Une mission périlleuse, une guérison miraculeuse

| Ouvrage : Les amis des Saints .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Au sommet d'une colline se dresse un vieux chateau

Au VIIIe siècle vivait une fille de roi qui s’ap­pe­lait Wal­burge, ce qui signi­fie « Gra­cieuse ». Cette prin­cesse per­dit sa mère de bonne heure, et lorsque le roi déci­da de se joindre à ses deux fils, dans leur péle­ri­nage aux Lieux Saints, Wal­burge qui avait alors onze ans, lui dit : 

— Mon père, que ferai-je à la Cour sans vous et mes deux frères ? Lais­sez-moi vous attendre dans un monastère. 

Et le roi l’ac­com­pa­gna jus­qu’à l’ab­baye béné­dic­tine de Winborn. 

L’an­née sui­vante, ayant appris la mort de son père, la prin­cesse réso­lut de demeu­rer dans sa retraite, et quand elle eut dix-huit ans, elle se consa­cra défi­ni­ti­ve­ment à Dieu. 

Les années pas­sèrent ; les pre­miers che­veux blancs appa­rurent mais le voile cachait ces témoi­gnages du temps. Wal­burge vivait heu­reuse et s’ap­prê­tait à ter­mi­ner ses jours à Win­born lorsque l’é­vêque Saint Boni­face, qui était son oncle et l’a­pôtre de l’, la fit venir, elle et plu­sieurs de ses com­pagnes, pour fon­der un monas­tère de femmes dans son diocèse. 

C’est ain­si que Wal­burge, fille de roi, devint abbesse de Hein­den­heim. Elle avait près de cin­quante ans. 

Peu après, il se pas­sa un fait extra­or­di­naire… Mais chut !… Écou­tez la cloche du soir au monas­tère de Hein­den­heim… huit… neuf… dix… onze coups ! 

Walburge sort du monastère

Enten­dez-vous comme la cam­pagne reten­tit encore de ce bruit d’ai­rain ? Les reli­gieuses ont l’ha­bi­tude ; elles sont depuis peu endor­mies et le son fami­lier ne les gêne guère. L’ab­besse, age­nouillée dans la cha­pelle, pro­longe, selon sa cou­tume, une prière fervente. 

Elle se lève sou­dain, s’en­ve­loppe de sa cape et après avoir jeté un der­nier regard d’a­mour vers le taber­nacle, quitte la cha­pelle et sort du monas­tère. Elle a pris une lampe qui jette des lueurs falotes dans la noire cam­pagne de Thu­ringe. La douce, l’exal­tante nuit l’en­ve­loppe, mais Wal­burge ne remarque ni les étoiles qui lui sou­rient par myriades, ni le souffle léger du vent qui lui caresse le visage et fait voler son voile, ni le bruit de ses pas sur le che­min. Elle va, en toute hâte, sait-elle où ? S’é­loi­gnant de plus en plus du monas­tère qui se fond peu à peu dans l’obscurité. 

Par-delà la vaste plaine qui s’é­tend devant elle, cam­pé au som­met d’une col­line, se dresse un vieux châ­teau. Wal­burge se dirige de ce côté sans hési­ter. La route est longue et les pieds de l’ab­besse, peu habi­tués à une telle marche, tré­buchent par­fois sur les pierres. Bien­tôt, la masse impo­sante du châ­teau se rap­proche et Wal­burge dis­tingue une lumière qui se fait de plus en plus éblouis­sante au tra­vers d’une fenêtre de l’é­di­fice. La voi­ci enfin arri­vée devant la lourde porte d’entrée. 

C’est alors qu’une horde de chiens l’en­toure, aboyant, hur­lant, sau­tant près d’elle, sans cepen­dant lui faire le moindre mal. 

Wal­burge leur parle avec dou­ceur, mais les bêtes redoublent de rage et de cris, jus­qu’à faire sor­tir du châ­teau le maître des lieux. Les chiens se taisent alors et se perdent dans l’obs­cu­ri­té des alen­tours, tan­dis que Wal­burge consi­dère un moment celui qui vient de paraître. 

