Noël au ciel

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Temps de lec­ture : 5 minutes

II était une fois deux enfants, une sœur et un frère. C’é­tait des enfants très sages et obéis­sants. Ils en étaient presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs cama­rades, mais encore plus entre eux deux.

Un jour, – c’é­tait la veille de -, ils déci­dèrent de par­tir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec Jésus. Ils se mirent en route de bon matin, car ils pen­saient bien que le che­min serait assez long. Ain­si ils mar­chèrent et mar­chèrent à tra­vers les pay­sages, en direc­tion du soleil levant.

Sou­dain ils enten­dirent au loin le gron­de­ment d’un tor­rent et se trou­vèrent bien­tôt au bord d’un pro­fond ravin lon­gé de ver­ti­gi­neuses falaises. Pru­dem­ment ils s’ap­pro­chèrent du bord. Com­ment faire pour tra­ver­ser ? Alors ils aper­çurent un pont, rec­ti­ligne comme une règle et tout aus­si étroit, qui réunis­sait les deux bords. Ose­raient-ils la tra­ver­sée ? Cela parut de la folie.

Mais voi­là : ce pont s’ap­pe­lait « le pont du men­songe ». Celui qui n’a­vait jamais men­ti de sa vie pou­vait l’emprunter sans dan­ger. Les deux enfants se regar­dèrent et dirent d’un com­mun accord : « Nous n’a­vons jamais men­ti de notre vie, allons‑y. » Un peu trem­blants ils s’y enga­gèrent, un pied devant l’autre, et encore un pied devant l’autre, et ain­si de suite, et ils gagnèrent le bord opposé.

Un peu fati­gués, ils conti­nuèrent leur route. Au bout d’un cer­tain temps ils enten­dirent de loin­tains rugis­se­ments. Mal­gré leur frayeur ils avan­cèrent. Les rugis­se­ments enflèrent, cela res­sem­blait bien à des rugis­se­ments de lions, mais ils ne purent rien voir, car le pay­sage était sau­vage : des four­rés et des buis­sons épi­neux s’é­ten­daient à perte de vue.

Brus­que­ment ils virent quelque chose de jaune doré bou­ger à tra­vers les branches. Ils s’ar­rê­tèrent net : c’é­tait bien deux lions, un à droite et l’autre à gauche du sen­tier. Que faire ? Rebrous­ser chemin ?

Mais voi­là : c’é­taient « les lions bagar­reurs, les lions de la colère ». Celui qui ne s’é­tait jamais bagar­ré ni mis en colère contre qui­conque pou­vait pas­ser sans être atta­qué. Les deux enfants se regar­dèrent et dirent d’un com­mun accord : « Nous ne nous bat­tons jamais et ne fai­sons jamais de colère, Allons‑y. »

Les enfants espé­rèrent pou­voir se repo­ser un peu sous leurs fins bran­chages. Mais en s’ap­pro­chant, que décou­vrirent-ils ? Un maré­cage, des trous gluants d’eau noire entre des îlots de boue flot­tante, plus trace de sen­tier. Impos­sible de s’y hasarder.

Le cœur bat­tant ils avan­cèrent et, len­te­ment, pas­sèrent indemnes entre les deux lions qui ne bou­gèrent pas. Encore un peu plus fati­gués ils conti­nuèrent leur route. L’a­près-midi avan­çait. Le soleil avait pas­sé le zénith depuis long­temps, Com­bien de temps encore jus­qu’au ciel ? En sor­tant enfin des four­rés, le sen­tier sem­blait s’o­rien­ter vers un replat par­se­mé de bou­leaux, recon­nais­sables à leurs troncs blancs.

Mais voi­là : ce maré­cage s’ap­pe­lait « le pas­sage de l’o­béis­sance ». Celui qui n’a­vait jamais déso­béi à ses parents ni à qui­conque, pou­vait s’y ris­quer. Les deux enfants se regar­dèrent et dirent d’un com­mun accord : « Nous n’a­vons jamais déso­béi, nous pou­vons poser nos pieds sur le maré­cage, allons‑y. » Et ils pas­sèrent sains et saufs.

Arri­vés de l’autre côté ils regar­dèrent : le soleil bais­sait, l’ho­ri­zon com­men­çait à se mettre au rose, mais le sen­tier conti­nuait et sem­blait enfin mon­ter. « Dépê­chons-nous de grim­per » se dirent-ils, « il ne s’a­git pas d’ar­ri­ver en retard. »

Ils s’en­ga­gèrent en hâtant le pas et, à la tom­bée de la nuit, un peu essouf­flés, ils se trou­vèrent devant l’im­mense por­tail du ciel. Un silence abso­lu régnait. Les enfants s’é­taient atten­dus à entendre de la musique, des répé­ti­tions de chants de Noël, certes atté­nuées par l’é­pais­seur de la porte, mais quand même.

Alors timi­de­ment, ils frap­pèrent au por­tail. Rien ne bougeait.

Ils frap­pèrent plus fort et encore plus déci­dés et encore plus fort. Enfin ils enten­dirent de lourds pas, un peu traî­nants, s’ap­pro­cher de l’in­té­rieur. Et le por­tail s’ou­vrit un peu grin­çant, l’es­pace d’une fente. La tête bar­bue de Saint Pierre appa­rut et il dévi­sa­gea les enfants d’un air éton­né : « Que vou­lez-vous, les petits ? », « On est venu pour fêter Noël au ciel ce soir » dirent-ils avec une cer­taine assu­rance. « Ah ! » dit-il, en se lis­sant la barbe, « Mais voyons, le soir de Noël tout le ciel, Jésus et tous les anges des­cendent sur la terre. Il n’y a per­sonne ici. Ils sont tous des­cen­dus pour fêter Noël avec les hommes, avec tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants, filles et gar­çons, sages ou méchants. Ici le ciel est vide. »

D. Casa­lis

Source : http://www.mamanvogue.fr/les-jolis-contes-de-noel-a-raconter-aux-enfants/
Coloriage : L'ange Gabriel annonçant la naissance du Sauveur à Noël

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