Catégorie : <span>Les amis des Saints</span>

| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 11 minutes

Saint Jean-Marie Vianney patron des curésPrêtre, rien que prêtre, pour offrir à Dieu le Saint Sacri­fice de la Messe, admi­nis­trer les sacre­ments et prê­cher la parole de Dieu : ce fut toute la vie du saint Curé d’Ars. Il exer­ce­ra si par­fai­te­ment son minis­tère que le XIXe siècle ver­ra les foules accou­rir vers ce petit vil­lage des Dombes, pour « voir un saint ». Éle­vé à la gloire des autels, il sera don­né comme patron aux prêtres. Pen­dant qua­rante-quatre ans il fut curé du vil­lage d’Ars, mais très vite, dix ans après son ins­tal­la­tion, déjà son minis­tère de conver­tis­seur d’âmes com­men­ça. Il ren­dra ain­si la paix aux consciences tour­men­tées, conso­le­ra les affli­gés, diri­ge­ra vers la per­fec­tion de nom­breuses âmes.

Com­ment cet humble prêtre de cam­pagne, peu doué intel­lec­tuel­le­ment, mais pos­sé­dant la sagesse natu­relle, y est-il arrivé ?

La trame de toute sa vie était l’Eu­cha­ris­tie : il en avait la pas­sion. Il célé­brait la Sainte Messe avec une telle fer­veur, que l’o­pi­nion de ceux qui le voyaient à l’au­tel était qu’ils recon­nais­saient Notre Sei­gneur « à la frac­tion du pain ». Une nuit de Noël, en célé­brant la Messe, comme il atten­dait la fin des chants pour enta­mer le Pater, ceux qui étaient près de l’au­tel le virent, regar­dant la Sainte Hos­tie qu’il tenait entre ses doigts au-des­sus du Calice, en pleu­rant et sou­riant en même temps. Son vicaire lui deman­dait, de retour à la sacris­tie : À quoi pen­siez-vous à ce moment, Mon­sieur le Curé ? Mon ami, répon­dit-il, je disais à Notre Sei­gneur : Mon Dieu, si je savais devoir être dam­né main­te­nant que je vous tiens, je ne vous lâche­rais plus.

Dès sa plus tendre enfance, cet amour de l’Eu­cha­ris­tie va se mani­fes­ter ; il disait que c’é­tait de sa mère qu’il en avait reçu l’exemple. J’ai appris à prier à la Messe rien qu’en la contem­plant si recueillie et comme transfigurée.

Il fera sa Pre­mière Com­mu­nion à douze ans. Sa joie était si grande après avoir reçu le Bon Dieu qu’il ne vou­lait plus quit­ter la chambre où il avait com­mu­nié pour la pre­mière fois. À par­tir de ce moment, Dieu prit pos­ses­sion de son cœur et nul autre amour n’y péné­tra. Éle­vé dans une famille pro­fon­dé­ment chré­tienne, il pas­sa sa jeu­nesse à l’a­bri du monde et dans l’i­gno­rance du mal. Il recon­nut qu’il n’en apprit l’exis­tence qu’au confes­sion­nal par la bouche des pécheurs.

L’é­clo­sion de sa voca­tion au sacer­doce a cer­tai­ne­ment été influen­cée par les cir­cons­tances de son enfance. Né en 1786, il a quatre ans lorsque la per­sé­cu­tion san­glante contre les prêtres fidèles com­mence. Ses parents vont très vite refu­ser d’as­sis­ter à la Messe des prêtres jureurs et, au péril de leur vie, ils auront recours au minis­tère des prêtres pros­crits pour rece­voir les sacrements.

Com­bien l’âme si pieuse du jeune enfant sera impres­sion­née par ces Messes des Cata­combes célé­brées la nuit, dans des lieux secrets, par des prêtres pour­chas­sés qui s’ex­po­saient à la mort, à la dépor­ta­tion, par amour des âmes. Quand Jean-Marie confie­ra à sa mère son secret, il lui dira que c’est par amour des âmes qu’il veut se faire prêtre. L’é­poque était peu pro­pice pour son­ger à la prê­trise et il fal­lut la téna­ci­té du jeune homme aidé par sa mère très ani­mée pour qu’il arrive à faire ses études en vue du sacerdoce.

