Peu à peu, la rumeur d’un Enfant avec une auréole se répandit et pénétra les coins les plus isolés.
Là-bas, vivaient trois rois qui étaient voisins et qui s’appelaient Gaspard, Melchior et Balthazar. Ils ressemblaient à des mendiants et pourtant ils étaient des vrais rois et –plus bizarre encore– des sages. Selon l’Écriture, ils savaient s’orienter d’après la constellation des étoiles et c’est un art difficile comme le savent tous ceux qui ont déjà essayé de suivre une étoile.
Chacun des trois rois prépara un cadeau pour le divin Enfant. Gaspard était un roi très puissant ; aussi il pensa qu’il fallait de l’or pour le Roi des rois. Le pieux Melchior voulu honorer le Dieu descendu sur terre et pour cela il prit de l’encens. Et pourquoi Balthazar prit-il de la myrrhe ? Avait-il pressenti que cette Enfant allait souffrir, et souffrir jusqu’à la mort, pour nous ?
En tout cas, c’est ainsi que les trois rois chargés de leur présent, l’or, l’encens et la myrrhe, se réunirent, équipèrent un merveilleux cortège et partirent le soir en hâte avec leurs chameaux et les éléphants. Dans la journée, les hommes et les animaux se reposaient sous les rochers du désert de pierres et l’étoile qui leur indiquait la direction, les attendait patiemment dans le ciel, caché par la lumière et la chaleur du soleil. Mais la nuit, elle guidait à nouveau le cortège.
* * *
Ainsi, ils avancèrent durant de nombreux jours. Enfin, en arrivant à Jérusalem, l’étoile suivit la direction de Bethléem.
Mais les rois ne la virent plus : en effet, ils cherchaient un Enfant-Roi, et ils pensèrent qu’il ne pouvait venir que dans le château d’un roi. Les trois sages étaient tellement sages qu’ils ne comprenaient même plus les choses les plus simples !
Les rois mages se rendirent donc au palais du roi de Jérusalem, le terrible Hérode.
Comme tous les juifs, Hérode savait que le Messie devait venir ; aussi dès que les rois mages lui expliquèrent la raison de leur voyage, il comprit que cet enfant que les mages recherchaient, c’était le Messie tant attendu.
Le roi Hérode était mauvais et il se mit à craindre ce Roi des cieux venu pour racheter les hommes de leurs péchés. Avec perfidie Hérode cacha sa haine dans le but de découvrir et tuer l’Enfant.
À Jérusalem, on ne savait pas exactement comment le Messie se manifesterait. Mais on espérait qu’Il vienne brillant et glorieux. Cependant les prophètes, si difficile à comprendre, indiquait plutôt la venue d’un Dieu humble.
Afin de renseigner les rois sages venus d’Orient, Hérode rassembla les savants du Temple et leur demanda où devait naître le Messie.
Les savants ouvrirent leurs grands livres et se réunir en une grande assemblée pour discuter de la question. Et ils donnèrent pour réponse la prophétie d’Isaïe :
« Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas la plus petite parmi les villes de Juda, car de toi sortira un chef qui prendra soin d’Israël, mon peuple »
En suivant ces prophétiques indications, les sages rois repartirent ; dès qu’ils furent sur la route de Bethléem, ils virent à nouveau l’étoile qui les avaient attendus. Ils en furent tout heureux.
Toute la journée, ils avaient cherché l’Enfant, sans le trouver, car ils avaient détourné les yeux du chemin que leur indiquait leur céleste guide.
* * *
Enfin, l’étoile s’arrêta au-dessus de l’étable. Dans la crèche, l’Enfant Jésus les accueillit. Les rois descendirent de leur monture et l’adorèrent.
L’un des trois rois du nom de Melchior était long comme un arbre et noir comme de l’encre, si bien que même dans la lumière de l’étoile, on ne voyait de lui qu’une paire d’yeux et de grandes dents blanches.
Chez lui, on l’avait nommé roi parce qu’il était un peu plus noir que les autres. Mais maintenant, il se rendait compte, avec chagrin, que ceux qui le regardait avait peur de lui. Chaque fois qu’il se penchait de son chameau pour donner des friandises, les enfants s’enfuyaient et les femmes détournaient la vue.
Melchior s’avança timidement et s’agenouilla devant l’Enfant. Hélas, il aurait aimé montrer une toute petite tache blanche et comme il aurait voulu faire voir son âme. Il cacha son visage dans ses mains pour ne pas faire peur à l’Enfant Dieu.
Se rendant compte que l’Enfant ne criait pas, il osa regarder un tout petit peu à travers ses doigts. Et il vit l’Enfant charmant qui lui souriait et qui essayait d’attraper ses cheveux crépus. Le roi noir en fût tout heureux ! Jamais il n’avait roulé ses yeux si merveilleusement et rit d’une oreille à l’autre.
Ce fut plus fort que lui, Melchior saisit les pieds de l’Enfant pour embrasser tous ses doigts comme c’était l’usage dans son pays. Et lorsqu’il lâcha les pieds, il vit le miracle : l’intérieur de ses mains était devenu blanc !
Et depuis, tous les noirs ont l’intérieur des mains blanc.
D’après Karl Heinrich Waggerl
Quel texte insultant ! Mais quelle bassesse !
Insultant ? Je ne vois pas. Dire que des enfants soient effrayés à la vue d’une personne dont ils aperçoivent la couleur pour la première fois, ça me paraît plausible mais pas insultant !
À l’inverse, le texte insiste sur la bonté de ce grand roi mage que remarque tout de suite l’Enfant-Jésus (c’est d’ailleurs un des thèmes récurrent des contes de Noël ; Jésus repère parmi tous les autres, le doux, le bon, le souffrant, le repenti ou le pauvre et il l’accueille avec son infini miséricorde.)
Je vous l’accorde, ce texte est empreint d’une forme de paternalisme assez courante au début du XXe siècle. Et même si, fort heureusement, cela n’a plus court de nos jours, ce n’est en aucun cas une insulte.
Je vous souhaite une bonne année 2017 !