Le roi noir, Melchior

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Peu à peu, la rumeur d’un Enfant avec une auréole se répan­dit et péné­tra les coins les plus isolés.

Là-bas, vivaient trois rois qui étaient voi­sins et qui s’ap­pe­laient Gas­pard, et Bal­tha­zar. Ils res­sem­blaient à des men­diants et pour­tant ils étaient des vrais rois et –plus bizarre encore– des sages. Selon l’É­cri­ture, ils savaient s’o­rien­ter d’a­près la constel­la­tion des étoiles et c’est un art dif­fi­cile comme le savent tous ceux qui ont déjà essayé de suivre une étoile.

rois mages - creche baroqueCha­cun des trois rois pré­pa­ra un cadeau pour le divin Enfant. Gas­pard était un roi très puis­sant ; aus­si il pen­sa qu’il fal­lait de l’or pour le Roi des rois. Le pieux Mel­chior vou­lu hono­rer le Dieu des­cen­du sur terre et pour cela il prit de l’en­cens. Et pour­quoi Bal­tha­zar prit-il de la myrrhe ? Avait-il pres­sen­ti que cette Enfant allait souf­frir, et souf­frir jus­qu’à la mort, pour nous ?

En tout cas, c’est ain­si que les trois rois char­gés de leur pré­sent, l’or, l’en­cens et la myrrhe, se réunirent, équi­pèrent un mer­veilleux cor­tège et par­tirent le soir en hâte avec leurs cha­meaux et les élé­phants. Dans la jour­née, les hommes et les ani­maux se repo­saient sous les rochers du désert de pierres et l’é­toile qui leur indi­quait la direc­tion, les atten­dait patiem­ment dans le ciel, caché par la lumière et la cha­leur du soleil. Mais la nuit, elle gui­dait à nou­veau le cortège.

* * *

Ain­si, ils avan­cèrent durant de nom­breux jours. Enfin, en arri­vant à Jéru­sa­lem, l’é­toile sui­vit la direc­tion de Bethléem.

Mais les rois ne la virent plus : en effet, ils cher­chaient un Enfant-Roi, et ils pen­sèrent qu’il ne pou­vait venir que dans le châ­teau d’un roi. Les trois sages étaient tel­le­ment sages qu’ils ne com­pre­naient même plus les choses les plus simples !

Les rois mages se ren­dirent donc au palais du roi de Jéru­sa­lem, le ter­rible Hérode.

Comme tous les juifs, Hérode savait que le Mes­sie devait venir ; aus­si dès que les rois mages lui expli­quèrent la rai­son de leur voyage, il com­prit que cet enfant que les mages recher­chaient, c’é­tait le Mes­sie tant attendu.

Épiphanie raconté aux petits - Rois mages devant HérodeLe roi Hérode était mau­vais et il se mit à craindre ce Roi des cieux venu pour rache­ter les hommes de leurs péchés. Avec per­fi­die Hérode cacha sa haine dans le but de décou­vrir et tuer l’Enfant.

À Jéru­sa­lem, on ne savait pas exac­te­ment com­ment le Mes­sie se mani­fes­te­rait. Mais on espé­rait qu’Il vienne brillant et glo­rieux. Cepen­dant les pro­phètes, si dif­fi­cile à com­prendre, indi­quait plu­tôt la venue d’un Dieu humble.

Afin de ren­sei­gner les rois sages venus d’O­rient, Hérode ras­sem­bla les savants du Temple et leur deman­da où devait naître le Messie.

Les savants ouvrirent leurs grands livres et se réunir en une grande assem­blée pour dis­cu­ter de la ques­tion. Et ils don­nèrent pour réponse la pro­phé­tie d’Isaïe :

« Et toi, Beth­léem, terre de Juda, tu n’es certes pas la plus petite par­mi les villes de Juda, car de toi sor­ti­ra un chef qui pren­dra soin d’Is­raël, mon peuple »

En sui­vant ces pro­phé­tiques indi­ca­tions, les sages rois repar­tirent ; dès qu’ils furent sur la route de Beth­léem, ils virent à nou­veau l’é­toile qui les avaient atten­dus. Ils en furent tout heureux.

Toute la jour­née, ils avaient cher­ché l’En­fant, sans le trou­ver, car ils avaient détour­né les yeux du che­min que leur indi­quait leur céleste guide.

* * *

Enfin, l’é­toile s’ar­rê­ta au-des­sus de l’é­table. Dans la crèche, l’En­fant Jésus les accueillit. Les rois des­cen­dirent de leur mon­ture et l’adorèrent.

Histoire à lire aux petits - l'ÉpiphanieL’un des trois rois du nom de Mel­chior était long comme un arbre et noir comme de l’encre, si bien que même dans la lumière de l’é­toile, on ne voyait de lui qu’une paire d’yeux et de grandes dents blanches.

Chez lui, on l’a­vait nom­mé roi parce qu’il était un peu plus noir que les autres. Mais main­te­nant, il se ren­dait compte, avec cha­grin, que ceux qui le regar­dait avait peur de lui. Chaque fois qu’il se pen­chait de son cha­meau pour don­ner des frian­dises, les enfants s’en­fuyaient et les femmes détour­naient la vue.

Mel­chior s’a­van­ça timi­de­ment et s’a­ge­nouilla devant l’En­fant. Hélas, il aurait aimé mon­trer une toute petite tache blanche et comme il aurait vou­lu faire voir son âme. Il cacha son visage dans ses mains pour ne pas faire peur à l’En­fant Dieu.

Se ren­dant compte que l’En­fant ne criait pas, il osa regar­der un tout petit peu à tra­vers ses doigts. Et il vit l’En­fant char­mant qui lui sou­riait et qui essayait d’at­tra­per ses che­veux cré­pus. Le roi noir en fût tout heu­reux ! Jamais il n’a­vait rou­lé ses yeux si mer­veilleu­se­ment et rit d’une oreille à l’autre.

Ce fut plus fort que lui, Mel­chior sai­sit les pieds de l’En­fant pour embras­ser tous ses doigts comme c’é­tait l’u­sage dans son pays. Et lors­qu’il lâcha les pieds, il vit le miracle : l’in­té­rieur de ses mains était deve­nu blanc !

Et depuis, tous les noirs ont l’in­té­rieur des mains blanc.

Adoration des Mages, 1718 - Gaspare Diziani

D’a­près Karl Hein­rich Waggerl

2 Commentaires

  1. Etienne a dit :

    Quel texte insul­tant ! Mais quelle bassesse !

    9 janvier 2017
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    • Le Raconteur a dit :

      Insul­tant ? Je ne vois pas. Dire que des enfants soient effrayés à la vue d’une per­sonne dont ils aper­çoivent la cou­leur pour la pre­mière fois, ça me paraît plau­sible mais pas insultant ! 

      À l’in­verse, le texte insiste sur la bon­té de ce grand roi mage que remarque tout de suite l’En­fant-Jésus (c’est d’ailleurs un des thèmes récur­rent des contes de Noël ; Jésus repère par­mi tous les autres, le doux, le bon, le souf­frant, le repen­ti ou le pauvre et il l’ac­cueille avec son infi­ni miséricorde.)

      Je vous l’ac­corde, ce texte est empreint d’une forme de pater­na­lisme assez cou­rante au début du XXe siècle. Et même si, fort heu­reu­se­ment, cela n’a plus court de nos jours, ce n’est en aucun cas une insulte.

      Je vous sou­haite une bonne année 2017 !

      11 janvier 2017
      Répondre

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