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| Ouvrage : Autres textes .

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Histoire d'une Sainte et martyrs d'Algérie

À Tipa­sa vivait une femme jeune encore (elle n’a­vait que qua­torze ans), mais le glo­rieux mar­tyre qu’elle y souf­frit lui a don­né le res­pect qu’en­traîne la matu­ri­té de l’âge. Le cou­rage qu’elle mon­tra cou­vrit de gloire sa jeu­nesse, à ce point qu’elle parut née pour le mar­tyre. Elle s’é­tait don­née tout entière au Christ, avait fou­lé aux pieds toutes les séduc­tions et tous les plai­sirs de la terre, sachant qu’elle n’é­tait pas née pour le siècle. Il faut d’ailleurs se sou­ve­nir qu’on se pré­pare au mar­tyre par la pra­tique des ver­tus. La pre­mière palme à cueillir n’est-elle pas la vic­toire sur soi-même ? Les parents étaient païens, mais le soleil de la véri­té avait lui à ses yeux, et, renon­çant à tout ce que la nature pou­vait lui offrir, elle s’at­ta­cha seule­ment à ce que lui don­nait la grâce, afin de pou­voir vivre au ciel et mou­rir pour le Christ. Je ne parle pas de sa beau­té recon­nue de tous. Ceci après tout n’est pas motif à louanges ; car, dans les choses divines, ce n’est pas la beau­té cor­po­relle qui importe, mais la beau­té morale.

À cette époque, la super­sti­tion païenne était com­mune, rare la foi ; elle n’en était que plus vive. Pour échap­per aux tra­hi­sons per­fides et téné­breuses, elle se cachait oppri­mée et brillait modeste dans quelques âmes. Un temple s’é­le­vait sur une col­line de rochers domi­nant la ville et bai­gnant dans les flots sa base rocheuse.

Histoire pour les jeunes - Sainte Salsa, martyrs d'Algérie

Ce lieu avait été consa­cré dès les temps les plus recu­lés du culte aux faux dieux, et pour ce motif, on lui avait don­né le nom de col­line des Temples. Entre tous les édi­cules éle­vés aux démons, que la vieillesse fai­sait tom­ber en ruines, on en dis­tin­guait un qui ren­fer­mait un dra­gon d’ai­rain. La tête en était dorée et les yeux brillants comme des éclairs. C’est le démon qu’on ado­rait dans ce dra­gon ; c’est à lui qu’on offrait des liba­tions et des sacri­fices. Heu­reu­se­ment ce lieu a chan­gé de destination.

Depuis le temple des idoles a été rem­pla­cé par une syna­gogue juive, et un chan­ge­ment encore meilleur l’a fait pas­ser au Christ ; et dès lors, dans ce lieu où avaient régné les sacri­lèges, s’é­lève une église triom­phale en l’hon­neur de notre Dieu.

Un jour vint où les mal­heu­reux parents de cette mar­tyre véné­rable se réunirent à d’autres per­sonnes pour vaquer à leur culte sacrilège.

Histoire d'une jeune sainte d'Algérie - Tipaza - ruines du temple romain

Ils emme­nèrent avec eux leur fille,

Auteur : Fourré | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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Joyeuse, une troupe de jeunes gar­çons sor­tit du stade en se bous­cu­lant. Il y avait la Clau­dius, Dona­tien, Fla­vius, Mar­cus, tous fils de nobles familles romaines… Et les enfants dis­cu­taient ferme entre eux des jeux du matin.

lecture mome - Bas-relief d'un tombeau d'enfants jouant

« Moi, décla­ra Fla­vius, la pro­chaine fois, je lan­ce­rai si bien le disque qu’il dépas­se­ra le but de la lon­gueur de mon bras !

- Bah ! Tu pré­tends tou­jours faire mieux que les autres. N’empêche que tu n’es même pas capable, j’en suis sur, de nous dis­tan­cer à la course, répli­qua Dona­tien avec feu.

- Qu’en sais-tu ? Essayons. »

Et, s’é­tant mise en ligne de départ, la bande, au signal, s’en­vo­la en direc­tion du forum…

Tout à coup, Dona­tien, qui avait pris la tête, ralen­tit l’allure.

« Oh ! Qu’est-ce qui se passe, là-bas ? Regar­dez toute cette foule… Vite, allons voir. »

Jouant des coudes et des mains, les quatre gar­çons eurent tôt fait de se frayer un che­min et d’ar­ri­ver au pre­mier rang du cercle des badauds.

Sur le sol gisait un pauvre noir ensan­glante, le corps cri­blé de coups de lanières. Des sol­dats, armés de leur fouet, un mau­vais rire aux lèvres, s’en allaient. Dans la foule, quel qu’un expliqua :
« C’est un esclave qui a vou­lu se sau­ver. Son maître l’a fait châ­tier comme il le méritait.
– Nous sommes trop bons pour eux. Ils ont chez nous le gîte et le cou­vert, qu’ont-ils besoin de plus ? Et puis, nous les ache­tons suf­fi­sam­ment cher ! »

Le sup­plice était ter­mi­né. Len­te­ment, indif­fé­rente, la foule s’écoula, entraî­nant avec elle Fla­vius, Dona­tien, Claudius.

Seul, Mar­cus res­tait, droit, le visage bou­le­ver­sé, inten­sé­ment ten­du vers le pauvre être qui gémissait…

« Alors, quoi, tu viens ? On conti­nue la course. Mais qu’est-ce que tu as ? deman­da sou­dain Fla­vius en posant un regard inter­ro­ga­teur sur son compagnon.

