Étiquette : <span>11 juillet</span>

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 10 minutes

∼∼ XII ∼∼

Tante Jeanne a appe­lé maman.

— Écoute, j’ai envie de faire une sur­prise à notre jeu­nesse, et même à toi. Ton mari m’a confié vos ennuis. Puisque les affaires dont il est char­gé vont vous obli­ger à pro­lon­ger un peu votre séjour ici, je com­prends fort bien que vous soyez effrayés par vos frais de voyage. Ceci m’ex­plique pour­quoi vous sem­blez déci­dés à renon­cer à toute nou­velle excur­sion pour les enfants.

Mais une tante a bien le droit de faire plai­sir à ses neveux ; donc ne refuse pas. Nous par­tons tous demain matin et de très bonne heure. Faites-moi confiance. Yvon m’a pré­pa­ré le pro­gramme et j’en fais mys­tère à tout le monde. Je sais que tu joui­ras pro­fon­dé­ment du pèle­ri­nage, car c’en est un. Laisse-toi faire.

Ain­si donc, le len­de­main, c’est le branle-bas dès l’au­rore, avec cette joie d’un inté­rêt spé­cial : Où va-t-on ?

Tout d’a­bord, au fil de gra­cieux pay­sages, la cara­vane se voit entraî­née vers les mon­tagnes de la Sabine ; on s’ar­rête à Tivo­li. Des ves­tiges d’an­ti­qui­té, des cas­cades, de la lumière, que tout cela est donc joli, dans la fraî­cheur exquise du matin ! Juste le temps de se res­tau­rer un peu, et la voi­ture reprend la route de la mon­tagne et même s’y enfonce de plus en plus ; l’au­to monte, monte encore, un arrêt !… Tout le monde ques­tionne à la fois :

— Où sommes-nous ?

— A Subiaco.

Maman et les aînés savent main­te­nant le but de l’ex­cur­sion, mais c’est à tante Jeanne qu’il faut lais­ser le plai­sir de l’ex­pli­quer. On dépasse la petite ville d’as­pect encore moyen­âgeux, et l’on fait halte dans un site ombreux, char­mant, où l’on décide de se reposer.

— Enfin, réclame Colette, tante, vous allez tout nous dire.

— Oui. J’ai vou­lu vous don­ner la joie de connaître le lieu où s’est sanc­ti­fié l’un des plus grands saints de l’His­toire de l’É­glise, et cela au moment où sa vie devient par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sante pour vous. Je vais essayer d’en­chaî­ner les faits, c’est-à-dire de reprendre la suite de vos der­nières conver­sa­tions avec votre oncle ou le Père X. J’es­père ne pas faire d’hérésies.

— Nous for­me­rions le concile, pour condam­ner l’er­reur, déclare Ber­nard rieur, seule­ment le mal­heur c’est que nous n’au­rions part à aucune infaillibilité !

— Écou­tez, avant de cen­su­rer. Reve­nons, si vous le vou­lez, un peu en arrière. Pen­dant l’un de ses nom­breux exils, saint Atha­nase était venu à Rome, où il avait racon­té des choses étranges. Là-bas, dans les contrées désertes de l’O­rient, des hommes appar­te­nant aux plus nobles et aux plus riches familles quit­taient tout pour s’en­se­ve­lir dans la soli­tude, et vivre pauvres et péni­tents. Saint Antoine, saint Pacôme, saint Basile, saint Jérôme avaient été sui­vis dans le désert par de nom­breux dis­ciples. Saint Augus­tin venait de don­ner sa règle de vie reli­gieuse aux moines et aux vierges chré­tiennes, qui se consa­craient com­plè­te­ment à Dieu.

Ce besoin d’être à Dieu seul, d’ex­pier ses fautes per­son­nelles et de répa­rer pour celles d’au­trui, s’empare alors de mil­liers d’âmes, belles et géné­reuses. Les alen­tours de Rome, et peu à peu le monde lui-même, se couvrent de cou­vents, d’où les moines ne sortent plus que pour prê­cher, conver­tir et sou­la­ger les malheureux.

En , , béni et encou­ra­gé par saint Hilaire, fonde le de Ligu­gé. Tout le monde connaît l’his­toire de son man­teau, que, jeune sol­dat encore, il avait cou­pé, un jour de froid, pour revê­tir un pauvre. Le pauvre était Notre-Seigneur.

