Étiquette : <span>Pâques</span>

Ouvrage : Évangile d’une grand’mère | Auteur : Ségur, Comtesse de

Marie-Made­leine, la pauvre péche­resse conver­tie, la fidèle et cou­ra­geuse chré­tienne du Cal­vaire, pous­sée par son amour pour Jésus, sor­tit de Jéru­sa­lem le dimanche matin avant même le lever du soleil. Elle vou­lait aller pleu­rer près du tom­beau de son bon maître, s’exposant ain­si aux insultes des sol­dats qui gar­daient le corps.

Pen­dant qu’elle allait au tom­beau, le Christ était res­sus­ci­té ; et lorsque Made­leine arri­va au petit jar­din qui entou­rait le sépulcre, les gardes s’étaient déjà enfuis et Made­leine vit avec stu­pé­fac­tion la porte ouverte et la pierre enlevée.

Pierre roulée et tombeau vide PaquesElle jeta un regard rapide dans l’intérieur du caveau, et croyant qu’on avait enle­vé le corps, elle cou­rut pré­ci­pi­tam­ment au Cénacle aver­tir Pierre, qui était déjà consi­dé­ré comme le Chef des Apôtres. Pierre et Jean sor­tirent aus­si­tôt et cou­rurent vers le tom­beau. Made­leine les sui­vit de loin.

Ouvrage : Évangile d’une grand’mère | Auteur : Ségur, Comtesse de

Qua­torze fois dans le temps de ses pré­di­ca­tions Notre-Sei­gneur avait annon­cé qu’après sa Pas­sion et sa mort, il res­sus­ci­te­rait le troi­sième jour, et il pré­sen­tait d’avance cette résur­rec­tion comme le signe évident et défi­ni­tif auquel, non-seule­ment les Apôtres, mais les Juifs infi­dèles eux-mêmes, pour­raient recon­naître qu’il était le Fils de Dieu, égal à Dieu son Père.

Les enne­mis du Sau­veur connais­saient si bien cette pro­phé­tie et en com­pre­naient tel­le­ment l’importance, que leur pre­mier soin, aus­si­tôt que Jésus eut été enle­vé de la croix et dépo­sé au Saint Sépulcre, fut d’y mettre des gardes, et de fer­mer la porte du tom­beau avec les grands sceaux publics.

Mise au tombeau Rembrandt - Récit de la Résurrection pour les petits

Par cette méfiance des vues des Apôtres, par ces pré­cau­tions exces­sives, ils ren­dirent eux-mêmes plus cer­taine la résur­rec­tion de Notre-Sei­gneur dont tous les gardes du tom­beau furent témoins.

Valen­tine. Com­ment ! C’est devant eux tous que Jésus sor­tit vivant du tombeau ?

Grand’mère. Oui, devant tous, à leur grande frayeur, comme je vais vous le racon­ter tout à l’heure.

Ouvrage : Autres textes | Auteur : Maillet, André

Conte de Pâques

Depuis qu’il y a des cloches dans les clo­chers, et même bien avant, les hommes ont fait la guerre. Mais depuis que dans les clo­chers il y a des cloches de bronze, les hommes ont pris ces cloches pour en fabri­quer des armes, quand ils fai­saient la guerre.

Basilique et son clocherLa ville de Bers-le-Dom, en France, pos­sé­dait une belle cathé­drale que trois cloches d’airain secouaient de leurs sons, quand les enfants de chœur vol­ti­geaient au bout des cordes.

En robes rouges ou en robes noires, les enfants de chœur pen­dus aux cordes riaient, sau­taient, vol­ti­geaient et riaient, pattes par ci, sur­plis par là, aux voix des cloches.

Les voix des cloches frap­paient aux vitres des mai­sons et se mul­ti­pliaient tant qu’on eut dit que toute la ville carillonnait.

Les vitraux mul­ti­co­lores de la cathé­drale repré­sen­taient la vie et les miracles de Saint-Antoine-aux-San­dales d’or, son patron.

Sur­tout célèbre au temps de Noël et de Pâques, la son­ne­rie de la basi­lique de Saint-Antoine-aux-San­dales d’or était renom­mée dans toute la France. On en par­lait de Quim­per à Car­cas­sonne, et je vous laisse à pen­ser si les citoyens de Bers-le-Dom se gour­maient de leur carillon.

Tout cela se pas­sait dans les temps féodaux.