C’est auprès de M. Bal­ley, curé d’E­cul­ly, qu’il sera envoyé ; en effet ce saint prêtre avait réuni autour de lui quelques jeunes gens pour les pré­pa­rer à deve­nir prêtres. Il s’at­ta­che­ra très vite au jeune Vian­ney, car il s’é­tait ren­du compte de sa ver­tu peu com­mune. M. Bal­ley sut ins­pi­rer à Jean-Marie une très grande véné­ra­tion et Jean-Marie appren­dra de ce curé aus­tère et pieux ce que devait être le prêtre.

Jean-Marie ne sera ordon­né qu’à vingt-neuf ans. Ces longues années d’é­tudes inter­rom­pues par des cir­cons­tances pénibles, ne feront qu’en­ra­ci­ner dans son âme le désir de mon­ter un jour à l’autel.

Si cer­tains de ses maîtres prê­tèrent peu d’at­ten­tion à sa ver­tu, d’autres ne se lais­sèrent pas trom­per par sa rus­ti­ci­té appa­rente et com­prirent qu’ils avaient affaire à un sémi­na­riste d’une pié­té exem­plaire. M. Cour­bon, qui lui déli­vra ses lettres tes­ti­mo­niales à l’ar­che­vê­ché de Lyon, disait : L’Église n’a pas besoin seule­ment de prêtres savants, mais encore et sur­tout de prêtres pieux.

Il fut ordon­né par Mgr Simon, évêque de Gre­noble, le 13 août 1815. Il était seul et on fit la remarque à Mon­sei­gneur qu’on le déran­geait pour peu. Le vieil évêque contem­pla ce diacre au visage ascé­tique et dit : Ce n’est pas trop de peine pour ordon­ner un bon prêtre.

À par­tir du moment où Jean-Marie-Bap­tiste Vian­ney aura reçu le sacer­doce, on peut dire que l’homme va dis­pa­raître pour ne plus lais­ser paraître que le prêtre, cet autre Christ. Sans s’en rendre compte, tant son humi­li­té était grande, le curé d’Ars s’est dépeint lui-même quand il par­le­ra de l’é­mi­nente digni­té du prêtre : Le prêtre ne se com­pren­dra bien que dans le Ciel… Si on avait la foi, on ver­rait Dieu caché dans le prêtre comme une lumière der­rière un verre comme du vin mêlé avec de l’eau.

| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Saint François de Sale n'arrive pas à convertir les calvinistes

On était au début du prin­temps et la nature se réveillait après ces longs mois d’hi­ver. Le soleil chauf­fait avec une ardeur nou­velle et l’air reten­tis­sait des joyeux pépie­ments des oiseaux, tan­dis que d’humbles et déli­cats perce-neige poin­taient, dans les champs encore recou­verts de neige, leur fine corolle blanche.

Sur la route qui des­cen­dait de la for­te­resse des Allinges à la ville de Tho­non-en-Cha­blais était assise une fillette d’en­vi­ron 5 ans. Elle était occu­pée à ras­sem­bler en bou­quet les quelques fleurs épar­pillées autour d’elle lors­qu’un bruit de pas se fit entendre. Elle se retour­na et, ramas­sant pré­ci­pi­tam­ment ses fleurs, s’en­fuit en courant.

Et pour­tant… Qu’a­vait donc cet homme qui mar­chait à grands pas vers la ville ? C’é­tait un jeune prêtre de 27 ans, grand de taille, à la démarche souple et aisée. Son visage res­plen­dis­sait de paix et de bon­té. Tou­te­fois, mal­gré cette paix qui l’ha­bi­tait, on le sen­tait sou­cieux. Il s’a­van­çait en contem­plant les beau­tés prin­ta­nières qui s’of­fraient à son regard quand il aper­çut la fillette qui dis­pa­rais­sait au tour­nant du che­min. Son visage s’as­som­brit : « Mon Dieu, mur­mu­ra-t-il, ayez pitié de ces pauvres gens aveu­glés par l’hé­ré­sie. Faites fondre leur résis­tance devant la vraie foi comme cette neige devant votre soleil ».

