Étiquette : <span>Saint Pierre</span>

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 10 minutes

∼∼ III ∼∼

Antioche. — Quelle cha­leur ! On décide en famille de ne pas des­cendre et de res­ter à l’ombre sur le pont. Jean a bien envie d’in­sis­ter et se penche sur le bas­tin­gage pour cacher sa déception.

Pas de vagues, une mer calme aux cou­leurs intenses. Jean essaye de s’ab­sor­ber dans sa contem­pla­tion ; mais il a qua­torze ans, et les pieds lui démangent sur ce navire.

Un œil pers­pi­cace l’ob­serve sans qu’il s’en doute ; l’au­mô­nier, dont les scouts se ras­semblent pour des­cendre, se dirige vers son père. Un bref échange de quelques mots ; Jean s’en­tend appeler.

— Veux-tu cou­rir Antioche avec Mon­sieur l’Au­mô­nier et sa troupe ? Tu es invi­té, mon petit.

Un bond, un cha­leu­reux mer­ci, et Jean est dans la barque au milieu des Rou­tiers, qui chantent en cadence au bruit des avirons.

Il y a plus de sou­ve­nirs à Antioche que d’in­té­rêt présent.

Quand les scouts ont par­cou­ru le quar­tier de la rue Sin­gon, qu’on dit être celui de la pri­mi­tive Église, quand quelques-uns d’entre eux, déva­lant les pentes du Mont Sil­pius, ont cares­sé le rocher sculp­té en tête de géant, connu sous le nom de Cha­ro­num, toute la troupe réclame un rapide « cam­ping » pour mettre à contri­bu­tion la science de l’aumônier.

— Ins­tal­lez-vous, Père, repo­sez-vous. Ce pèle­ri­nage vous a érein­té et nous allons rame­ner en France un squelette.

— Bah ! croyez-vous En atten­dant, je vou­drais tant vous aider à suivre au moins les grandes lignes des pre­mières conquêtes de l’É­glise, en ce pays que les apôtres ont par­cou­ru en tous sens !

Les scouts marins - l'histoire de l'Eglise
Jean est dans la barque au milieu des Routiers.

En par­lant hier de Damas, nous avons natu­rel­le­ment évo­qué la figure admi­rable de saint Paul. C’est ici, à Antioche, qu’il bap­ti­sa les pre­miers païens conver­tis ; mais nous aurions dû d’a­bord par­ler de saint Pierre. Il pas­sa un temps consi­dé­rable dans cette vieille cité dont il fon­da l’É­glise, après celle de Jérusalem.

Jean hasarde timidement :

— C’est l’É­glise de Rome que saint Pierre a fon­dée, Père. Pour­quoi dites-vous celle de Jérusalem ?

— Lorsque les apôtres ont com­men­cé à prê­cher l’É­van­gile, on appe­lait « églises » les groupes de fidèles nou­vel­le­ment conver­tis, et on leur don­nait le nom de la loca­li­té qu’ils habi­taient : Église de Jéru­sa­lem, d’Éphèse, d’An­tioche, etc. Mais tous ces groupes ne fai­saient qu’un, tous avaient même Foi, même doc­trine, mêmes sacre­ments, et bien­tôt saint Pierre va leur don­ner comme centre et pour tou­jours la ville de Rome.

Auteur : Par un groupe de pères et de mères de familles | Ouvrage : Petite Histoire de l'Église illustrée .

Temps de lec­ture : 12 minutes

∼∼ I ∼∼

— Allo ! Colette, cette leçon est-elle finie, oui ou non ? Je meurs de faim et le goû­ter attend.

Ins­tan­ta­né­ment, dans la grande baie ouverte, une tête blonde appa­raît. Elle se penche au-des­sus des touffes de fleurs grim­pantes, aux­quelles se mêlent ses che­veux bou­clés, pour répondre à Jean :

— Voi­là ! Voi­là ! Je descends.

Et c’est ain­si que nous retrou­vons nos amis[1].

Depuis trois ans, Colette et sa famille habitent Bey­routh. Au bout de la pre­mière année, tante Jeanne, Ber­nard, Annie ont rega­gné la France, lais­sant Yvon à Rome, au Sémi­naire Français.

Alors, Colette et Jean ont com­men­cé à trou­ver le temps long. Ber­na­dette, très occu­pée à aider maman au ménage, n’a guère de loi­sirs, Pier­rot est encore bien petit, et les enfants qu’on trouve au col­lège et à la pen­sion dif­fèrent un peu des amis de France.

Les études sont deve­nues de plus en plus sérieuses, jus­qu’au jour où il est per­mis d’en­vi­sa­ger un retour en France, avec un congé de six mois pour papa.

Cet espoir met de la joie dans l’air, et c’est en gam­ba­dant d’un pied sur l’autre que Colette rejoint son frère pour goû­ter, à l’ombre de la vérandah.

Tout en beur­rant sa tar­tine, elle demande : Pour­quoi Maria­nick n’est-elle pas là avec Pierrot ?

— Parce que mon­sieur Pierre a goû­té d’a­vance ; Ber­na­dette l’a emme­né pro­me­ner. Il n’a pas d’é­tude le jeu­di, lui !

— Écoute, pour le moment la tienne est finie. De quoi te plains-tu ?

Histoire de l'Église pour les enfants du catéchisme
Pour­quoi Maria­nick n’est-elle pas là avec Pierrot ?

— D’autre chose ! De ce que les semaines ont l’air d’être de quinze jours au lieu de sept, depuis que papa parle de ren­trer en France.

— Quelle blague ! jamais le temps n’a pas­sé si vite, au contraire. On fait des pro­jets magni­fiques pour le voyage. Ce sera splendide !

— Sans comp­ter, pré­cise Jean avec impor­tance, que nous devons nous arrê­ter à Rome, et peut-être voir le Pape ; ça n’ar­rive pas à tout le monde, tu sais, ces affaires là !

— Non. Seule­ment, entre nous, nous ne sommes pas très fer­rés sur toutes les par­ties du voyage. En Pales­tine, on sui­vait Notre Sei­gneur par­tout. Tu savais, moi aus­si, le nom de presque toutes les villes de l’É­van­gile. Tan­dis que main­te­nant, nous nous arrê­te­rons dans des endroits dont j’i­gnore même l’exis­tence. Et ça ne sera pas drôle du tout.

Jean ne peut s’empêcher de consta­ter qu’il y a du vrai dans ces réflexions pes­si­mistes. Il est son­geur, un peu ennuyé aussi…

— Hé bien ! fait Colette impa­tiente, tu ne réponds rien ?

— Je cherche un moyen.

— Un moyen ! pourquoi ?

— Pour faire un voyage intéressant.

— Dis-le alors.

— Oh ! ces filles ! riposte Jean d’un ton pro­tec­teur, ça ne sau­ra jamais consen­tir à réflé­chir. Donne-moi donc au moins le temps d’a­jus­ter deux idées. Puis, sur un ton de confi­dence : Pour moi, voi­là ce qu’il faut faire : apprendre à fond notre His­toire de l’É­glise. Je la sais très mal, toi pas du tout. Il n’y a qu’à s’y mettre.

  1. [1] Voir Caté­chisme illus­tré, Marne 1931 ; Récits évan­gé­liques illus­trés, Marne 1933.

    NDLR : sur ce site, nous avons déjà ren­con­tré ces jeunes amis dans À la décou­verte de la litu­gie