Catégorie : <span>Les commandements à observer, les vertus à pratiquer</span>

Auteur : Reggie, Marie | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 8 minutes

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À l’ombre des monts Atlas, juste à l’en­droit où ils se ren­contrent avec les flots bleus, Sal­sa naquit. Certes, l’é­vé­ne­ment pas­sa bien inaper­çu dans la grande ville ; la tri­bu ber­bère elle-même n’y prê­ta pas grande atten­tion ; seule la maman, pen­chée sur le petit être qui venait d’ou­vrir ses yeux sur le monde, cher­chait à per­cer le mys­tère de cette vie com­men­çante : que devien­drait Sal­sa ? que ferait-elle ?

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Ruine de la basilique Sainte Salsa à Tipiasa

Nous sommes aux pre­miers siècles du chris­tia­nisme. Après de nom­breuses per­sé­cu­tions, une ère de paix règne enfin ; les apôtres du Christ par­courent le pays en tous sens, prê­chant et ensei­gnant à tous la dou­ceur de la loi de cha­ri­té. Peu à peu, les temples ont été délais­sés, les faux dieux aban­don­nés, et main­te­nant tout cela s’a­mon­celle en un immense tas de ruines ; le culte de l’Em­pe­reur lui-même a été aban­don­né. À de rares excep­tions près, la popu­la­tion ne vou­lait rendre hom­mage qu’au seul vrai Roi du monde le Christ Jésus.

Mais si les yeux se por­taient sur les monts qui entou­raient la cité, ils pou­vaient encore y voir un temple éle­vé à la gloire d’un dra­gon d’or qui comp­tait, au sein des tri­bus ber­bères de la ville, de nom­breux ser­vi­teurs, par­mi les­quels se pla­çaient les parents de la petite Salsa.

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  1. [1] Pre­mier com­man­de­ment : Un seul Dieu tu aime­ras et ado­re­ras par­fai­te­ment.
Auteur : Christiane | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 6 minutes

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Faire son devoir d'état, comme Sainte Jeanne d'Arc - Enluminure Quenouille et FilageGene­viève, sa que­nouille tenue non­cha­lam­ment, lais­sait errer son regard par delà la grande plaine de Cham­pagne qui s’é­ten­dait au pied du châ­teau. Dieu, que c’é­tait donc ennuyeux de filer ain­si tout le jour tan­dis que les armées livraient bataille à l’en­ne­mi ! Un gros sou­pir, lourd de tous ses dési­rs, s’ex­ha­la des lèvres de Geneviève.

« Ah ! si je connais­sais Jeanne, j’i­rais la trou­ver et lui deman­de­rais de me prendre avec elle. »

Cette réflexion, pro­non­cée à voix haute, atti­ra sur la fillette, presque une jeune fille déjà, les regards de dame Eloïse, sa mère, qui, en face d’elle, était occu­pée à une bro­de­rie d’autel.

« Que feriez-vous à guer­royer avec les gens d’armes ? Vous ne savez pas mon­ter à che­val et le pre­mier bou­let vous ferait pous­ser de tels cris d’ef­froi que vous ne sau­riez res­ter dans la bataille. »

D’un geste orgueilleux, Gene­viève a rele­vé la tête :

« Pour­quoi alors Jeanne y reste-t-elle ?

— Jeanne, mon enfant, fut man­dée par Dieu pour déli­vrer le royaume.

— Eh bien ! pour­quoi ne le serais-je pas aussi ? »

Pour­quoi pas moi ? Voi­là ce qui reve­nait sans cesse à l’es­prit de Gene­viève ; et s’obs­ti­nant dans son rêve orgueilleux, elle for­mait des pro­jets insen­sés, n’é­cou­tant pas les sages conseils que dame Eloïse, ali­gnant ses points de bro­de­rie, lui prodiguait.

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Histoire de Jeanne d'Arc - Jeanne d'Arc et le roi Charles VII à Reims

Dans la ville pavoi­sée, il y a grande ani­ma­tion : d’im­menses tapis recouvrent les dalles de la cathé­drale, les portes sont ten­dues de velours écar­late, cha­cun s’af­faire, pavoi­sant sa demeure pour faire digne accueil au Roi et à Jeanne, car

Auteur : Demetz, M. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 5 minutes

C’est un tout petit grain de sable doré qui était arri­vé à Naza­reth sur les ailes du vent. Il s’ap­pe­lait « Brin d’Or ». Per­sonne n’a­vait remar­qué l’ar­ri­vée de cette , infi­ni­ment petite et véri­table atome dans l’im­mense struc­ture de l’Univers.

Le vent puis­sant l’a­vait dépo­sé au seuil d’une humble demeure d’ar­ti­sans. Brin d’Or, tout étour­di d’un long voyage au-des­sus des pay­sages de Pales­tine, res­tait dans l’en­coi­gnure de l’en­trée, sans bou­ger. Toute la nuit déjà il avait dor­mi là : il se trou­vait si seul… si dépay­sé ! La veille, il était encore à gam­ba­der avec ses petits frères sur la dune, et le vent s’é­tant levé de fort mau­vaise humeur était venu le ravir à l’af­fec­tion des siens.

Conte et Vie de Jésus pour les petits - NazarethPen­dant des heures, il l’a­vait entraî­né en un vol éper­du et puis l’a­vait lais­sé choir, sans l’a­ver­tir. C’est ain­si que le souffle de l’é­preuve entraîne les hommes, petits et grands, qu’ils le veuillent ou non, dans une che­vau­chée pleine de mys­tère. Il les dépose tout meur­tris en des lieux incon­nus ; si ce n’est pas à Naza­reth comme Brin d’Or, c’est sou­vent bien près du Divin Arti­san qui habi­tait cette humble bourgade.

