Catégorie : <span>Autres textes</span>

Auteur : Mané, Pierre | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 9 minutes

Par extra­or­di­naire, Jacques Tri­mard ne ren­trait pas ivre ce soir-là. L’inquiétude de savoir sa femme malade, la peur de faire empi­rer la fièvre lui avaient impo­sé la sobrié­té au sor­tir de l’atelier.

Tris­te­ment il avait sui­vi son che­min à tra­vers les rues… plus tris­te­ment encore, il gra­vis­sait ses étages en se disant :

– Que vais-je trou­ver là-haut ? Ma femme mou­rante… aban­don­née… la mai­son en désordre comme je l’ai lais­sée ce matin… pas de dîner… Ah ! misère de misère !…

Et, blas­phé­mant, il pousse la porte.

Il s’arrête, jetant un cri, non d’effroi… mais d’étonnement…

Tout dans la cham­brette est ran­gé… le plan­cher balayé… le lit de la malade propre et blanc… sur la table une nappe et une sou­pière fumante…

– Hein ?… fit l’homme.

– Tu es bien chez toi, entre donc, Jacques, répond la femme en sou­riant de ses lèvres pâlottes.

Tri­mard croit rêver.

– On n’est pour­tant plus au temps des fées ! s’écrie-t-il.

– Si donc… j’en ai vu une aujourd’hui… et bienfaisante.

– Et quelle est-elle ? demande l’homme intrigué.

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Récit d'un missionnaire d'Océanie pour les petits et le catéchisme

Aux Îles Gil­bert[1], le côté « carte pos­tale » de la fête de Noël s’é­va­nouit, balayé par le souffle de l’a­li­zé[2] ; dépouillé d’un folk­lore par­fois super­flu, le mys­tère de la Nati­vi­té gagne en pro­fon­deur, serre de plus près les réa­li­tés du Salut. Nos Gil­ber­tins vivent leur Noël inten­sé­ment ; ils en font une mani­fes­ta­tion publique de foi ; on « va à Noël » dans nos îles, comme on va en pèle­ri­nage, se retrem­per dans la prière et la cha­ri­té, tous ensemble réunis pour une longue semaine à la sta­tion prin­ci­pale de la Mission.

Récit pour les momes du catéchisme dans les missionsCet aspect com­mu­nau­taire de la fête n’est pas le moins frap­pant. A Abe­ma­ma, le Père char­gé de l’é­cole Mano­kou est aus­si curé de l’île. Le dimanche, il des­sert l’un ou l’autre des huit vil­lages répar­tis sur un crois­sant de terre de 34 kilo­mètres… Mais à Noël, les rôles sont inver­sés : les catho­liques se déplacent et viennent à lui.

* * *

Comme l’hi­ron­delle en avance sur le prin­temps, un pre­mier groupe s’est ins­tal­lé le 21 décembre dans la « manéa­pa », l’ins­ti­tu­tion gil­ber­tine par excel­lence, la mai­son « com­mune », le lieu obli­gé de toute réunion. Celle de Mano­kou est 

  1. [1] Les Îles Gil­bert sont un archi­pel de l’O­céa­nie, sous l’é­qua­teur.
  2. [2] Un vent des régions chaudes du globe.
Auteur : Bazin, Martine | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Écou­ter cette histoire

La nuit était froide et le ciel d’O­rient écla­tait en myriades d’é­toiles plus belles les unes que les autres. Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior étaient sor­tis sur la ter­rasse de leur palais, et ils ne se las­saient pas de contem­pler le firmament.

Cette nuit-là, les Rois Mages savaient qu’un astre nou­veau devait appa­raître, dif­fé­rents de tous les autres… Un signe céleste, qui annon­ce­rait la nais­sance du Sau­veur pro­mis à tous les hommes.

Or, voi­ci qu’il appa­rut sous leurs yeux, sor­tant de l’in­fi­nie pro­fon­deur des cieux. Il res­sem­blait à une flamme immense d’où jaillis­saient des mil­liers de lumières de toutes les cou­leurs. Les Mages res­taient là, émer­veillés, n’o­sant par­ler en pré­sence du signe de Dieu.

C’est alors que le jeune frère de Bal­tha­zar, Arta­ban, les rejoi­gnit et rom­pit le silence :

— C’est le signe annon­cé, c’est la pro­messe qui se réa­lise. Vite, il faut partir !

Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior se pré­pa­rèrent en toute hâte et, bien­tôt, une magni­fique cara­vane de cha­meaux, de dro­ma­daires et de che­vaux prit le che­min des mon­tagnes et du désert d’Arabie.

Conte de l'Epiphanie pour le catéchisme - La caravane de chameaux des mages

Les Rois Mages ne quit­taient pas des yeux le signe qui les pré­cé­dait et leur indi­quait la route à suivre.

Cha­cun d’eux avait empor­té pour le nou­veau-né des cadeaux dignes d’un roi : Bal­tha­zar por­tait un cof­fret d’or fin, Gas­pard un pré­cieux vase d’en­cens et Mel­chior un riche fla­con de myrrhe.

Ils avaient déjà fait une demi-jour­née de marche lorsque le jeune Arta­ban s’a­per­çut que, dans sa pré­ci­pi­ta­tion, il avait oublié ses présents.

