Des histoires pour l’Épiphanie
Ayant pour thèmes : Épiphanie, Galette, Roi mage
Le Fils du Mage

Conte pour l’Épiphanie DE son palais aux multiples colonnes de porphyre, aux vastes toits plats qui formaient des terrasses, aux salles à fresques ornées de personnages, Gaspard, le Roi Mage, venait de partir. Monté sur un chameau richement caparaçonné, escorté des esclaves aux torses de bronze, Gaspard s’en allait, de compagnie avec Melchior et Balthasar , offrir ses hommages au nouveau Roi dont une merveilleuse étoile leur avait révélé la venue… Mais voici que, à quelque distance de l’imposant cortège, une forme gracile se glisse… C’est Ninus, le fils de Gaspard ; il vient d’échapper à la surveillance de la reine Makéri, sa mère, toute troublée par les récents adieux de son époux. Il marche, l’enfant royal, bien décidé à suivre son père, car il a surpris le motif du voyage des trois Mages et il a fermement résolu d’aller adorer, lui aussi, ce nouveau prince… ce prince pour lequel une étoile vient de s’allumer au ciel !… Mais, avant de se mettre en route, Ninus s’était demandé quel présent …
Continuer la lecture…VI. Les Rois mages.

Peu de temps après, on vint dire au Roi Hérode, qui régnait à Jérusalem, que des Rois Mages qui arrivaient de très loin voulaient le voir et qu’ils demandaient : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naître, car nous avons vu son étoile en Orient et nous venons à Jérusalem pour l’adorer ? » Hérode fut très effrayé de ce qu’on lui disait, parce qu’il craignait qu’un Roi plus puissant que lui ne vînt lui enlever son Royaume. Et toute la ville de Jérusalem eut peur aussi. Hérode fit venir les Rois Mages, leur parla, les questionna, et il sut que le Roi dont parlaient les Mages était le Christ, le Fils de Dieu que les Juifs attendaient d’après les livres des Prophètes. Alors Hérode fit venir les savants, Princes des prêtres et docteurs du peuple, et il leur demanda où le Christ devait naître. Ils lui répondirent : « À Bethléem, ville de Juda. » Hérode emmena les Mages chez lui, leur fit beaucoup de …
Continuer la lecture…Le conte des trois Mages et des trois vertus

Foi, espérance et charité. Comme chaque année, les trois Mages, Gaspard, Balthazar et Melchior, guidés par l’étoile d’Orient qui flambait, plus que jamais, dans la nuit de nos temps, se dirigeaient avec la même ferveur vers la crèche de l’Enfant Roi pour lui offrir leurs traditionnels présents – de l’or, de l’encens et de la myrrhe – lorsque, contre toute habitude, un ange leur apparut en chemin pour leur annoncer que cette fois-ci l’Enfant désirait d’autres cadeaux qui ne lui soient pas destinés à lui, mais aux visiteurs de sa crèche. Les mages furent aussi surpris que troublés et interrogèrent l’Envoyé : Gaspard — Comment ? D’autres cadeaux ? Et pas à LUI ? Pourquoi ? Il n’apprécie plus nos cadeaux ? Il s’est lassé de nous ? L’ange — Non, non, pas du tout, au contraire, mais il s’est peut-être lassé des mêmes cadeaux. De plus, il n’en veut pas pour Lui. Il est venu pour donner et se donner, pas pour recevoir. Balthazar — Mais quels autres cadeaux offrir ? Et à des visiteurs ? Nous sommes déjà en …
Continuer la lecture…Conte de l’Épiphanie

On dit que bien menteurs sont les chasseurs. Ils sont poètes à leur façon, ces grands chevaliers de la nature, et je crois plutôt qu’ils ne mentent point, mais qu’il leur arrive parfois d’exagérer la vérité. Oyez cependant. Souvent, ces soirs d’hiver, quand seul, on se sent si bien chez soi, près d’un bon feu qui flamboie, le vieux curé du village, Deferr, avait l’aubaine de recevoir la visite nocturne de maître chasseur Rossoz. Ce n’était ni un scrupuleux, ni un athée notoire que notre chasseur. De temps à autre, le Bon Dieu devait pourtant se contenter d’une bonne intention en guise de sanctification du dimanche. Cependant, maître Rossoz n’oubliait pas son vieux curé Deferr et les soirées d’hiver, quand la lune n’était pas propice pour l’affût de fin limier goupil, il s’en allait vers le presbytère. Non pas qu’il allât se confesser, car notre chasseur ne sentait le besoin, et pour son corps et pour son âme, de se lessiver …
Continuer la lecture…Le Pâtre et les trois Mages

