C’est une humble cruche de grès, une cruche qui fait jaser tout le village de Vaux.
Il y a bien des mystères à Vaux, celui de la Tour du Diable, une tour en ruines toute couverte de lierre, où nul ne pénètre la nuit ; et puis il y a surtout le mystère de la cruche, celui dont tout le monde parle.
Oh ! cette cruche bleue et grise, qui trône en place d’honneur sur la cheminée de maître Pierre, juste en dessous du crucifix, comme tout le monde la regarde !
Il est certain qu’elle a dû avoir une carrière tourmentée car elle n’est plus qu’un assemblage de morceaux savamment recollés.
Il paraît que certains soirs, maître Pierre, le sympathique fermier, vient seul devant sa cruche : il la regarde très longuement… bien soucieux.
Oh ! mystère. Après un certain temps, tout à coup, la figure du fermier s’illumine, il s’en va…
Sa femme qui respecte la dite cruche ne laisse à personne le soin de l’épousseter ; aucune autre main que la sienne n’y touche.
Cette cruche de grès contient, au dire de maître Pierre, un grand secret.
Lequel ? Nul ne le sait.
***
En ce soir de juillet, des paysans vont et viennent d’un air accablé sur les chemins des champs ; ils se regardent quand ils se rencontrent et n’ont qu’un mot à se dire :
« Tout est perdu ! »
Oui, tout est perdu. Il a grêlé.
En fin d’après-midi, après des heures suffocantes, l’orage a éclaté, le ciel s’est nappe d’un nuage cuivré, et la grêle, ce terrible fléau, est tombée.
Elle est tombée brutalement, frappant sans pitié les pauvres plantes alanguies. Maintenant les