- Ma parole, on ne dirait pas que tu es des pre­miers au stade pour t’a­pi­toyer ain­si à cause d’un peu de sang qui coule, conti­nua Clau­dius. Tu ne veux pas ? A ta guise ! Seule­ment, tu ferais mieux de venir avec nous. Si un sol­dat te voyait, il pour­rait tout supposer ! »

Mar­cus sem­blait ne pas avoir enten­du. Puis, tout à coup, lais­sant ses amis inter­lo­qués de sem­blable audace, il s’ap­pro­cha de l’homme qui venait d’ou­vrir les yeux :

« Mon ami, tu souffres ? Ne bouge pas, je vais te soigner. »

Et, ayant déchi­ré un pan de sa tunique, il essuya le sang qui cou­lait des plaies.

Un pauvre sou­rire se des­si­na sur les lèvres déco­lo­rées… Le regard du bles­sé se posa sur l’enfant :

« Pour­quoi me soignes-tu ? Nous autres esclaves, on nous traite tou­jours comme des bêtes…

- Parce que tu es 

Auteur : Rougemont, Pierre | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

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Ne me deman­dez pas com­ment j’ai su cette his­toire. Lisez-la.

Histoire de martyrs Cristeros - Ville du MexiqueCette grande ville du Mexique pos­sède un lycée et, ce matin-là, Jacques Fer­val, treize ans, se tient dans un coin de la cour. C’est le fils du Consul fran­çais, récem­ment arri­vé, et c’est la pre­mière récréa­tion de Jacques au lycée. Aus­si, bien qu’il ne soit pas timide, il éprouve cette appré­hen­sion propre aux nouveaux.

C’est alors que Ramon Alva­rez s’est approché.

« Tu es nouveau ?

– Oui.

– Viens jouer avec moi.

– Oui…, mais les autres me laissent, pour­quoi t’oc­cupes-tu de moi ? »

Ramon met le doigt sur l’in­signe de la Croi­sade que Jacques porte à sa boutonnière.

« C’est à cause de cela. »

Puis il ajoute :
« Tu as de la chance d’être étran­ger… comme ça tu peux por­ter ton insigne. »

Tel fut le début de leur amitié.

***

– Trois semaines plus tard, Jacques, invi­té à pas­ser l’a­près-midi de congé chez son ami, était reçu par M. Alvarez.

« J’ai déjà eu l’occasion de ren­con­trer votre papa, mon petit ami, expli­qua-t-il, et je suis heu­reux de vous savoir déjà lié avec Ramon. »

Et, pas­sant sa main sur la tête du petit Mexi­cain il ajouta :

« Je n’ai que lui, puisque le Bon Dieu m’a repris sa maman… Après tout, cela vaut mieux pour elle, étant don­né les tristes temps où nous vivons. »

Cette phrase, aus­si bien que la réflexion de Ramon à pro­pos de l’in­signe de la Croi­sade, fit que Jacques vou­lut en savoir davan­tage. C’est ain­si qu’il apprit quelle terrible 

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

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Vie des saints - martyrs - Theatres Romain - LyonNous sommes à Lyon,en l’année 177. La grande cité du Rhône est alors la capi­tale de la Gaule, la plus peu­plée de toutes ses villes, un centre de com­merce où viennent tous les tra­fi­quants de l’Empire, un magni­fique ensemble de mai­sons, de palais, de temples, de théâtres, dont les ruines ont été mises au jour au pied de la col­line de Four­vière. C’est aus­si une sorte de capi­tale reli­gieuse où, chaque année, les païens de toute la Gaule envoient des délé­gués pour célé­brer en com­mun de grandes fêtes en l’honneur de leurs divi­ni­tés, et ces céré­mo­nies dédiées à « Rome et Auguste » sont l’occasion d’une foire très acha­lan­dée, de repré­sen­ta­tions théâ­trales, de spec­tacles dans l’amphithéâtre, de beau­coup de beu­ve­ries aus­si, et de maints bavar­dages. Que ne raconte-t-on point, par­mi ces foules assem­blées ? Et, bien enten­du, on parle des chrétiens.

Lyon en compte déjà un grand nombre. Cela se com­prend aisé­ment. Les com­mer­çants qui arrivent sans cesse d’Asie Mineure, d’Égypte ou de Grèce, ont enten­du racon­ter l’Évangile ; beau­coup d’entre eux sont déjà bap­ti­sés ; ils répètent la Bonne Nou­velle et enseignent autour d’eux la doc­trine de Jésus. (C’est donc d’Orient que le Chris­tia­nisme est arri­vé en terre fran­çaise. Ne dit-on pas en Pro­vence que Lazare, le res­sus­ci­té, l’ami de Jésus avec ses sœurs Marthe et Marie, a appor­té lui-même l’Évangile dans la région de Mar­seille ? N’assure-t-on pas à Paris (qu’on appelle encore Lutèce) que le pre­mier évêque de la cité, saint Denis, le mar­tyr, a été un grec, élève du grand apôtre

saint Paul, comme d’ailleurs saint Tro­phème, pre­mier évêque d’Arles et saint Cres­cent, pre­mier évêque de Vienne en Dau­phi­né ? En tout cas, le bon grain dépo­sé par les Orien­taux a pris magni­fi­que­ment racine dans la terre gau­loise, en cette fin du IIe siècle, et il n’y a sans doute guère de ville qui n’ait sa com­mu­nau­té de fidèles. Et c’est ce qui irrite les païens…

***

— Les chré­tiens aux lions ! A mort les chré­tiens ! Tous à l’amphithéâtre ! Arrê­tez ‑les ! Tuez ‑les !

Dans la foule entas­sée pour la fête annuelle, le mot d’ordre a cou­ru. Comme ce sera plai­sant de voir brûler