(Légende) L’étoile filait doucement sous le ciel bleu, laissant derrière elle une longue traînée d’or, et les trois rois qui avaient quitté leur palais de marbre au bout du monde, la suivaient anxieusement à travers les monts, et les vallées. Les pages portaient des présents magnifiques : l’or, l’encens et la myrrhe, et des coffrets d’argent ciselé, destinés à l’Enfant-Roi. « Le cimeterre au clair ou la lance sur l’épaule, dit un auteur, leurs gardes les accompagnaient, et derrière chacun d’eux, comme figés dans leurs armures étincelantes, marchaient trois écuyers, l’un portant l’étendard du maître, l’autre son sceptre et le troisième sa couronne, sur laquelle, par instants, les ors et les diamants luisaient comme d’étranges lucioles. » À Jérusalem, l’étoile sans pareille s’éteignit et les trois rois crurent qu’ils étaient arrivés ; mais nul ne connaissait le nouveau Roi. Quelle tristesse ! Hérode et les scribes, obligés de relire la prophétie de la naissance, leur dirent enfin : « Allez à Bethléem ! Et lorsque vous l’aurez trouvé ajouta le farouche Hérode, annoncez-le moi, afin …
Continuer la lecture…La leçon de catéchisme

(Conte d’Épiphanie) Un chemin qui monte, monte roide entre de hauts talus couronnés de genêts et d’ajoncs, un chemin tout au plus bon pour les mules, c’est le chemin de Grénefol : un vrai chemin du paradis, qui monte, monte, avec le ciel au bout. Il va tout d’un élan de la borde de Grénefol à l’église de Figueblanche, tout droit, sans le moindre caprice d’école buissonnière, sans le plus innocent jeu de cligne-musette à travers champs. C’est tout au plus s’il se permet de loin en loin un cloche-pied. La borde est au creux de la combe, petit capuchon bleu pointant dans un manteau de bois. Le clocher de l’église, tout en haut de la côte, jette à tous vents le son de ses cloches en plein ciel, et du matin au soir surveille la ronde de son ombre tournante sur la poussinée de maisons qui est autour. Et donc, montant roide de la borde à l’église à vous rompre l’haleine, descendant follement de l’église …
Continuer la lecture…La galette et les rois mages

Qui ne connaît l’histoire des rois mages qui, guidés par une étoile, se rendirent à Bethléem rendre hommage à l’Enfant Jésus ? Le premier s’appelait Gaspard. Il avait le teint clair des Européens, et apportait de l’or. Le second, Melchior, avait la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie. Celui-là était porteur d’encens. Le troisième, Balthazar, était couleur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Africains. Ce dernier offrit à l’enfant Jésus de la myrrhe. On sait moins ce qui leur advint sur le chemin du retour. * * * Ils étaient savants en beaucoup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se perdirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’étoile pour les aider. Après avoir erré plusieurs jours dans le désert, à bout de nourriture et sans eau, ils aperçurent enfin une misérable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants. Les joues décharnées, les yeux brillants de faim, ils firent pourtant bon …
Continuer la lecture…Épiphanie

Or, la nuit était venue violette et troublante. Sur les pas du sacristain, la clef grinça et le pêne lourd fit dans la cathédrale un grondement de tonnerre. Le bruit porté de voûte en voûte, d’ogive en ogive par tous ces gestes croisés des arcs, emplit la nef et s’évanouit dans les bas-côtés en un murmure de voix confuses. La lampe d’autel, balancée lentement sur son fil, tremblait sa flamme rouge et pailletait de clartés fugitives, le cuivre des candélabres et le bois poli des stalles. Dans la rue, quelques fenêtres roses où passent des ombres derrière les rideaux, un chat noir. Onze heures a sonné sur la ville assoupie. Il fait sombre dans l’église et les vitraux ternes dans leur dentelle de pierre semblent des jeux de patience. Et voilà, qu’en ce soir des Rois, ils s’irradient, comme si un soleil merveilleux les pénétrait, les vivifiait ; ils éblouissent, ils aveuglent. Leurs tons chatoyants ont des nuances exquises, les étoffes sont opulentes et drapées à …
Continuer la lecture…La vraie adoration des bergers

