Étiquette : <span>24 décembre</span>

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 5 minutes

II était une fois deux enfants, une sœur et un frère. C’é­tait des enfants très sages et obéis­sants. Ils en étaient presque un peu fiers. Ils aimaient bien jouer avec leurs cama­rades, mais encore plus entre eux deux.

Un jour, – c’é­tait la veille de -, ils déci­dèrent de par­tir tout seuls fêter Noël au ciel, avec les anges et avec Jésus. Ils se mirent en route de bon matin, car ils pen­saient bien que le che­min serait assez long. Ain­si ils mar­chèrent et mar­chèrent à tra­vers les pay­sages, en direc­tion du soleil levant.

Sou­dain ils enten­dirent au loin le gron­de­ment d’un tor­rent et se trou­vèrent bien­tôt au bord d’un pro­fond ravin lon­gé de ver­ti­gi­neuses falaises. Pru­dem­ment ils s’ap­pro­chèrent du bord. Com­ment faire pour tra­ver­ser ? Alors ils aper­çurent un pont, rec­ti­ligne comme une règle et tout aus­si étroit, qui réunis­sait les deux bords. Ose­raient-ils la tra­ver­sée ? Cela parut de la folie.

Mais voi­là : ce pont s’ap­pe­lait « le pont du men­songe ». Celui qui n’a­vait jamais men­ti de sa vie pou­vait l’emprunter sans dan­ger. Les deux enfants se regar­dèrent et dirent d’un com­mun accord : « Nous n’a­vons jamais men­ti de notre vie, allons‑y. » Un peu trem­blants ils s’y enga­gèrent, un pied devant l’autre, et encore un pied devant l’autre, et ain­si de suite, et ils gagnèrent le bord opposé.

Un peu fati­gués, ils conti­nuèrent leur route. Au bout d’un cer­tain temps ils enten­dirent de loin­tains rugis­se­ments. Mal­gré leur frayeur ils avan­cèrent. Les rugis­se­ments enflèrent, cela res­sem­blait bien à des rugis­se­ments de lions, mais ils ne purent rien voir, car le pay­sage était sau­vage : des four­rés et des buis­sons épi­neux s’é­ten­daient à perte de vue.