Étiquette : <span>18 février</span>

| Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 9 minutes

CONTE

Une après-midi, il y a de cela quelque cinq cent ans, le podes­tat de Fie­sole pre­nait le frais autour de sa cité.

Comme il lon­geait en sa pro­me­nade le jar­din des Frères-Prê­cheurs, qui n’é­tait pas encore sévè­re­ment enclos, il s’a­vi­sa que les Fils de Saint Domi­nique avaient des roses sans pareilles.

Ces mer­veilles de la végé­ta­tion étaient dues aux bons soins de Frère Sim­plice, qui, d’a­près l’ordre de son Prieur, consa­crait son temps à l’ar­ro­sage. Sim­plice n’é­tait pas doc­teur en droit canon : c’é­tait un humble croyant, qui fai­sait son salut en pui­sant de l’eau dans une fon­taine ; c’é­tait une âme can­dide et sans reproche, qui comp­tait les Ave Maria du Rosaire avec les arro­soirs vidés et rem­plis sans inter­rup­tion. Si un péché avait effleu­ré jamais sa robe d’in­no­cence, ç’a­vait été le péché d’or­gueil, en contem­plant l’é­clat embau­mé de ses fleurs, pré­pa­rées avec amour pour l’or­ne­ment du sanc­tuaire. À l’of­fice, quand il voyait ses roses déco­rer le taber­nacle, ou s’ef­feuiller en tapis de pourpre sous les pas du rayon­nant osten­soir, il avait peine à se défendre contre une vani­té d’au­teur, et il lui sem­blait que la du cloître sou­riait à ses guir­landes avec une com­plai­sance amie. Sans doute, il par­ta­geait sans réserve l’en­thou­siasme de toute la Tos­cane pour les fresques déli­cieuses qu’un jeune moine, tout nou­veau, Fra Gio­van­ni, jetait avec pro­fu­sion sur les voûtes et les lam­bris du monas­tère com­men­cé ; mais Sim­plice était ten­té de croire que l’hom­mage de ses roses était plus pur, plus suave encore, plus dou­ce­ment agréé par le Roi de la nature. Pauvre Sim­plice ! Quel trouble en son âme lim­pide comme un cris­tal, s’il eût pu se dou­ter que le suc­cès de son hor­ti­cul­ture allait don­ner aux médi­ta­tions du podes­tat en pro­me­nade une direc­tion si fâcheuse !

Celui-ci en effet, s’é­tait arrê­té dans le che­min admi­rant les roses à tra­vers le grillage :

— Comme ce coteau s’est amé­lio­ré ! mur­mu­rait-il. Je n’y connais­sais, autre­fois, que des ronces et des cailloux ! La ville n’a point su en tirer par­ti, c’est même pour cela que j’ai lais­sé sans crier gare, les Révé­rends Pères s’ins­tal­ler en ce lieu aban­don­né et s’y tailler un domaine. Si j’a­vais pré­vu qu’ils y feraient un si joli jar­din je leur aurais deman­dé une cen­taine d’é­cus d’or. Ils seraient bien utiles en ce moment dans notre caisse, car, on nous réclame, à Foli­gno, soixante écus romains pour nous peindre la Madone qui manque à l’au­tel majeur de notre cathédrale ! .…

Au fait, est-il vrai­ment trop tard ? Aucun acte régu­lier n’a consa­cré l’a­ban­don de la pro­prié­té muni­ci­pale ; il serait d’une bonne admi­nis­tra­tion d’exi­ger au moins quelque somme, avant de recon­naître comme légi­time, par devant le pro-notaire com­mu­nal, l’é­ta­blis­se­ment des Frères-Prê­cheurs en ce lieu !