Il arri­va bien­tôt aux portes de Thonon.

Cette ville d’or­di­naire si ani­mée se cal­ma comme par enchan­te­ment à son approche. Les portes se fer­mèrent à son pas­sage et quelques enfants pos­tés aux fenêtres inju­rièrent le « papiste ». Celui-ci, sans se trou­bler aucu­ne­ment, conti­nua son che­min et s’ar­rê­ta enfin devant une vieille église bien déla­brée. Il pas­sa la porte et alla s’a­ge­nouiller dans le chœur. Après avoir prié quelques ins­tants, le jeune prêtre s’in­cli­na devant le cru­ci­fix et mon­ta en chaire : « Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Ain­si soit-il. Mes bien chers frères… »

Auteur : Douglas Viscomte, Patricia | Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 12 minutes

Saint Jean de la Croix, Doc­teur de l’É­glise, né en 1542 à Fon­ti­ve­ros (pro­vince de Cas­tille) mort le 14 décembre 1591 à Ube­da (pro­vince d’Andalousie).

Si l’on veut gra­vir une haute cime pour voir le soleil se lever sur un monde étin­ce­lant de pure­té, il faut se déles­ter de tout ce qui encombre ; à ce prix seule­ment, on pour­ra atteindre le som­met. C’est le che­min spi­ri­tuel que nous trace saint Jean de la Croix ; il fau­dra pas­ser des nuits pour arri­ver à la lumière. Sui­vons donc notre saint dans son ascen­sion vers le som­met du Mont Car­mel. Les quelques étapes de sa vie que nous évo­que­rons vont nous le permettre.

La nuit obscure et le miracle de la Vierge et du puit

L’âme du futur saint, enfant, vivait dans l’in­ti­mi­té de Dieu, de la Sainte Vierge, des anges et des saints. Une aven­ture qu’il raconte lui-même fut sans doute l’oc­ca­sion du pre­mier pas de sa longue ascension.

Le petit Jean jouait avec ses cama­rades (enfant « il se com­por­tait comme un ange » disait de lui sa mère, il était vif et plein d’en­train), le groupe s’est appro­ché d’un minus­cule étang aux eaux bour­beuses et s’a­muse à y jeter des bouts de bois. On crie, on rit, et cha­cun cherche à reti­rer son bâton. Mais les bords sont glis­sants et Jean, empor­té par son ardeur, tombe dans l’eau. Il s’en­fonce et l’on ne voit plus que sa tête.

Les petits cama­rades poussent des hur­le­ments, mais voi­ci Jean qui lève la tête : il voit au-des­sus de lui une très belle dame qui lui tend ses mains « jolies et bien tournées ».

Petit, dit-elle, donne-moi la main et je te sortirai.

| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 12 minutes

Belle histoire de Saint Dominique pour les veillées de camps« Le chevalier à l’étoile »

Saint Domi­nique, fon­da­teur de l’Ordre des Domi­ni­cains. Né vers 1173 à Cale­rue­ga, dio­cèse d’Os­na (Espagne). Mort à Bologne, Ita­lie, le 6 août 1221.

Saint Domi­nique nous appa­raît avant tout comme une âme de lumière, bien sym­bo­li­sée par l’é­toile que beau­coup de ses contem­po­rains virent briller sur son front. Apôtre plein de zèle, il vou­lait appor­ter aux hommes une connais­sance tou­jours plus par­faite de la Véri­té, qui seule, rend l’homme vrai­ment libre. Mais si Dieu ne l’a­vait choi­si pour être prêtre et fon­da­teur d’un des ordres les plus répan­dus de la Chré­tien­té, sa nature ardente l’au­rait por­té à être un che­va­lier, un autre Cid Campeador…

