Les lourds brodequins des légionnaires sonnent sur les dalles des rues. A la porte de la maison, des coups violents. Le jour se lève à peine sur Rome. « Ouvrez ! » Les soldats entrent, menaçants, glaive en main, prêts à frapper qui leur résisterait. Mais ceux qu’on vient arrêter ne résistent nullement. D’avance, ils ont accepté le sort qui les attend ; d’avance ils ont donné leur vie au Christ.
Ils ne le renieront pas. Emmenés devant un magistrat de l’Empire, ils lui tiendront tête sans trembler. On entendra à peu près ce dialogue :
— Es-tu chrétien ?
— Oui, je le suis.
— Acceptes-tu d’offrir un sacrifice aux dieux de Rome ?
— Je ne puis pas.
— Si tu refuses, tu mourras.
— Je refuse.
Ce dialogue, c’est par dizaines, par centaines qu’il s’est répété. Innombrables ont été les hommes, les femmes, les enfants, qui, en face des autorités impériales, ont proclamé fièrement leur foi dans le Christ Jésus et préféré mourir plutôt que de le trahir. C’est sans doute le chapitre le plus admirable de toute l’histoire de l’Église que celui que composent ces « Passions », ces récits sublimes du sacrifice accepté, désiré, par des générations de chrétiens, et nos ancêtres au Moyen Age, dans les pages de la Légende dorée, ont particulièrement aimé à entendre celles où cet héroïsme était glorifié. Les martyrs ne sont-ce pas les témoins du Christ ? —en grec, martyr veut dire témoin. Ne sont-ce pas les preuves vivantes que, pour des chrétiens, la fidélité aux promesses du baptême est plus importante que l’existence même ? De siècle en siècle on citera leurs noms, on répétera leur histoire, on les invoquera comme des intercesseurs auprès de Dieu.
Dans cette troupe glorieuse, ce n’est pas une des moindres causes d’admiration que de voir figurer de nombreux enfants. Aussi courageux que les grandes personnes, ils ont, comme leurs parents, fait preuve d’un héroïsme sans fissure en face des pires supplices. Et quels supplices ! Car, aux martyrs chrétiens, les Romains païens ont réservé des tortures à








Cette grande ville du Mexique possède un lycée et, ce matin-là, Jacques Ferval, treize ans, se tient dans un coin de la cour. C’est le fils du Consul français, récemment arrivé, et c’est la première récréation de Jacques au lycée. Aussi, bien qu’il ne soit pas timide, il éprouve cette appréhension propre aux nouveaux.
Nous sommes à Lyon,en l’année 177. La grande cité du Rhône est alors la capitale de la Gaule, la plus peuplée de toutes ses villes, un centre de commerce où viennent tous les trafiquants de l’Empire, un magnifique ensemble de maisons, de palais, de temples, de théâtres, dont les ruines ont été mises au jour au pied de la colline de Fourvière. C’est aussi une sorte de capitale religieuse où, chaque année, les païens de toute la Gaule envoient des délégués pour célébrer en commun de grandes fêtes en l’honneur de leurs divinités, et ces cérémonies dédiées à « Rome et Auguste » sont l’occasion d’une foire très achalandée, de représentations théâtrales, de spectacles dans l’amphithéâtre, de beaucoup de beuveries aussi, et de maints bavardages. Que ne raconte-t-on point, parmi ces foules assemblées ? Et, bien entendu, on parle des chrétiens.