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 17 minutes

Au pied des Pyré­nées, dans un site beau, mais sévère, le vil­lage de menait, il y a cent ans, la vie simple, labo­rieuse, mono­tone, de tant de vil­lages de par le monde, et rien n’in­di­quait qu’un jour il devien­drait un des lieux les plus célèbres de la terre. Les ber­gères y gar­daient leurs mou­tons dans les pâtu­rages ; le Gave soli­taire rou­lait ses eaux vives sur les cailloux ; les gens n’y étaient ni meilleurs ni pires qu’en d’autres pays… Et pour­tant, des faits mer­veilleux allaient s’y dérou­ler, et l’hu­ma­ni­té chré­tienne entière tour­ne­rait les yeux vers ce pauvre vil­lage, et les foules y accour­raient, innom­brables. Pour­quoi ? A cause d’une très humble petite fille, à qui la parla…

* * *

Portrait de Ste Bernadette SoubirousDonc, le jeu­di 1858, vers neuf heures et demie du matin, les sœurs Toi­nette et Ber­na­dette Sou­bi­rous, accom­pa­gnées de leur insé­pa­rable amie Jean­nette, sor­tirent pour aller ramas­ser du bois mort. Le besoin d’un peu de feu se fai­sait cruel­le­ment sen­tir dans la misé­rable mai­son des Sou­bi­rous ! Toi­nette et Jean­nette mar­chaient d’un bon pas, en riant ; Ber­na­dette sui­vait, ser­rant sur ses épaules un petit capu­chon de laine qu’une voi­sine cha­ri­table lui avait prê­té. Pas bien brillante, Ber­na­dette ! Une fra­gile enfant de qua­torze ans, qui en parais­sait dix à peine, visi­ble­ment une qui ne man­geait pas à sa faim. De temps en temps, elle tous­sait, comme chaque hiver, et ce n’é­tait pas sa robe de futaine qui aurait pu la pro­té­ger bien du froid. Mais si vous l’a­viez ren­con­trée, cette enfant souf­fre­teuse, si vous aviez regar­dé son visage à l’o­vale par­fait, au nez déli­cat, au front large et pur, sur­tout si vous aviez croi­sé son lumi­neux regard, assu­ré­ment vous n’au­riez pu man­quer de vous dire : « Quelle petite fille aimable, et quelle jolie âme elle doit avoir ! »

« Fais comme nous, déchausse-toi et passe le gué ! crient Toi­nette et Jean­nette, avec de grands rires. Pares­seuse ! tu nous laisses ramas­ser seules le bois mort ! »

Pour atteindre le coin de forêt où l’on trouve des branches tom­bées, il fal­lait fran­chir le canal qui, du tor­rent, menait l’eau vers le mou­lin et comme sa mère lui avait recom­man­dé de bien faire atten­tion et de ne pas prendre froid, Ber­na­dette ne vou­lait pas se mouiller les pieds. Elle res­ta donc dans l’île entre le canal et le gave, seule… Et soudain…

Ce fut pour elle un moment inima­gi­nable, extra­or­di­naire. Que se pas­sa-t-il exac­te­ment ? Elle avait l’im­pres­sion d’être entou­rée par un vent ter­rible qui aurait vou­lu l’emporter, mais en même temps, elle se ren­dait bien compte que

Auteur : Poinsenet, Marie-Dominique | Ouvrage : Les sept voiles de mon bateau .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Les dons du Saint-Esprit racontés aux enfantsLe don d’Intel­li­gence nous est don­né par l’Esprit-Saint pour que notre foi soit plus vive, puisque, déjà, d’une cer­taine façon, ce don d’Intel­li­gence nous fait voir, ou au moins « devi­ner Dieu ».

Le don de Science aus­si va nous aider à mieux croire, parce qu’il nous donne de com­prendre la parole de Dieu : la Bible, l’É­van­gile, le caté­chisme… Il y a dans les psaumes une jolie phrase qui dit ceci : « Votre parole, ô Sei­gneur, est une lumière, et elle donne l’in­tel­li­gence aux tout petits. »

Don d'intelligence - Sainte Bernadette - portraitBer­na­dette a qua­torze ans : elle ne sait ni lire ni écrire. Petite, mai­gri­chonne – elle a des crises d’asthme qui la font bien souf­frir et l’empêchent de se déve­lop­per – elle aide comme elle peut sa maman à soi­gner ses petits frères et sœurs dans la misé­rable mai­son de , si pauvre, si noire qu’on l’ap­pelle « le cachot ». Par­fois, elle passe quelques semaines, quelques mois, dans un petit vil­lage voi­sin, chez sa nour­rice, et elle garde les mou­tons dans la mon­tagne. Sa nour­rice vou­drait bien qu’elle sache lire : à qua­torze ans, tout de même ! Elle essaye. Mais c’est fou ce que Ber­na­dette a la tête dure.