Catégorie : <span>Les commandements à observer, les vertus à pratiquer</span>

| Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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Vaillance, devoir d’état.

Histoire pour illustrer Vaillance et Devoir d'état - Fjord en Norvège par Louis GurlittActive la navette, ma fille, et noue le chanvre et tire chaque maille, car il me faut un filet neuf. Vois mon grand bateau de pêche, il est prêt à labou­rer de sa carène d’or le pro­fond et pois­son­neux. J’ai dure­ment manié la hache pour abattre les grands sapins dans le champ gla­cé où des trou­peaux de rennes viennent brou­ter le lichen et l’é­corce tendre. Ah c’est un rude ouvrage, crois-moi, ma fille, de trans­for­mer le sapin blond, ce bois qui pleure à chaque coup, en un bateau dur à la vague, docile au vent et que ne mord pas la saumure.

Active la navette, ma fille, et noue le chanvre et tire et serre chaque maille, car il me faut un filet neuf. Mais je vou­drais un grand filet car, après Noël, je m’en vais pêcher avec ton frère Axel. Hâte-toi, ma fille, mets‑y tes dix doigts menus et déliés, tes yeux brillants comme givre, car j’ai besoin d’un filet fin. Mets‑y sur­tout ton cœur, ma Het­ta, c’est en effet un filet sans faille qu’il me faut. »

Récit pour les jeunes - Hetta faisant le filet de pêcheHet­ta fit donc un filet neuf. Elle y mit ses dix doigts… mais ses deux yeux pas bien sou­vent, car ils sui­virent, dis­traits, le vol argen­té des lents oiseaux émi­grants vers les îles.

Et son cœur, elle l’y mit moins encore. Il s’en­vo­lait, léger, au milieu des rêves qui fuyaient loin vers l’in­con­nu. Ain­si Het­ta glis­sa dans son ouvrage ce qui, jamais, n’y doit entrer. Elle y glis­sa, l’un par-des­sus l’autre, le Doute puis la Fraude.

« Pour­quoi tendre si fort le chanvre rêche ? Pour­quoi m’y écor­cher les mains ? Mon père veut-il du sang sur chaque nœud ? Sur mille et mille points de ma résille, qu’im­porte un petit fil qui baille ? Ce n’est pas pour un phoque ni pour une baleine, ni pour de bien gros pois­sons. Mon père ne pêche que le hareng ou le sprat ! Quel menu butin pour de tels efforts ! »

* * *

Un soir d’hiver,

Auteur : Acre, Jean d’ | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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[1]

récit de catéchisme : le mensongeDéci­dé­ment, ce soir ça n’al­lait plus… Depuis long­temps déjà, Fran­ce­lyn s’a­per­ce­vait que le duc de Mâle-Bouche, dont il était le pre­mier , lui fai­sait mau­vaise figure. Et Fran­ce­lyn savait bien que c’é­tait là une affaire de jalou­sie. Mirouet, le second page, ne pou­vait sup­por­ter de le voir avant lui, et depuis long­temps il essayait de lui faire perdre l’es­time du de Mâle-Bouche. Or, aujourd’­hui, le duc avait été plus dur que d’ha­bi­tude et si, tout à l’heure, il s’é­tait enfer­mé dans sa chambre avec Mirouet, ce ne devait pas être pour chan­ter les louanges de Fran­ce­lyn. Et Fran­ce­lyn, accou­dé à une étroite fenêtre du , son­geait.

Fran­ce­lyn ? Le plus joli, le plus char­mant page que l’on pût rêver. C’é­tait la jeu­nesse en fleur dans toute sa joliesse de seize ans : de grands che­veux blonds qui retom­baient en boucles d’or sur ses épaules, des yeux cou­leur de rayon de lune, de fines lèvres incar­nat tou­jours prêtes à sou­rire ou à chan­ter, un teint qui fai­sait pen­ser aux fleurs des pom­miers d’a­vril. Et une âme aus­si belle que le visage : ni faus­se­té, ni égoïsme en lui, ni orgueil, mais une grande et vraie cha­ri­té et un pro­fond amour pour Notre Sei­gneur Jésus-Christ et Notre Dame, sa sainte Mère.

La moindre injus­tice, le moindre fai­saient hor­reur à Fran­ce­lyn, et c’est pour­quoi, ce soir, il était triste, très triste, parce qu’il sen­tait de la jalou­sie et de la calom­nie autour de lui.

Fran­ce­lyn lais­sait ses yeux errer au loin. Il contem­plait du châ­teau, fiè­re­ment per­ché sur une haute falaise de rochers à pic, la plaine où le soleil cou­chant dorait les blés mûrs, et il lui sem­blait, le pau­vret, que 

  1. [1] Hui­tième com­man­de­ment : La médi­sance ban­ni­ras et le men­songe éga­le­ment.
Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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Charité envers Dieu

récit héroïque pour les enfants : guerre, bataille, morts et blessésToute la jour­née le canon avait ton­né sans arrêt, les mitrailleuses n’a­vaient ces­sé de cré­pi­ter et les balles de siffler.

Il flot­tait dans l’air une âcre odeur de poudre. Le sang avait cou­lé, hélas !

Et le soir tom­bait sur le champ de bataille comme un immense apaisement.

Pro­fi­tant de la trêve, des bran­car­diers pas­saient, ramas­sant les bles­sés d’a­bord, les morts ensuite. Mal­gré leurs mou­ve­ments pré­cau­tion­neux, ils arra­chaient des gémis­se­ments de dou­leur aux grands bles­sés qui gisaient sur le sol, fau­chés par la tourmente.

La nuit deve­nant dense, ils ne virent point un jeune qui res­tait éten­du à la face de Dieu, comme disait Péguy, au milieu d’un champ de blé à demi rava­gé par la bataille.

