La sainte communion secourt admirablement les âmes du purgatoire. Le vénérable Louis de Blois rapporte dans un de ses livres, qu’un dévot serviteur de Dieu fut visité par une âme du purgatoire, qui lui fit voir tout ce qu’elle souffrait. Elle était punie pour avoir reçu la sainte communion avec tiédeur. En punition, Dieu lui avait ménagé le supplice d’un feu dévorant, qui la consumait. « Je vous conjure donc, dit-elle, vous qui avez été mon ami, de communier pour moi avec toute la ferveur dont vous êtes capable ; j’espère que cela suffira pour ma délivrance ». Celui-ci s’empressa de le faire. L’âme lui apparut de nouveau, brillante d’un incomparable éclat, heureuse et pleine de reconnaissance. « Enfin, lui dit-elle, grâce à vous, je vois donc face à face mon adorable Maître », et elle s’envola au ciel. Saint Bonaventure dit que la charité devrait nous porter à communier pour les défunts, parce qu’il n’y a rien de plus efficace pour leur repos éternel. Prions donc sans cesse pour eux et ils nous rendront au centuple le bien que nous leur aurons fait.
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Dans le sentier, blanc de givre, Jean rit tout seul : il se rappelle l’histoire du couteau !
L’an dernier, pendant sa rougeole, il a demandé qu’on lui raconte une histoire, et grand-père avait commencé, sur un ton à faire frissonner tous les braves :
« C’était le soir. À la lueur d’une chandelle, un homme allait à pas de loup dans la maison… »
Jean retenait son souffle : « Mon Dieu ! qu’allait-il advenir ?
- Soudain, annonça grand-père avec un geste épouvantable, il prit un grand couteau… »
Terrifié, Jean disparut sous ses couvertures…
Et l’aïeul acheva, après un petit silence :
« …Il prit un grand couteau et… étendit du beurre sur son pain. »
Quel fou rire, ce soir-là !… Et quel succès lorsqu’il répéta l’histoire à ses camarades !
Pauvre grand-père, si gentil ! Il fabriquait arbalètes et chariots, et jamais ne se fâchait lorsque Jean avait cassé une roue ou perdu toutes ses flèches…
Hélas ! grand-père n’est plus ici : voilà trois semaines qu’il est parti chez le Bon Dieu. Jean ne met plus son pull rouge qu’il aimait bien ; Marie-Claire lui en a tricoté un blanc, « parce qu’on est en deuil » a‑t-elle dit.
C’est triste, la mort. Le jour de l’enterrement, maman et Marie-Claire pleuraient derrière un grand voile noir, et papa avait une pauvre figure triste, triste… Jean aussi avait du chagrin : tout ce noir et ces larmes, et cette odeur de mort lui glaçaient le cœur… Pendant l’enterrement, il pleurait si fort que Marie-Claire vint s’asseoir auprès de lui pour le consoler. Elle a dit beaucoup de choses qui le berçaient, mais il n’en a retenu qu’une : grand-père est au purgatoire et il faut prier pour qu’il entre vite au ciel. Alors, au lieu de pleurer, il a récité son chapelet, du mieux qu’il a pu ; puis il a dit à la Sainte Vierge :
« Arrangez-vous avec le Bon Dieu, Maman du Ciel, pour que grand-père quitte vite vite le purgatoire. »
Puis à Jésus présent au tabernacle :
« Mon cher Jésus, votre Maman va Vous demander quelque chose : Vous lui obéirez, n’est-ce pas ? »
***
Seul dans le sentier, blanc de givre, Jean rumine ces choses tristes.