Catégorie : <span>Renoux, Jean-Claude</span>

Auteur : Renoux, Jean-Claude | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Récit de Noel ProvencalDans une mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents, res­tait il y a bien long­temps une vieille, vieille femme qu’on appe­lait la mamet Jau­mette. La vie n’a­vait guère épar­gné la vieille, et elle n’a­vait plus de famille qu’un petit-fils. Et encore : l’en­fant qui s’ap­pe­lait Oli­vier était si petit, si maigre, si pâle, que le voyant cha­cun rete­nait sa res­pi­ra­tion de crainte de le voir s’af­fais­ser comme un châ­teau de cartes. La vieille avait en charge la ber­ge­rie du châ­teau de la Baume qui se trou­vait tout à côté de la mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents.

Un jour un méde­cin pas­sant par là, vit l’en­fant si petit, si maigre, si pâle. Il dit à la vieille femme qu’elle devrait mieux le conduire à l’hô­pi­tal. Au regard qu’é­chan­gèrent la mamet Jau­mette et son petit-fils, il sut que rien ne pour­rait sépa­rer ces deux-là. Alors il pro­po­sa à la vieille de faire cou­cher l’en­fant dans la ber­ge­rie, et non dans la vieille mai­son offerte à tous les vents :

— La cha­leur des mou­tons le pro­té­ge­ra du froid, et avec un peu de chance peut-être se por­te­ra-t-il mieux.
Et le méde­cin s’en fut là où l’on payait ses services.

La vieille femme amé­na­gea un coin pour l’en­fant, à l’é­cart des mou­tons, et la vie conti­nua comme par le pas­sé. Mais Oli­vier ne s’en por­tait pas mieux. La fièvre dévo­rait ses grands yeux, et il ne quit­tait plus guère la bergerie.

Vint la période de Noël. Oli­vier, pour pas­ser le temps, confec­tion­na une , et y mit tous les san­tons que la mémé Jau­mette lui avait offerts les Noëls précédents :

Le tout petit Enfant dans son nid de paille, Joseph et Marie, le bœuf et l’âne, les rois mages, l’ange Bou­fa­reu souf­flant dans sa trom­pette, le ber­ger et son chien, un petit pâtre qui por­tait un agneau, l’a­veugle et son fils, un banc d’al­lu­mettes, les amou­reux Mireille et Vincent se cachant der­rière un buis­son de mousse, Rous­tide et sa lan­terne cher­chant les amou­reux, le Ravi s’ex­ta­siant tout en levant les bras, le garde cham­pêtre et le bou­mian, la pois­son­nière et son pis­ta­chier de mari, le rémou­leur, qu’on appelle amou­laïre en , le meu­nier qui s’é­tait char­gé d’un sac énorme de farine fraî­che­ment mou­lue, un mon­treur d’ours et sa bête…

Auteur : Renoux, Jean-Claude | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 4 minutes

Qui ne connaît l’his­toire des rois mages qui, gui­dés par une étoile, se ren­dirent à Beth­léem rendre hom­mage à l’En­fant Jésus ?

Le pre­mier s’ap­pe­lait Gas­pard. Il avait le teint clair des Euro­péens, et appor­tait de l’or. Le second, Mel­chior, avait la peau brune des gens de Pales­tine et d’A­ra­bie. Celui-là était por­teur d’en­cens. Le troi­sième, Bal­tha­zar, était cou­leur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Afri­cains. Ce der­nier offrit à l’en­fant Jésus de la myrrhe.

Raconter l'Epipĥanie aux enfants : Adoration des Mages - Fra Angelico

On sait moins ce qui leur advint sur le che­min du retour.

* * *

Ils étaient savants en beau­coup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se per­dirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’é­toile pour les aider. Après avoir erré plu­sieurs jours dans le désert, à bout de nour­ri­ture et sans eau, ils aper­çurent enfin une misé­rable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants.

Les joues déchar­nées, les yeux brillants de faim, ils firent pour­tant bon accueil aux mages, les invi­tèrent à entrer, et leur offrirent un peu du peu qu’ils avaient : de l’eau pour se rafraîchir.

— C’est que nous avons faim aus­si, dit Mel­chior. Un peu de pain, même ras­sis, ferait l’affaire.