Au milieu des épis blonds cou­chés sur le sol, il était éten­du, sans connais­sance, un mince filet de sang cou­lant autour de sa tête dou­lou­reuse, de sa tête éner­gique de .

Dans le ciel, les étoiles s’al­lu­maient les unes après les autres, sem­blant veiller ce ter­rien de vingt ans qui repo­sait sur la glèbe qu’il avait tant aimée, seul dans la nuit, seul dans la souffrance.

Sa bles­sure était grave, certes, et la perte de sang conti­nue qu’il subis­sait l’af­fai­blis­sait gra­duel­le­ment. Pour­tant, dans la nuit, sous l’ef­fet de la fraî­cheur, il reprit connais­sance. Sa bles­sure brû­lante lui fai­sait mal, il avait soif, il était dévo­ré de fièvre.

Ins­tinc­ti­ve­ment, par gestes sac­ca­dés, ses mains pal­pèrent ce qui l’en­tou­rait, cher­chant un secours. Elles ne ren­con­trèrent que la terre rude, la paille rude, les épis durs… A ce contact, un sou­rire pas­sa sur la face du

Auteur : Dulac, O. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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Dans l’a­te­lier de maître Guillot, le tailleur d’i­mages, règne une grande animation.

Echoppe du Moyen-Age à RouenC’est que ce jour-là, le pre­mier mai de l’an de grâce mil six cent trente, va avoir lieu, dans la demeure du brave ima­gier, l’é­lec­tion du maître de la ville de Rouen.

Une véri­table fièvre anime les concur­rents qui se hâtent, dans le secret de leur chambre, d’ap­por­ter à leur tra­vail le der­nier coup de ciseau ou de gouge.

A pré­sent, les sta­tues sont trans­por­tées dans la grande salle où, tout à l’heure, les notables vont s’assembler.

Maître Guillot compte les sta­tues dépo­sées sur les socles de bois blanc ran­gés autour de la chambre.

« Dix-neuf, vingt, vingt et un, vingt-deux, vingt-trois… Il en manque deux. Que font les retar­da­taires ? Il est vrai qu’ils ont jus­qu’à midi pour ter­mi­ner, mais ils devraient avoir fini. »

Cepen­dant, les deux jeunes artistes atten­dus ne perdent pas le temps qui leur reste. Cha­cun dans sa cel­lule se dépêche. Dans la pre­mière, à droite de l’es­ca­lier, se trouve un gar­çon d’une quin­zaine d’an­nées : Nico­las. Grand, bien décou­plé, gai com­pa­gnon, il a beau­coup de suc­cès dans les assem­blées où l’on rit et où l’on danse. Mais sa bonne humeur ne l’empêche pas d’être un franc paresseux.

Trop sou­vent, il délaisse l’é­choppe et le burin pour les courses au soleil et les assem­blées joyeuses. Le concours pour le titre de « Maître » l’a rame­né à l’a­te­lier. Au reste, son père lui a décla­ré tout net :

« Tu gagne­ras le titre ou je te ferai bûcheron. »

Et son père tient tou­jours parole.

Nico­las s’est donc mis bra­ve­ment à la tâche. Mais, hélas ! le dic­ton est bien vrai. Rien ne sert de cou­rir… Pen­dant ses longues périodes de paresse et d’i­nac­tion, il a per­du le tour de main ; le ciseau n’o­béit pas à sa volon­té et il en pleure de dépit.

Il avait rêvé d’exé­cu­ter (selon le sujet impo­sé) une Madone tenant dans ses bras l’En­fant nouvelet.

Quel beau sujet ! Il la voit, cette Madone. Mais com­bien est déce­vante la 

Auteur : Demetz L. | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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C’est une humble cruche de grès, une cruche qui fait jaser tout le vil­lage de Vaux.

Légende - Histoire de vaillance et de courage - Tour du diable à VauxIl y a bien des mys­tères à Vaux, celui de la Tour du Diable, une tour en ruines toute cou­verte de lierre, où nul ne pénètre la nuit ; et puis il y a sur­tout le mys­tère de la cruche, celui dont tout le monde parle.

Oh ! cette cruche bleue et grise, qui trône en place d’hon­neur sur la che­mi­née de maître Pierre, juste en des­sous du cru­ci­fix, comme tout le monde la regarde !

Il est cer­tain qu’elle a dû avoir une car­rière tour­men­tée car elle n’est plus qu’un assem­blage de mor­ceaux savam­ment recollés.

Il paraît que cer­tains soirs, maître Pierre, le sym­pa­thique fer­mier, vient seul devant sa cruche : il la regarde très lon­gue­ment… bien soucieux.

Oh ! mys­tère. Après un cer­tain temps, tout à coup, la figure du fer­mier s’illu­mine, il s’en va…

Sa femme qui res­pecte la dite cruche ne laisse à per­sonne le soin de l’é­pous­se­ter ; aucune autre main que la sienne n’y touche.

Cette cruche de grès contient, au dire de maître Pierre, un grand secret.

Lequel ? Nul ne le sait.

***

Lecture pour la jeunesse - orage sur les champsEn ce soir de juillet, des pay­sans vont et viennent d’un air acca­blé sur les che­mins des champs ; ils se regardent quand ils se ren­contrent et n’ont qu’un mot à se dire :

« Tout est perdu ! »

Oui, tout est per­du. Il a grêlé.

En fin d’a­près-midi, après des heures suf­fo­cantes, l’o­rage a écla­té, le ciel s’est nappe d’un nuage cui­vré, et la grêle, ce ter­rible fléau, est tombée.

Elle est tom­bée bru­ta­le­ment, frap­pant sans pitié les pauvres plantes alan­guies. Main­te­nant les