∼∼ VII ∼∼
Grande émotion, ce matin. On va assister à la Messe aux Catacombes. Chemin faisant, Colette cause avec sa mère.
— Comment est-ce construit, maman, ce monument des Catacombes ?
— Il ne s’agit pas de monuments, ma chérie, mais bien de cimetières creusés en galeries souterraines, hors de la ville, et où un grand nombre de chrétiens, de martyrs surtout, eurent leurs sépultures ; au plus fort des persécutions, les chrétiens y trouvèrent aussi un refuge pour le culte.
— Encore des souterrains ! murmure Colette, qui décidément ne prend pas son parti de ces visites en profondeur.
De fait, il faut descendre dans le tuf et pénétrer dans de sombres galeries.
Yvon presse le mouvement : Nous visiterons l’ensemble plus tard. Avant tout, entrons dans la crypte des Papes. La Messe va commencer.
Oh ! cette Messe ! nul ne l’oubliera. Autour de l’autel de pierre, un groupe d’adolescents, vêtus de chlamydes blanches, forment couronne et répondent au prêtre tous ensemble. Les lumières se jouent sur leur blancheur et la rendent comme immatérielle, se détachant sur les murs sombres.
— On dirait des anges, chuchote Annie.
Mais Colette, saisissant la main de sa mère, lui souffle à l’oreille :
— Je reconnais le costume de Tharcisius. Il est habillé un peu comme cela, sur les images.
Tout bas, maman répond :
— Oui, et songe qu’il est parti des Catacombes pour porter le Bon Dieu aux chrétiens qui allaient mourir. Tout à l’heure, ce Jésus qu’il a défendu au prix de sa vie, nous allons tous le recevoir.
Alors Colette plonge sa tête blonde dans ses deux mains et ne bouge plus jusqu’à la communion.





C’était à la sanglante bataille de la Moskowa, où Russes et Français s’étaient battus avec un acharnement farouche. Le général de Caulincourt venait d’enlever les positions ennemies pour la troisième fois lorsque la cavalerie française, ayant à sa tête le capitaine Bakel, entra comme un ouragan dans les murs de Borodino. Les Russes la saluèrent par une terrible décharge d’artillerie. Le capitaine Bakel, blessé à la jambe et à l’épaule, tomba de cheval. Ses soldats le relevèrent et l’emportèrent aussitôt au pas de course sous une pluie de balles. Peu à peu le silence se fit sur le champ de bataille… et le vaillant capitaine, ouvrant les yeux, sourit en entendant le clairon français sonner la victoire. « Nous sommes vainqueurs, murmura-t-il… J’y comptais bien ! »