D’après les noëls d’Auvergne. CETTE nuitée, avant-veille de saint Étienne, premier martyr, les bergers faisaient la veillée au pied d’une petite montagne. Ils avaient allumé un clair et grand feu. Le puy les abritait du vent, et Grabié, de sa cime, sur-veillait les troupeaux. On le voyait appuyé à son bâton, debout et noir contre le ciel plein d’étoiles. Enveloppés dans leurs limousines, Cirgues et Guillot dormaient, le chaperon sur la face. Les autres, en écoutant les contes que leur narrait Robin, se chauffaient les mains aux flammes ou mangeaient des châtaignes cuites sous la cendre. Parfois un bousset de vin passait à la ronde. Ils buvaient alors à la régalade ; et la lumière rouge éclairait leurs têtes renversées. Sur la mi-nuit, comme Gauthier se levait pour jeter sur les braises une brassée de genièvre, une soudaine clarté illumina la campagne et tous furent saisis de frayeur. Mais, du haut des cieux, des anges beaux comme le jour leur disaient de ne point …
Continuer la lecture…Une crèche à la page

Qu’en penses-tu, Michel ? – Qu’en dis-tu, Nicolas ? – Parle aussi, toi, Luc… » Parler ?… Souvent, la chose est aisée aux trois garçons. Aujourd’hui, elle leur semble terriblement difficile : ils voudraient exprimer des choses… des choses qui ne sont pas faciles à dire. Alors, ils se taisent ; ils réfléchissent et concluent seulement : « Il faut que ça finisse ! » *** De mémoire d’homme, il y eût des frottements durs entre les Têtembois-de-la-ville et les Têtembois-de-la-terre. Ceux de la ville éclaboussaient les cousins paysans de leurs toilettes et de leur argent, de leur fin parler, de leur confort et de leur mépris pour cette allure de rustauds endimanchés qu’ils promenaient sur les trottoirs de la ville, les jours de marché. Ceux de la terre se moquaient un brin des cousins citadins qui ne distinguaient pas une poule d’un coq, et pour un peu de boue poussaient des cris de pintade effarouchée ; surtout, ils ne leur pardonnaient pas de compter pour abêtissant leur rude labeur, et de les tenir pour rustres, parce qu’ils …
Continuer la lecture…La légende du quatrième Roi Mage

Écouter cette histoire La nuit était froide et le ciel d’Orient éclatait en myriades d’étoiles plus belles les unes que les autres. Balthazar, Gaspard et Melchior étaient sortis sur la terrasse de leur palais, et ils ne se lassaient pas de contempler le firmament. Cette nuit-là, les Rois Mages savaient qu’un astre nouveau devait apparaître, différents de tous les autres… Un signe céleste, qui annoncerait la naissance du Sauveur promis à tous les hommes. Or, voici qu’il apparut sous leurs yeux, sortant de l’infinie profondeur des cieux. Il ressemblait à une flamme immense d’où jaillissaient des milliers de lumières de toutes les couleurs. Les Mages restaient là, émerveillés, n’osant parler en présence du signe de Dieu. C’est alors que le jeune frère de Balthazar, Artaban, les rejoignit et rompit le silence : — C’est le signe annoncé, c’est la promesse qui se réalise. Vite, il faut partir ! Balthazar, Gaspard et Melchior se préparèrent en toute hâte et, bientôt, une magnifique caravane de chameaux, de dromadaires et de chevaux …
Continuer la lecture…Babouchka

Conte russe Il était une fois une vieille femme nommée Babouchka qui habitait, seule, une toute petite maison au cœur de la forêt. Sans cesse, elle s’affairait, cousait, cuisinait, nettoyait et, tout en travaillant, elle chantait. Pour se tenir compagnie, elle chantait des chansons, vieilles et nouvelles, et en inventait ; elle était de nature joyeuse. La grand-route passait loin de la maisonnette si bien que les visiteurs étaient rares. Babouchka fut donc bien étonnée, un après-midi d’hiver, d’entendre un grand vacarme dans la forêt. « C’est peut-être un ours » se dit-elle et elle se mit à trembler. Mais non, un ours ne fait pas crisser la neige sous ses pas de la sorte. Elle tendit à nouveau l’oreille et entendit résonner des bruits de pas. Cette fois, c’était sûr, elle allait avoir de la visite ! Elle s’empressa d’ajouter quelques bûches et de mettre la grosse bouilloire noire sur le feu. Quelques instants plus tard, on frappa fort à la porte. Babouchka sursauta : — Qui est là ? demanda-t-elle d’une petite voix craintive. — Des voyageurs …
Continuer la lecture…Marie veillant sur l’Enfant-Jésus