— Conti­nuez sans moi, dit-il, je retourne au palais et je vous rejoin­drai plus tard, avec mes serviteurs.

Et c’est ain­si que Bal­tha­zar, Gas­pard et Mel­chior sui­virent l’é­toile mys­té­rieuse jus­qu’au lieu où se trou­vait le petit Roi du ciel. Les trois Mages se pros­ter­nèrent devant l’En­fant pour l’a­do­rer et dépo­sèrent à ses pieds l’or, l’en­cens et la myrrhe.

Pen­dant ce temps, Arta­ban avait pris beau­coup de retard. Lors­qu’il fut enfin prêt à par­tir avec deux com­pa­gnons, les pre­mières lueurs de l’aube fré­mis­saient à l’horizon.

Auteur : Renoux, Jean-Claude | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 4 minutesQui ne connaît l’histoire des rois mages qui, gui­dés par une étoile, se ren­dirent à Beth­léem rendre hom­mage à l’Enfant Jésus ?

Le pre­mier s’appelait Gas­pard. Il avait le teint clair des Euro­péens, et appor­tait de l’or. Le second, Mel­chior, avait la peau brune des gens de Pales­tine et d’Arabie. Celui-là était por­teur d’encens. Le troi­sième, Bal­tha­zar, était cou­leur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Afri­cains. Ce der­nier offrit à l’enfant Jésus de la myrrhe.

Raconter l'Epipĥanie aux enfants : Adoration des Mages - Fra Angelico

On sait moins ce qui leur advint sur le che­min du retour.

* * *

Ils étaient savants en beau­coup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se per­dirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’étoile pour les aider. Après avoir erré plu­sieurs jours dans le désert, à bout de nour­ri­ture et sans eau, ils aper­çurent enfin une misé­rable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants.

Les joues déchar­nées, les yeux brillants de faim, ils firent pour­tant bon accueil aux mages, les invi­tèrent à entrer, et leur offrirent un peu du peu qu’ils avaient : de l’eau pour se rafraîchir.

— C’est que nous avons faim aus­si, dit Mel­chior. Un peu de pain, même ras­sis, ferait l’affaire.

Auteur : La Varende, Jean de | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 10 minutesLouisXIII au siège de La Rochelle - Récit de NoëlIl y avait trois cent vingt-neuf ans, le roi Louis XIII, depuis le 10 août, assié­geait La Rochelle. Les pro­tes­tants s’étaient ­adres­sés à l’Angleterre pour obte­nir du secours, de sorte qu’une rébel­lion étroite et d’origine reli­gieuse était deve­nue un acte de haute tra­hi­son. Le Roi, le car­di­nal de Riche­lieu, le duc d’Angoulême, le maré­chal de Bas­som­pierre ­com­man­daient et tenaient des quar­tiers sépa­rés, mais en cette soi­rée, et pour la veille de Noël, ils s’étaient réunis. Le Roi qui, tout le jour, avait tenu à la bat­te­rie du Chef du Bois, allait rece­voir après les messes de minuit. Dans la jour­née, plus de deux cents bou­lets lui avaient pas­sé au-des­sus de la tête, mais l’artillerie s’était arrê­tée brus­que­ment quand l’Angélus avait son­né chez les royaux. Les ­cal­vi­nistes parais­saient avoir obéi à un signal et les canons du Roi eux-mêmes s’étaient tus. Louis XIII ne quit­te­rait pas La Rochelle jusqu’au 17 février.

Il gelait, sous un ciel de pleine lune. Tout le can­ton­ne­ment était silen­cieux d’un bizarre silence, autour d’une ville muette. Au clair de lune, les hautes tours et les cour­tines s’élevaient bleuâtres et, par places, avec d’étroites meur­trières qui bra­sillaient comme des trous de feu.

Le siège de La Rochelle fut triste. Cette guerre fra­tri­cide n’était point popu­laire. Pas un mous­que­taire, ni même un gou­jat, qui ne la jugeât néces­saire, car les hugue­nots, par leur agres­si­vi­té, leur achar­ne­ment, leur malice, avaient signé leur condam­na­tion, mais il est ter­ri­ble­ment cruel, pour un homme de cœur, d’entendre les bles­sés enne­mis se plaindre dans la langue maternelle…

Demain, ce serait la Noël ; il y aurait donc, en effet, des fêtes et des réjouis­sances et le quar­tier royal serait en liesse, mais ce soir, c’était encore la vigile. Presque tous les catho­liques, fouet­tés par l’abandon et les pro­vo­ca­tions cal­vi­nistes, allaient faire leurs dévo­tions. Cette nuit, qui se ter­mi­ne­rait par les réveillons et les média­noches, aurait com­men­cé par la fer­veur. Un répit cer­tain s’élargissait. Le bruit sourd et répé­té du « mou­ton », du for­mi­dable ­mar­teau qui enfon­çait jour et nuit les pieux de la digue, de l’ouvrage de Mete­zeau, ter­mi­né par ­Pom­peo Tar­gone, ce choc de chaque minute avait ces­sé, mais on l’attendait, on l’entendait encore.