Son père des­cen­dait d’une famille illustre, les Guz­man, mais il n’é­tait qu’un cadet sans for­tune. Il déci­da ain­si de se tailler un petit domaine (c’é­tait au plus fort de la « recon­quis­ta ») et éle­va un petit « cas­tillo », grou­pant autour de lui des serfs, des colons, qui trou­vaient une pro­tec­tion contre les incur­sions de l’en­ne­mi. Les Maures n’é­taient pas encore chas­sés hors de l’Es­pagne et fai­saient de nom­breuses « raz­zias » dans les terres recon­quises, semant la ter­reur et emme­nant les mal­heu­reux chré­tiens, femmes, enfants, dont ils fai­saient leurs esclaves en les sou­met­tant aux plus durs trai­te­ments. C’est l’é­poque où nous avons vu saint Jean de Matha se dévouer à l’œuvre du rachat des cap­tifs. Toute la jeu­nesse de Domi­nique sera mar­quée par l’im­pé­rieuse néces­si­té de défendre et sa vie et sa foi contre l’in­va­sion sarrasine.

Castillo construit pendant la Reconquista par le père de DominiqueDe son père, de pure race visi­gothe, il tien­dra sa nature che­va­le­resque, et phy­si­que­ment, sa che­ve­lure blond-roux et les yeux bleus. Sa mère, par contre, la Bien­heu­reuse Jeanne d’A­za, qui des­cen­dait de la vieille race espa­gnole des Ibères, lui don­ne­ra sa petite taille, avec une extrême robus­tesse de tem­pé­ra­ment. C’est d’elle aus­si qu’il tien­dra sa fer­veur religieuse.

Quand elle atten­dait son troi­sième enfant, qui sera saint Domi­nique, elle eut une vision demeu­rée célèbre : elle vit un petit chien noir et blanc tenant en sa gueule une torche enflam­mée, avec laquelle, s’é­tant élan­cé hors du sein mater­nel, il sem­blait incen­dier l’u­ni­vers entier. Frap­pée par cette vision, Jeanne d’A­za vint en pèle­ri­nage à Silos, sur la tombe d’un des plus célèbres thau­ma­turges de Cas­tille : saint Domi­nique de Silos, béné­dic­tin, invo­qué pour obte­nir la déli­vrance des cap­tifs mais aus­si par les mères qui atten­daient un enfant. Jeanne d’A­za res­ta plu­sieurs jours à l’Hô­tel­le­rie du Monas­tère. Elle pas­sait ses jour­nées à l’é­glise, assis­tant aux offices et s’a­bî­mant dans une contem­pla­tion silen­cieuse. La légende nous dit qu’un soir où elle avait pro­lon­gé plus que de cou­tume son orai­son, elle vit venir à elle le thau­ma­turge, revê­tu de ses insignes d’Ab­bé. Il lui pré­dit qu’elle met­trait au monde un fils qui devien­drait un illustre pré­di­ca­teur et serait appe­lé « le répa­ra­teur de l’Église ».

Quelques mois plus tard, ren­trée chez elle, Jeanne d’A­za mit au monde un fils auquel elle fit don­ner le nom de Domi­nique, ain­si qu’elle l’a­vait pro­mis au thau­ma­turge de Silos.

À cinq ans, le petit Domi­nique expri­mait déjà une vie toute don­née à Dieu ; il écou­tait avec enthou­siasme les récits que ses frères lui fai­saient de la vie des Ana­cho­rètes (encore nom­breux au XIIe siècle) qui vivaient reti­rés dans des grottes, culti­vant leur jar­di­net, et conseillant ceux qui venaient les trou­ver. L’en­fant conce­vait alors le désir d’i­mi­ter autant que pos­sible ces pra­tiques d’aus­té­ri­té. Aus­si, quand le som­meil ne le pre­nait pas tout de suite, dès que tout était silen­cieux, il quit­tait sa cou­chette, et s’é­ten­dait sur le sol. Mais sa mère qui veillait sur ses enfants eut vite fait de le voir, et elle lui enjoi­gnit de prendre le repos néces­saire, lui fai­sant com­prendre que sou­vent l’o­béis­sance était pré­fé­rable au sacrifice.