C’est un homme assez jeune, dont le visage exprime une noire déso­la­tion. Les che­veux défaits, la barbe hir­sute, le regard sombre et comme éga­ré, tout en lui dénote une détresse dont Wal­burge mesure la pro­fon­deur lors­qu’elle s’en­tend dire : 

Que voulez-vous à cette heure ?

— Venez-vous ajou­ter à notre détresse ? Que vou­lez-vous à cette heure ? Pour­quoi mes chiens ne vous ont-ils pas mise en pièce ? 

— Dieu m’a gar­dée de leurs dents féroces, répond-elle. C’est lui qui m’en­voie vers vous. 

— Dieu ? dit-il en la regar­dant avec éton­ne­ment. En ce cas, entrez, ma Mère, je ne sau­rais aller contre Lui.

Et après avoir refer­mé la porte der­rière elle : 

— Pour­tant, il me faut remon­ter là-haut. Vou­lez-vous me suivre ? 

Sans répondre, l’ab­besse emboîte le pas à son guide et tous deux pénètrent bien­tôt dans une chambre éclai­rée par d’in­nom­brables bou­gies illu­mi­nant toute chose comme le plein soleil. Dans un coin de cette chambre meu­blée riche­ment, un lit est dres­sé ten­du de soie et d’or, au pied duquel se tient une femme éplo­rée, et, dans le lit, une pâle figure d’en­fant, les yeux grands ouverts sur cette fée­rie de lumière. 

À cette vue Wal­burge s’arrête. 

Hélas ! notre fille va mourir

— Notre fille, notre unique, va mou­rir, dit le père. Mais la nuit l’é­pou­vante, c’est pour­quoi nous avons allu­mé tous ces flambeaux. 

— Dieu ne veut pas que cette enfant meure, dit Wal­burge. Il a puis­sance sur la vie et sur la mort elle-même. Croyez-vous cela ? 

— Hélas ! dit la mère, les plus habiles méde­cins sont venus et n’ont rien pu pour la guérir. 

— Dieu est le seul véri­table méde­cin, reprend Wal­burge. Lui seul envoie la mort ou la vie, frappe ou gué­rit selon ses des­seins misé­ri­cor­dieux et impé­né­trables. Étei­gnez ces lumières ! 

Une telle auto­ri­té émane d’elle que les parents n’osent s’op­po­ser aux dési­rs de l’ab­besse. Une à une les chan­delles sont éteintes. Il n’en reste qu’une seule et Wal­burge congé­die le père et la mère. 

— Je pas­se­rai la nuit ici, pour­suit-elle. Vous, aidez-moi dans mes prières en met­tant toute votre confiance en Dieu. 

Qui connaî­tra les échanges d’a­mour entre le Créa­teur de l’U­ni­vers et son humble servante ? 

Sainte Walburge a guéri la fillette

À l’aube, l’en­fant qui s’é­tait assou­pie sans res­sen­tir aucune frayeur, ouvre les yeux et sou­rit à Wal­burge. Et celle-ci, toute péné­trée de l’ad­mi­rable condes­cen­dance divine, rend leur fille unique aux parents éper­dus de reconnaissance. 

— Je ne vous demande qu’une grâce, c’est de me recon­duire à Hei­den­heim, je n’en connais pas le chemin. 

… Mais Sainte WALBURGE connais­sait mieux que qui­conque le che­min qui mène à Dieu, Notre-Sei­gneur Jésus-Christ.

2 Commentaires

  1. Walburge a dit :

    Mer­veilleuse his­toire qui me sou­lage devant la mala­die de mon papa. J’es­père un miracle par l’in­ter­ces­sion de la Sainte

    21 octobre 2022
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    • Le Raconteur a dit :

      Je vous sou­haite une amé­lio­ra­tion de la san­té de votre papa et une accep­ta­tion de la volon­té de Dieu.

      Le racon­teur

      25 octobre 2022
      Répondre

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