les routes de la Terre Sainte en direc­tion de . Rien ne lui paraît plus déli­cieux que d’al­ler vivre dans ce vil­lage où Jésus a vécu lui-même, auprès de Marie et de Joseph le charpentier.

O bon­heur, c’est à Naza­reth que Frère Charles, jadis connu comme vicomte de Fou­cauld, trouve une place d’homme de peine, c’est-à-dire de domes­tique de der­nière caté­go­rie, auprès d’un couvent de clarisses.

Il habite, au bout du jar­din, dans une minus­cule cabane en planches, pareille à celles où on range les outils.

Charles de Foucauld jardinier à Nazareth

Il fait des petits tra­vaux de maçon et de menui­sier, mais comme il est vrai­ment mal­ha­bile pour ces ouvrages, c’est plus sou­vent qu’il bêche le jar­din, épluche des légumes ou les trie et sert à table l’au­mô­nier. Son grand plai­sir est de faire office de sacris­tain et d’en­fant de chœur. Dans les inter­valles du tra­vail, et tard dans la nuit, il passe de longues heures à prier et à médi­ter. Mais tout son tra­vail est prière, car il est évident qu’il serait inca­pable de mener une pareille vie, s’il n’of­frait sans cesse tout ce qu’il fait à l’a­mour de Dieu.

Auteur : Carrouges, Michel | Ouvrage : Charles de Foucauld .

Temps de lec­ture : 12 minutes

Une zaouïa ? C’est le siège d’une confré­rie reli­gieuse com­po­sée de pères de famille. Les chefs de la zaouïa n’ont pas le pou­voir d’empêcher le ban­di­tisme dans la région, mais ils ont un tel pres­tige sur leurs com­pa­triotes musul­mans, qu’ils peuvent sau­ver tous les voya­geurs qui arrivent à se pla­cer sous leur pro­tec­tion immédiate.

Récit de la traversée du Maroc par Saint Charles de Foucauld

Or, grâce à son ami juif de Fez, Fou­cauld est por­teur d’une lettre de recom­man­da­tion pour Sidi ben Daoud, le patriarche de la zaouïa. Il confie la lettre à un mes­sa­ger qui part sans argent et avec le mini­mum de vête­ments (pour ne pas ten­ter la cupi­di­té des pillards) en direc­tion de Boujad.

Le len­de­main matin, le mes­sa­ger revient, il conduit un char­mant jeune homme qui che­vauche une mule et tient un para­sol. C’est un petit-fils de Sidi ben Daoud qui vient cher­cher Fou­cauld et Mar­do­chée. Ce jeune homme n’a qu’un seul esclave pour toute escorte, mais le para­sol qu’il tient à la main vaut tous les fusils du monde, il signi­fie la pro­tec­tion de la zaouïa et per­sonne n’o­se­ra faire le moindre mal à la petite caravane.

A Bou­jad, Fou­cauld pas­sa dix jour­nées mer­veilleuses car il fut trai­té avec les plus grands égards. Mais il ne tar­da pas à com­prendre que ses hôtes avaient per­cé à jour le secret de son dégui­se­ment et recon­nu en lui un chré­tien de France. Après quelques jours de vive inquié­tude, tout se ter­mi­na par une franche expli­ca­tion entre l’ex­plo­ra­teur et Sidi Edris, un des fils du patriarche. Fou­cauld com­prit alors que c’é­tait pré­ci­sé­ment comme chré­tien de France et non comme pré­ten­du rab­bin qu’on l’a­vait reçu avec tant de pré­ve­nances. Aus­si lors­qu’il repar­tit, Sidi Edris l’ac­com­pa­gna per­son­nel­le­ment pen­dant six jours de route pour le pro­té­ger dans le reste du Tad­la et pro­lon­ger le plai­sir d’être en sa com­pa­gnie, ce dont Fou­cauld n’é­tait pas moins ravi.

Quelque temps plus tard, à Tisint, dans le Sud maro­cain, Fou­cauld se lie encore d’in­time ami­tié avec un autre musul­man, Had­ji Bou Rhim, qui devi­na lui aus­si sa qua­li­té de Fran­çais. Bou Rhim se char­gea lui-même de conduire l’ex­plo­ra­teur un peu plus loin, jus­qu’à Mri­mi­ma, afin de le recom­man­der à une nou­velle zaouïa.

Charles de Foucauld craint les attaques des pillards au MarocSitôt Bou Rhim repar­ti, la situa­tion com­men­ça à mal tour­ner. Moins dés­in­té­res­sés que ceux de Bou­jad, les chefs de la zaouïa de Mri­mi­ma acca­blèrent Fou­cauld de demandes d’argent. Pis encore, le bruit se répan­dit aux envi­rons que le petit rab­bin était por­teur d’un tré­sor. Une forte bande de pillards fut aler­tée et vint cer­ner la zaouïa en récla­mant qu’on lui livre le voya­geur. Res­pec­tueux des lois de l’hos­pi­ta­li­té antique, les chefs de la zaouïa refusent de tra­hir leur hôte, mais ils le font mol­le­ment et sans grande auto­ri­té, de telle sorte que Fou­cauld peut craindre à tout ins­tant un coup de force des pillards péné­trant dans la zaouïa pour s’emparer de lui. Il est d’au­tant plus inquiet qu’en fait de tré­sor il lui reste peu d’argent, et qu’il a toutes chances d’être assas­si­né si les pillards le cap­turent, car ils seront furieux de ne pas trou­ver le tré­sor escompté.

Un seul espoir : faire appel à Bou Rhim. Fou­cauld lui envoie en hâte un mes­sa­ger, puis le soir vient et la nuit s’é­coule pleine d’an­goisse. Bou Rhim vien­dra-t-il à temps et en force ? Ou bien va-t-on voir tout d’un coup la bande des pillards for­cer les portes de la zaouïa ? Le len­de­main matin, grand bruit au-dehors, c’est une troupe de cava­liers armés qui arrivent au grand galop. Bou Rhim est en tête. Dès l’ar­ri­vée du mes­sa­ger de Fou­cauld, il avait réuni tous ses parents et voi­sins pour cou­rir au secours de son ami. Les pillards s’en­fuirent aus­si­tôt. L’ex­plo­ra­teur était hors de danger.