Après Ligu­gé, c’est Mar­mou­tier, prés de Tours. Là, saint Mar­tin, deve­nu évêque, conserve sa cel­lule de , pour s’y réfu­gier de temps en temps dans la prière ; tan­dis que saint Hono­rat fonde le monas­tère de Lérins, et Cas­sien celui de Saint-Vic­tor, à Mar­seille. Autour des abbayes, des écoles s’or­ga­nisent ; entre monas­tères on s’in­ter­roge, on s’é­crit. C’est ravis­sant de pen­ser à ces ren­dez-vous que se donnent en quelque petite cha­pelle iso­lée, au milieu des forêts, des mon­tagnes ou des landes, ces saints qui sillonnent, le bâton à la main, et la Gaule et le monde. Car les abbayes vont deve­nir une véri­table pépi­nière de missionnaires.

Évangélisation de la Gaule par saint Martin
Jeune sol­dat, saint Mar­tin cou­pa son man­teau avec son épée, pour en revê­tir un pauvre.
Auteur : Douglas Viscomte, Patricia | Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 11 minutes

, né en l’an 480 à Nur­sia (ville de la Sabine au nord de l’I­ta­lie, aux pieds des Apen­nins), mort au Mont Cas­sin (sud de Rome) le 543, fon­da­teur de l’Ordre des Bénédictins.

Saint Benoît naquit à Nur­sia, d’une noble famille aus­tère et guer­rière. Quand il naquit, l’Em­pire Romain était en pleine déca­dence, la socié­té dis­so­lue, un monde s’é­crou­lait ; par­tout régnaient la cor­rup­tion, le déses­poir et la mort. L’É­glise elle-même était ébran­lée ; les schismes la divi­saient, l’Ins­ti­tut monas­tique, après la magni­fique flo­rai­son de saints qu’il avait don­née au monde était en pleine dégra­da­tion, l’hé­ré­sie d’A­rius triom­phait, se ser­vant des bar­bares pour per­sé­cu­ter l’É­glise. Et voi­ci que l’illustre race des Ani­ciens donne un reje­ton qui va recon­qué­rir l’Oc­ci­dent au Christ par ses légions paci­fiques, n’ayant d’autres armes que la prière et l’exemple.

On don­na à l’en­fant, à son bap­tême, le nom de Benoît : Bene­dic­tus le « bien­dit » ou « béni ». Alors qu’il était encore très jeune, Dieu se révé­la à lui comme l’U­nique Réa­li­té dans un monde où tout se dis­lo­quait. À qua­torze ans, il s’ar­ra­cha ain­si à sa famille et s’en­fuit. À chaque grand tour­nant de l’His­toire, lorsque le désordre est deve­nu into­lé­rable, une soif d’ab­so­lu sai­sit d’in­nom­brables âmes et les pousse au désert.

L'histoire de Saint Benoit pour les jeunes - à Subiaco

Le renon­ce­ment le plus sen­sible pour lui fut d’a­ban­don­ner sa vieille nour­rice, dont l’af­fec­tion l’a­vait entou­ré dès son ber­ceau. Mais elle le sui­vra aus­si loin que cela lui sera pos­sible. Et voi­ci le jeune homme fuyant pour cher­cher dans le mas­sif des Apen­nins un refuge loin de la cor­rup­tion. Et il le trou­ve­ra enfin. L’A­nio avait creu­sé là une gorge pro­fonde sépa­rant la Sabine du pays autre­fois habi­té par les Eques et les Mer­niques. Le lieu était consti­tué d’un bas­sin où la rivière s’é­lar­gis­sait entre d’é­normes parois de rochers, et, de cas­cade en cas­cade, tom­bait dans un lieu appe­lé Subia­co (du latin subla­quem) for­mant un lac où se trou­vaient encore les ruines d’une vil­la que Néron, séduit par la beau­té du site, y avait fait construire. En che­min, Benoît avait d’ailleurs ren­con­tré un soli­taire, nom­mé Romain, à qui il avait confié ses aspi­ra­tions ; le lui avait don­né un cilice et un habit en peaux de bêtes et pro­mit de lui don­ner le pain quo­ti­dien néces­saire à sa subsistance.

Benoît éta­blit sa demeure dans une de ces sombres et étroites cavernes. Il y demeu­ra trois ans, se livrant à la contem­pla­tion et lut­tant contre les ten­ta­tions qui venaient l’as­saillir dans sa retraite. Des sou­ve­nirs pro­fanes le har­ce­laient encore et pour se vaincre, il n’hé­si­te­ra pas à se rou­ler dans les ronces et les épines. Depuis, il fut à jamais vain­queur de ses sens ; maître de ses pas­sions, il était désor­mais capable d’é­ta­blir une école où l’on appren­drait à ser­vir le Seigneur.

En effet, peu à peu, des hommes vien­dront à lui ; sa parole touche les cœurs et bien­tôt des dis­ciples, par­mi les­quels se côtoient Goths et Romains, laïcs et clercs, avides de per­fec­tion, affluent. Il éta­blit alors douze monas­tères, peu­plés cha­cun de douze moines. Et voi­ci l’Ordre fon­dé, avec les inévi­tables épreuves du début.