ANT bien que mal, la sainte Famille s’installa dans la grotte. Les bergers les aidèrent en apportant quelque mobilier rudimentaire, suffisant pour faire le ménage, laver les langes et préparer les repas. Joseph avait été s’inscrire dans la liste des descendants de David, son ancêtre, et attendait avec impatience que Jésus eût quelques jours de plus pour rentrer à Nazareth et retrouver son commerce. La température était douce. Le soir seulement, le froid pinçait ; heureusement, l’âne, de sa grosse chaleur animale, réchauffait la petite grotte. Vraiment, personne ne pouvait se plaindre. D’ailleurs quand le Bon Dieu est avec nous, que peut-il nous manquer encore ? C’était vers la fin de la journée. Elle avait été très belle, très claire et pas trop chaude. Sur le ciel bleu, le soleil déjà bas avait un bon rire d’or et safranait la campagne. Marie et Joseph, assis à l’entrée de la grotte, goûtaient la paix du soir et contemplaient Jésus, endormi en suçant son pouce. Un grand vol de …
Continuer la lecture…L’adoration de Leïla

Conte de l’Épiphanie. En ce temps-là, l’étoile miraculeuse parut au firmament. Et les mages Gaspar et Balthazar vinrent, en caravane pompeuse, rejoindre le mage Melchior. Et tous trois se disposèrent à suivre le guide scintillant et lointain. Or, vivait à la cour du roi Melchior une fillette de dix à douze ans nommée Leïla. Le chef des esclaves, captivé par sa grâce frêle, par son blanc visage, fleur précieuse et rare, au milieu des visages brûlés et basanés du pays, l’avait achetée. C’était elle qui tenait l’éventail devant le trône du roi Melchior et la bienveillance du monarque s’étendait jusqu’à l’enfant, car elle était douce et silencieuse et savait chanter de mélodieuses et mélancoliques chansons qui berçaient le repos pendant les longues somnolences de midi. Leïla, remplissant sa charge, entendit ces mots que prononçait le roi Gaspar : — Un grand roi nous est né ! Sous son règne, les hommes s’aimeront et seront tous frères ! Il n’y aura plus de haines, d’esclavage ! Suivons donc l’étoile et …
Continuer la lecture…Le retour des Rois Mages

L’enchantement était terminé ; comme s’il eût voulu faire comprendre à ses adorateurs lointains que le moment était venu de retourner dans leur pays, le divin Enfant ferma les yeux, le nimbe de lumière qui auréolait sa tête s’adoucit et, avec un sourire, la Vierge mère posa un doigt sur ses lèvres. À ce signal, les anges qui chantaient encore le cantique triomphal, se turent subitement ; il se fit un grand silence et les trois Mages, se levant, quittèrent l’étable, graves et recueillis. À la porte, ils retrouvèrent les bergers qui se racontaient de l’un à l’autre, les merveilles accomplies. Ils arrivèrent au campement où leurs chameaux accroupis pêle-mêle, parmi les serviteurs, se livraient à l’insouciance du repos. Instinctivement, ils levèrent leurs yeux vers le ciel : l’étoile était là, plus brillante que jamais. Cependant un changement s’était opéré : tandis qu’au premier jour, ses rayons descendaient droits sur l’étable, ils s’inclinaient maintenant vers l’Orient. Les Mages comprirent sa muette invitation et bientôt la …
Continuer la lecture…Dans les coffres du roi Melchior

Épiphanie Sa maigre figure de petite fille misérable collée aux barreaux de la grille en bois doré, Azia suit de ses yeux tristes, un peu bridés, le remue-ménage insolite du palais royal. Par toutes les portes, des serviteurs vont, viennent, courent, s’appellent ; dans la cour, d’autres apportent des coffres bardés de fer et des ballots d’étoffes précieuses ; aux écuries, on harnache le dromadaire blanc du roi Melchior et les chameaux de sa suite. Ça ne l’intéresse pas tellement, Azia… mais ça lui passe le temps. Ses journées sont si longues, si longues, depuis qu’elle est toute seule en la grand-ville, pauvrette abandonnée ! Elle était heureuse, voila quelques mois, dans la jolie maison rose aux tentures de soie, pleine de fleurs odorantes et toute chaude de la tendresse d’un papa et d’une maman. Mais une horde venue de l’Occident a détruit la maison rose et emmené captifs le papa et la maman qui faisaient tout son bonheur de petite fille. Où sont-ils à présent ? …
Continuer la lecture…Degemer, le chien du mage Balthazar

