Pourquoi il disait la prière du soir… le matin ?…

Auteur : Diethelm, P. Walther | Ouvrage : Le plus beau cadeau .

Temps de lec­ture : 5 minutes

Par­mi les plus belles pro­ces­sions du , je place celle que j’ai faite un jour comme vicaire d’une paroisse. Elle ne comp­tait pas beau­coup de monde : Jésus, le petit Pier­rot et moi. Je vais vous la raconter.

Enfant accompagnant le prêtre portant le Saint SacrementJ’é­tais arri­vé depuis quelques jours dans la paroisse. Un soir, M. le Curé me dit : « Demain, il fau­dra por­ter la sainte com­mu­nion aux malades. » Il y avait cinq ma­lades à voir, et cha­cun habi­tait dans une autre rue. Pour m’in­di­quer le che­min et les mai­sons, M. le Curé me don­na Pier­rot, car les enfants de chœur étaient déjà à l’é­cole à cette heure, et le sacris­tain ne pou­vait pas venir.

Pier­rot était un petit bout d’homme ; cinq ans, à peine, mais il avait de l’es­prit. Je vis cela tout de suite quand il se pré­sen­ta à la sacris­tie le matin. Poli­ment il me don­na la main et salua : « Bon­jour, M. l’Ab­bé ». Il me sem­blait l’a­voir déjà vu à l’é­glise, pro­ba­ble­ment, par­mi les élèves de la petite classe.

Dans cette paroisse de ville, le prêtre porte la com­munion aux malades sans que cela se remarque, c’est pour­quoi, en che­min, je ques­tion­nai mon petit compagnon.

« Eh bien, Pier­rot, sais-tu qui j’ai avec moi ? »

— Oh, oui, c’est Jésus, répondit-il.
 — Mais où donc est-il, on n’en voit rien du tout ?
 — Il est là, dans l’hos­tie, dit-il en mon­trant ma poi­trine sur laquelle je por­tais le saint Sacrement.
 — Que penses-tu, que je vais faire de Jésus maintenant ?
 — Vous le por­tez aux malades ; à ma grand-maman aussi. »

C’é­tait juste, en effet. Je devais aus­si aller chez la grand’­ma­man de Pier­rot ! Curieux, je conti­nuai à questionner :

— Pour­quoi porte-t-on Jésus aux malades ?
 — Jésus les aime ; alors il les aide à être patients ».

Pier­rot avait, sans s’en rendre compte, pas­sé un pe­tit exa­men. Il avait si bien répon­du qu’il aurait été prêt pour la . Le petit homme devait avoir eu de bonnes leçons de à la mai­son, puis­qu’il savait tant de choses de Jésus dans l’Hos­tie, Il l’ai­mait sûre­ment bien aus­si, et sans doute, sau­rait-il aus­si prier !

— Dis donc. Pier­rot, nous pour­rions prier un peu. Tu sais sûre­ment de belles prières ?
 — Oh oui ! répon­dit-il. Je sais le « Notre Père » et le « Je vous salue. »

Tout de suite, en pleine rue, il fit le signe de la croix, joi­gnit pieu­se­ment les mains et com­men­ça à prier. Je me joi­gnis à lui, jus­qu’à ce que nous fus­sions arri­vés chez le pre­mier malade.

En nous ren­dant auprès du deuxième malade nous avons réci­té le « Je crois en Dieu », dont Pier­rot ne sa­vait qu’une partie.

Le troi­sième malade que nous avions à visi­ter c’é­tait la grand’­ma­man de Pier­rot, une bonne et pieuse vieille dame. Sur le seuil, la maman de Pier­rot atten­dait à ge­noux et reçut la béné­dic­tion de Jésus-Hos­tie. Quelle bonne mère ce devait être, puis­qu’elle avait si bien éle­vé son gen­til gar­çon ! Je deman­dai à Dieu de bénir spé­cialement cette famille.

Tout en allant auprès du der­nier malade, nous avons repris notre à deux. Pier­rot pro­po­sa de réci­ter la prière à l’ange gar­dien, car il n’en savait pas d’autre. Dès qu’il eut ter­mi­né cette prière, il conti­nua sans hési­ter la prière qu’il fai­sait sans doute avant de se cou­cher : « Mon Dieu, je vous donne mon cœur, gar­dez-moi cette nuit comme vous m’a­vez gar­dé pen­dant le jour ». Comme le soleil se levait radieux en ce moment, je dis au petit garçon :

GAVET Charles- La famille du pêcheur en prière— O Pier­rot ! tu récites ta prière du soir, mais je pense que Jésus prend plai­sir à t’é­cou­ter, car il com­prend ce que tu lui demandes. Oui, sup­plie-le en lui disant sou­vent : « Bon Jésus, pre­nez soin que dans mon âme le soleil de la grâce ne se couche jamais. »

Deux jours après, j’a­per­çus Pier­rot à l’é­glise avec sa sœur. Les deux enfants ne m’a­vaient enten­du ni entrer dou­ce­ment, ni m’a­ge­nouiller au der­nier banc ; ain­si je pus les obser­ver à mon aise.

Je recon­nus la fillette, c’é­tait une de mes meilleures élèves du caté­chisme. Quand les pares­seux ne savaient rien et se trou­vaient embar­ras­sés, tou­jours Aline avait une réponse. En ce moment elle ensei­gnait son petit frère, comme l’au­rait fait un excellent pro­fes­seur. C’é­tait une joie de la voir aller d’un autel à l’autre et d’en­tendre les expli­ca­tions qui répon­daient aux nom­breuses ques­tions de Pierrot.

Avant de quit­ter le maître-autel, les deux petits s’a­genouillèrent et prièrent à voix basse. Jésus au taber­nacle les aura enten­dus et les aura bénis.

La science de Pier­rot ne m’é­ton­nait plus ; je savais, main­te­nant, qui s’oc­cu­pait de lui ; ce n’é­tait pas seule­ment sa maman, mais aus­si sa chère grande sœur.

Qu’­heu­reuses sont les familles où les grandes sœurs s’oc­cupent des petits frères et sœurs et leur apprennent à connaître et à aimer Jésus !

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