Étiquette : <span>21 janvier</span>

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 14 minutes

Les lourds bro­de­quins des légion­naires sonnent sur les dalles des rues. A la porte de la mai­son, des coups vio­lents. Le jour se lève à peine sur Rome. « Ouvrez ! » Les sol­dats entrent, mena­çants, glaive en main, prêts à frap­per qui leur résis­te­rait. Mais ceux qu’on vient arrê­ter ne résistent nul­le­ment. D’a­vance, ils ont accep­té le sort qui les attend ; d’a­vance ils ont don­né leur vie au Christ.

Ils ne le renie­ront pas. Emme­nés devant un magis­trat de l’Em­pire, ils lui tien­dront tête sans trem­bler. On enten­dra à peu près ce dialogue :

récit du martyre de chrétiens jetés aux lions— Es-tu chrétien ?

— Oui, je le suis.

— Acceptes-tu d’of­frir un sacri­fice aux dieux de Rome ?

— Je ne puis pas.

— Si tu refuses, tu mourras.

— Je refuse.

Ce dia­logue, c’est par dizaines, par cen­taines qu’il s’est répé­té. Innom­brables ont été les hommes, les femmes, les enfants, qui, en face des auto­ri­tés impé­riales, ont pro­cla­mé fiè­re­ment leur foi dans le Christ Jésus et pré­fé­ré mou­rir plu­tôt que de le tra­hir. C’est sans doute le cha­pitre le plus admi­rable de toute l’his­toire de l’É­glise que celui que com­posent ces « Pas­sions », ces récits sublimes du sacri­fice accep­té, dési­ré, par des géné­ra­tions de chré­tiens, et nos ancêtres au Moyen Age, dans les pages de la Légende dorée, ont par­ti­cu­liè­re­ment aimé à entendre celles où cet héroïsme était glo­ri­fié. Les mar­tyrs ne sont-ce pas les témoins du Christ ? —en grec, veut dire témoin. Ne sont-ce pas les preuves vivantes que, pour des chré­tiens, la fidé­li­té aux pro­messes du bap­tême est plus impor­tante que l’exis­tence même ? De siècle en siècle on cite­ra leurs noms, on répé­te­ra leur his­toire, on les invo­que­ra comme des inter­ces­seurs auprès de Dieu.

Dans cette troupe glo­rieuse, ce n’est pas une des moindres causes d’ad­mi­ra­tion que de voir figu­rer de nom­breux enfants. Aus­si cou­ra­geux que les grandes per­sonnes, ils ont, comme leurs parents, fait preuve d’un héroïsme sans fis­sure en face des pires sup­plices. Et quels sup­plices ! Car, aux mar­tyrs chré­tiens, les Romains païens ont réser­vé des tor­tures à