Auteur : Douglas Viscomte, Patricia | Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 11 minutes

Saint Benoît, né en l’an 480 à Nur­sia (ville de la Sabine au nord de l’I­ta­lie, aux pieds des Apen­nins), mort au Mont Cas­sin (sud de Rome) le 21 mars 543, fon­da­teur de l’Ordre des Bénédictins.

Saint Benoît naquit à Nur­sia, d’une noble famille aus­tère et guer­rière. Quand il naquit, l’Em­pire Romain était en pleine déca­dence, la socié­té dis­so­lue, un monde s’é­crou­lait ; par­tout régnaient la cor­rup­tion, le déses­poir et la mort. L’É­glise elle-même était ébran­lée ; les schismes la divi­saient, l’Ins­ti­tut monas­tique, après la magni­fique flo­rai­son de saints qu’il avait don­née au monde était en pleine dégra­da­tion, l’hé­ré­sie d’A­rius triom­phait, se ser­vant des bar­bares pour per­sé­cu­ter l’Église. Et voi­ci que l’illustre race des Ani­ciens donne un reje­ton qui va recon­qué­rir l’Oc­ci­dent au Christ par ses légions paci­fiques, n’ayant d’autres armes que la prière et l’exemple.

On don­na à l’en­fant, à son bap­tême, le nom de Benoît : Bene­dic­tus le « bien­dit » ou « béni ». Alors qu’il était encore très jeune, Dieu se révé­la à lui comme l’U­nique Réa­li­té dans un monde où tout se dis­lo­quait. À qua­torze ans, il s’ar­ra­cha ain­si à sa famille et s’en­fuit. À chaque grand tour­nant de l’His­toire, lorsque le désordre est deve­nu into­lé­rable, une soif d’ab­so­lu sai­sit d’in­nom­brables âmes et les pousse au désert.

L'histoire de Saint Benoit pour les jeunes - à Subiaco

Le renon­ce­ment le plus sen­sible pour lui fut d’a­ban­don­ner sa vieille nour­rice, dont l’af­fec­tion l’a­vait entou­ré dès son ber­ceau. Mais elle le sui­vra aus­si loin que cela lui sera pos­sible. Et voi­ci le jeune homme fuyant pour cher­cher dans le mas­sif des Apen­nins un refuge loin de la cor­rup­tion. Et il le trou­ve­ra enfin. L’A­nio avait creu­sé là une gorge pro­fonde sépa­rant la Sabine du pays autre­fois habi­té par les Eques et les Mer­niques. Le lieu était consti­tué d’un bas­sin où la rivière s’é­lar­gis­sait entre d’é­normes parois de rochers, et, de cas­cade en cas­cade, tom­bait dans un lieu appe­lé Subia­co (du latin subla­quem) for­mant un lac où se trou­vaient encore les ruines d’une vil­la que Néron, séduit par la beau­té du site, y avait fait construire. En che­min, Benoît avait d’ailleurs ren­con­tré un soli­taire, nom­mé Romain, à qui il avait confié ses aspi­ra­tions ; le moine lui avait don­né un cilice et un habit en peaux de bêtes et pro­mit de lui don­ner le pain quo­ti­dien néces­saire à sa subsistance.

Benoît éta­blit sa demeure dans une de ces sombres et étroites cavernes. Il y demeu­ra trois ans, se livrant à la contem­pla­tion et lut­tant contre les ten­ta­tions qui venaient l’as­saillir dans sa retraite. Des sou­ve­nirs pro­fanes le har­ce­laient encore et pour se vaincre, il n’hé­si­te­ra pas à se rou­ler dans les ronces et les épines. Depuis, il fut à jamais vain­queur de ses sens ; maître de ses pas­sions, il était désor­mais capable d’é­ta­blir une école où l’on appren­drait à ser­vir le Seigneur.

En effet, peu à peu, des hommes vien­dront à lui ; sa parole touche les cœurs et bien­tôt des dis­ciples, par­mi les­quels se côtoient Goths et Romains, laïcs et clercs, avides de per­fec­tion, affluent. Il éta­blit alors douze monas­tères, peu­plés cha­cun de douze moines. Et voi­ci l’Ordre Béné­dic­tin fon­dé, avec les inévi­tables épreuves du début.