La rumeur s’est répandue aux quatre coins du monde. Et là, je suis intrigué par mon maître que je trouve de plus en plus agité. En fait, il n’y tient plus depuis qu’il a repéré cette étoile nouvelle, plus grande et plus brillante que les autres. Et le voilà tout impatient de prendre la route pour, d’abord, rejoindre Melchior et Gaspard. Les mages ! Oui mon maître est mage. Je pourrais dire aussi que c’est un grand sage même si dans l’immédiat, je le trouve bizarre. Il me parle d’un nouveau-né qui est fils de Dieu, qu’il va le rejoindre, guidé par l’étoile du berger et qu’il lui offrira ce qu’il a de plus précieux : de la myrrhe. Un nom du pays breton C’est très confus pour moi tout cela. Là, je l’entends projeter d’aller jusqu’à l’enfant né… mais sans moi ! Pourtant, Balthazar, je ne le lâche jamais, je le suis partout, je l’écoute et compatis quand il faut. Je le distrais de mes sauts, …
Continuer la lecture…Conte de l’Epiphanie

Imaginez une de ces nuits d’Orient dont l’immensité bleue du ciel, d’une pureté et d’une profondeur magnifique, fait ressortir des milliers d’étoiles. Une brise fraîche et légère monte du désert. Les jardins exhalent des effluves de roses de Damas et de jasmin. L’heure est propice : de savants personnages, des mages, l’air grave, scrutent les étoiles. La tradition chrétienne en a fait des rois et les a nommés Melchior, Gaspard et Balthasar. Ce sont des astronomes ou astrologues, sans doute adonnés aux arts divinatoires, prêtres de leur religion, et donc de dignité quasi royale. Ils interrogent la voûte céleste depuis si longtemps, que rien, ou presque, ne leur est abscons : ni les constellations et conjonctions des planètes, ni les comètes et les éclipses. Mais cette nuit-là, quelque chose d’étrange et d’inhabituel survient… une étoile inconnue les éblouit soudain, les attire, les appelle : est-ce le signe d’un événement important ? * * * Les anciens pensaient en effet que les étoiles dirigeaient la destiné des hommes. …
Continuer la lecture…Le Gâteau des Rois

Le sixième jour du mois de janvier 1663, le roi Louis XIV avait convié le ban et l’arrière-ban de ses courtisans à une splendide partie de chasse qu’il donnait, en l’honneur de la fête des rois, dans la forêt de Fontainebleau. Les invités, massés dans la cour d’honneur du château, vêtus de somptueux costumes de velours brodés d’or et d’argent et montés sur de superbes coursiers, attendaient la venue de Sa Majesté en devisant des mille petites histoires de la cour. Soudain, la grande porte du vestibule s’ouvrit à deux battants et l’huissier de service, s’avançant sur le perron, annonça : — Messieurs, le roi ! Aussitôt, toutes les têtes se découvrirent et le silence se fit tandis que le monarque puissant s’approchait de sa monture, la caressait doucement du bout de sa main gantée. Puis, saisissant à poignée la crinière soyeuse du bel animal, il engagea son pied dans l’étrier et s’élança en selle. Mais celle-ci, sans doute mal attachée, tourna sur elle-même, une courroie se rompit …
Continuer la lecture…Le conte des Rois Mages

Les trois rois mages, Balthazar, Melchior et Gaspard, portant l’or, l’encens et la myrrhe, étaient partis à la recherche de l’Enfant Jésus, mais comme ils ne connaissaient pas bien le chemin de Bethléem, ils s’étaient égarés en route et, après avoir traversé une forêt profonde, ils arrivèrent à la nuit tombante dans un village du pays de Langres. Ils étaient las, ils avaient les bras coupés à force de porter les vases contenant les parfums destinés au fils de Marie et, de plus, ils mouraient de faim et de soif. Ils frappèrent donc à la porte de la première maison du village, pour y demander l’hospitalité. Cette maison, ou plutôt cette hutte, située presque à la lisière du bois, appartenait à un bûcheron nommé Denis Fleuriot qui y vivait fort chichement avec sa femme et ses quatre marmots. Elle était bâtie en torchis avec une toiture de terre et de mousse à travers laquelle l’eau filtrait les jours de grande pluie. Les …
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