Le soleil d’o­rient res­plen­dis­sait et dar­dait ses rayons ardents sur les cam­pagnes, sur les mai­sons aux riantes ter­rasses. Brin d’Or com­men­çait à se réchauf­fer ; il était assoif­fé de lumière et de cha­leur et ce soleil lui ren­dait toute sa vigueur.

Il s’en­har­dit, un peu indis­cret peut-être, regar­da à l’in­té­rieur de la mai­son qui avait abri­té son som­meil et, d’é­ton­ne­ment, pas­sa au ravissement.

Oh ! ce que vit Brin d’Or

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 8 minutes

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Brr… qu’il fait froid ! M’est avis qu’il va neiger ! »

image, catéchisme - GrandPere devant son chaletSur sa porte, grand-père Nau­dé scrute le ciel de son regard pro­fond. Chaque soir, il vient ain­si lire dans la cou­leur et la marche des nuages le temps qu’il fera le len­de­main. Il est si savant qu’il connaît toutes les lignes du ciel et, sou-vent, il arrive qu’à la veille d’une fête ou d’un mariage les vil­la­geois viennent pour le consulter.

« Père Nau­dé, f’ra t’y beau demain ? »

Et le grand-père Nau­dé sème de la joie ou de l’en­nui par l’an­nonce d’une belle jour­née ou par celle d’une pluie tenace. Ce soir-là, il rentre fri­leu­se­ment chez lui auprès du poêle ron­ron­nant de la cui­sine où ses petits-enfants Ber­nard et Pierre s’a­musent à cœur joie.

« Petits, soyez contents ; il y aura ben d’la neige demain ! Mieux vaut ça : Noël aux tisons, Pâques au balcon.

— Tant mieux, grand-père, tant mieux », s’é­crient les deux petits dont les yeux brillent déjà de joie à la pen­sée de s’en aller glis­ser en traî­neau sur les pentes nei­geuses des col­lines de Jussy.

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Cette nuit-là, en effet, il neigea.

Peu à peu, le toit pen­chant de la mai­son se cou­vrit d’une mous­seuse cou­ver­ture blanche qui s’é­pais­sit d’heure en heure. Enca­pu­chon­né comme un moine, le vieux clo­cher égre­na les heures d’un ton assour­di, et les sapins médi­ta­tifs de la forêt se recueillirent dans un silence complet.

Il nei­gea ain­si jus­qu’au matin.

Quel beau réveil firent Ber­nard et Pierre en voyant d’in­nom­brables papillons blancs vol­ti­ger devant leur fenêtre, et comme ils furent vite habillés ! Toute la mati­née, ils guet­tèrent anxieu­se­ment l’é­clair­cie qui per­met­trait d’al­ler voir l’é­tat des pistes ; enfin, vers dix heures, le soleil suc­cé­da à la chute des flo­cons blancs et fit res­plen­dir la terre d’in­nom­brables scin­tille­ments de cris­taux de neige. Là-haut, à l’ombre des bois, elle dur­cis­sait sous l’âpre bise du nord.

  1. [1] Dixième com­man­de­ment : Bien d’au­trui ne convoi­te­ras pour l’a­voir mal­hon­nê­te­ment.
Auteur : Mariemy, Eli­sa­beth | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 5 minutes

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Histoire de la maison en feu et du sauvetage du capitaine blesséNe pour­rais-tu pas me racon­ter encore com­ment tu es retour­né dans la mai­son en flammes, pour sau­ver ton chef qui allait mourir ? »

Rémy, sup­pliant, s’ac­croche à la manche de son aîné et insiste :

« Raconte encore ! Il était fort bles­sé à la tête le capi­taine, hein ? »

Le brouillard enve­loppe dou­ce­ment les deux frères, le jeune homme aux larges épaules et le petit gars à peine plus haut que les blés avant la moisson.

La terre mouillée colle à leurs semelles.

Ils vont, côte à côte, à pas lents, au bord d’un champ à demi labouré.

« Ça va, répond le grand Charles, sans quit­ter des yeux sa char­rue qui creuse un long sillon régu­lier der­rière Faraud, le che­val. Laisse-moi ! Dirait-on pas que j’ai fait une action extraordinaire ?

N’im­porte qui aurait ris­qué sa peau de bon cœur pour le capi­taine. Suf­fi­sait de le connaître…

Je l’ai rele­vé ; je l’ai empor­té avec un copain. Ben ! ça se devait. Puis, dans les coups durs — com­ment t’ex­pli­quer ? — y a je n’sais quoi qui vous tient… Enfin, je com­prends. Et la belle affaire d’être à moi­tié chic, pen­dant juste un quart d’heure, une fois ! Vois-tu, mon p’tit, du , c’est pas les grands jours qu’il en faut ; c’est du lun­di matin au same­di soir, et encore le dimanche avec ! A l’oc­ca­sion, même, on en a besoin pour des choses de rien du tout.

Je m’rap­pelle une his­toire qu’est arri­vée y a long­temps, je m’pré­pa­rais à ma Com­mu­nion solennelle…

Tu ne t’en sou­viens pas, de Angé­lique ? T’es trop jeune. T’a­vais trois ans quand elle a pas­sé, la pauv’femme.

Elle pre­nait déjà de l’âge, c’é­tait la sœur du grand-père.