Les infi­dèles, à cette époque du moyen-âge, ter­ro­ri­saient la côte médi­ter­ra­néenne, pira­tant et cap­tu­rant force chré­tiens, pour les vendre comme esclaves, aux princes d’Afrique et d’Asie.

Le baron de Front-Bat­tant, sei­gneur et pro­tec­teur de Bers-le-Dom, décla­ra la guerre aux Sar­ra­zins et se joi­gnit au roi de France, lequel com­bat­tait déjà, en Pales­tine, au cri de « Mont joie, Saint Denis ! ».

Avant de par­tir, le baron réqui­si­tion­na toutes les armes et les fer­railles des habi­tants de la ville et puis, il deman­da qu’on lui remit, pour qu’il en fit des fers de lance, les belles et grosses cloches de la cathé­drale qui son­nèrent tris­te­ment pour la der­nière fois, à l’office du mer­cre­di des cendres.

Pré­vôt et notables en tête, tous les bers-le-domois se ren­dirent à la messe aux appels sinistres du bourdon.

– « Les cloches s’en vont ! Les cloches s’en vont ! Dong ! » sem­blait dire le grave airain.

Et tous les bers-le-domois en cha­peaux, coiffes, pour­points et cor­sages sombres, répon­daient : « Et ne revien­dront pas à Pâques. »

Toute la nef de Saint-Antoine-aux-San­dales d’or était ten­due de drap funé­raire, et puis, après la dis­tri­bu­tion des cendres et la messe, les mar­guilliers en deuil mon­tèrent dans les tours, pour y décro­cher les cloches.

Ouvrage : Autres textes | Auteur : Mané, Pierre

Par extra­or­di­naire, Jacques Tri­mard ne ren­trait pas ivre ce soir-là. L’inquiétude de savoir sa femme malade, la peur de faire empi­rer la fièvre lui avaient impo­sé la sobrié­té au sor­tir de l’atelier.

Tris­te­ment il avait sui­vi son che­min à tra­vers les rues… plus tris­te­ment encore, il gra­vis­sait ses étages en se disant :

– Que vais-je trou­ver là-haut ? Ma femme mou­rante… aban­don­née… la mai­son en désordre comme je l’ai lais­sée ce matin… pas de dîner… Ah ! misère de misère !…

Et, blas­phé­mant, il pousse la porte.

Il s’arrête, jetant un cri, non d’effroi… mais d’étonnement…

Tout dans la cham­brette est ran­gé… le plan­cher balayé… le lit de la malade propre et blanc… sur la table une nappe et une sou­pière fumante…

– Hein ?… fit l’homme.

– Tu es bien chez toi, entre donc, Jacques, répond la femme en sou­riant de ses lèvres pâlottes.

Tri­mard croit rêver.

– On n’est pour­tant plus au temps des fées ! s’écrie-t-il.

– Si donc… j’en ai vu une aujourd’hui… et bienfaisante.

– Et quelle est-elle ? demande l’homme intrigué.

Ouvrage : Et maintenant une histoire II | Auteur : Robitaillie, Henriette
Histoire pour illustre les fêtes de Pâques - printemps à la campagne

Ce matin-là, un rayon de soleil se glis­sa par la fenêtre, et Nico­la­zic se leva.

Tout chan­tait en lui : Allé­luia ! Alléluia !

Et pour­tant Nico­la­zic n’a­vait aucune rai­son per­son­nelle d’être joyeux. À douze ans, il n’a­vait jamais pu cou­rir comme les autres gar­çons, traî­nant der­rière lui une jambe tor­due, ce qui n’é­tait ni joli ni com­mode. Il n’y pen­sait guère, il est vrai, quand sa maman était près de lui.

Mais sa maman, malade, avait dû par­tir pour l’hô­pi­tal. Et son papa était au ciel. Main­te­nant, Nico­la­zic était tout seul.

Il n’y avait plus, à la mai­son, avec lui que la poule noire et la chèvre blanche. La poule noire pon­dait de temps à autre, et la chèvre blanche don­nait son lait cré­meux. Mais voi­là qu’un beau jour la chèvre dis­pa­rut… et la poule noire ces­sa de pondre, on ne sait pourquoi.

Ce n’é­tait pas encore la sai­son des fruits, et Nico­la­zic vivait sur­tout de pain sec et d’eau claire.

* * *

Mais ce matin-là, c’é­tait le matin de Pâques. Et per­sonne sur la terre n’a le droit d’être