Étiquette : <span>Pastorale</span>

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au cœur de la Provence .

Temps de lec­ture : 4 minutes

JACQUES. — Mon­sieur Ambroise, com­ment a‑t-on eu l’i­dée de fabri­quer ces petits  ?

MAÎTRE AMBROISE. — Ils sont venus tout d’un coup, à leur heure, té ! Quand le bon Dieu l’a vou­lu. Savez-vous que c’est saint Fran­çois d’As­sise, le doux pré­di­ca­teur des oiseaux, qui, le pre­mier, repré­sen­ta la , dans une vraie étable, avec l’âne et le bœuf ? Il est un peu de chez nous, bonne Mère, car sa mère était une Pro­ven­çale. D’I­ta­lie la cou­tume des crèches vivantes est pas­sée chez nous où tout de suite elle a été accueillie avec enthou­siasme.  ! Calen­do ! C’est une fête si Provençale. 

Plus tard, la crèche s’a­nime. Les per­son­nages deviennent acteurs et les Pro­ven­çaux aiment à jouer un rôle autour de « l’En­fan­çoun ». Avec les ber­gers, on voit venir le meu­nier et la meu­nière, le rémou­leur, la pois­son­nière. C’est la avec les pre­miers San­tons en chair et en os. 

Nos petits San­tons d’ar­gile repro­duisent les per­son­nages des pas­to­rales et des vieux Noëls que nous aimons. 

Auteur : Renoux, Jean-Claude | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 10 minutesRécit de Noel ProvencalDans une mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents, res­tait il y a bien long­temps une vieille, vieille femme qu’on appe­lait la mamet Jau­mette. La vie n’a­vait guère épar­gné la vieille, et elle n’a­vait plus de famille qu’un petit-fils. Et encore : l’en­fant qui s’ap­pe­lait Oli­vier était si petit, si maigre, si pâle, que le voyant cha­cun rete­nait sa res­pi­ra­tion de crainte de le voir s’af­fais­ser comme un châ­teau de cartes. La vieille avait en charge la ber­ge­rie du châ­teau de la Baume qui se trou­vait tout à côté de la mai­son, vieille mai­son offerte à tous les vents.

Un jour un méde­cin pas­sant par là, vit l’en­fant si petit, si maigre, si pâle. Il dit à la vieille femme qu’elle devrait mieux le conduire à l’hô­pi­tal. Au regard qu’é­chan­gèrent la mamet Jau­mette et son petit-fils, il sut que rien ne pour­rait sépa­rer ces deux-là. Alors il pro­po­sa à la vieille de faire cou­cher l’en­fant dans la ber­ge­rie, et non dans la vieille mai­son offerte à tous les vents :

— La cha­leur des mou­tons le pro­té­ge­ra du froid, et avec un peu de chance peut-être se por­te­ra-t-il mieux.
Et le méde­cin s’en fut là où l’on payait ses services.

La vieille femme amé­na­gea un coin pour l’en­fant, à l’é­cart des mou­tons, et la vie conti­nua comme par le pas­sé. Mais Oli­vier ne s’en por­tait pas mieux. La fièvre dévo­rait ses grands yeux, et il ne quit­tait plus guère la bergerie.

Vint la période de . Oli­vier, pour pas­ser le temps, confec­tion­na une , et y mit tous les que la mémé Jau­mette lui avait offerts les Noëls précédents :

Le tout petit Enfant dans son nid de paille, Joseph et Marie, le bœuf et l’âne, les rois mages, l’ange Bou­fa­reu souf­flant dans sa trom­pette, le ber­ger et son chien, un petit pâtre qui por­tait un agneau, l’a­veugle et son fils, un banc d’al­lu­mettes, les amou­reux Mireille et Vincent se cachant der­rière un buis­son de mousse, Rous­tide et sa lan­terne cher­chant les amou­reux, le Ravi s’ex­ta­siant tout en levant les bras, le garde cham­pêtre et le bou­mian, la pois­son­nière et son pis­ta­chier de mari, le rémou­leur, qu’on appelle amou­laïre en , le meu­nier qui s’é­tait char­gé d’un sac énorme de farine fraî­che­ment mou­lue, un mon­treur d’ours et sa bête…