Étiquette : <span>Chandeleur</span>

Auteur : Colliaux, Marcelle | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 5 minutes

dentelliere - Jan Vermeer - 1670. Histoire des crêpes du 2 février, la Purification

Rêveuse, Marie-Aude, la petite den­tel­lière, regar­dait sa navette inactive…

« Plus de fil, plus de soie, mur­mu­ra-t-elle ! Je n’au­rai rien à offrir à Notre Dame Marie cette année… »

Ce n’é­tait pour­tant ni le cou­rage, ni l’a­dresse qui man­quaient à Marie-Aude ! Petite den­tel­lière adroite, elle était répu­tée pour la finesse mer­veilleuse de ses den­telles, de ses déli­cates incrus­ta­tions, et les riches dames de la ville se déran­geaient pour venir lui com­man­der leurs fines parures.

Or, cette année-là, Marie-Aude était déso­lée. Dési­reuse d’of­frir un pré­sent à Notre-Dame, comme toutes les dentel­lières du pays avaient cou­tume de le faire en la belle fête de la , elle avait rêvé depuis des mois de tis­ser en fil de soie un nap­pe­ron d’au­tel qui serait le chef-d’œuvre de sa vie !

A l’a­vance, elle avait ima­gi­né d’ac­cor­der harmonieu­sement ses fils en gra­cieux épis, en lis des champs, et de tis­ser fine­ment, si fine­ment en l’hon­neur de la Sainte Vierge, qu’il ne sau­rait y avoir plus déli­cat tra­vail que le sien.

Seule­ment, la vaillante petite Marie-Aude avait dépen­sé jus­qu’à son der­nier sou pour soi­gner sa chère grand-mère malade, dont elle était le seul sou­tien, et il lui était impos­sible d’a­che­ter le moindre fuseau pour Notre-Dame !

* * *

Pen­sive et triste, Marie-Aude écoute le régu­lier tic-tac de l’a­rai­gnée Miette qui tisse, elle, une fine den­telle à la fenêtre et tord son fil en nœuds légers. Marie-Aude aime cette petite arai­gnée beso­gneuse qui tra­vaille en artiste silen­cieu­se­ment et, en connais­seuse, la jeune fille admire ses trames légères toutes emper­lées de la rosée du matin.

« Miette, ma mie, mur­mure-t-elle, tu as bien de la chance ! » Et Miette, l’humble pro­té­gée de Marie-Aude, semble com­pa­tir car, insensiblement,

Auteur : Alençon, M. d’ | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Toute fris­son­nante, mal­gré sa cape de laine noire dans laquelle elle s’en­ve­loppe étroi­te­ment, mère Yvonne se hâte de ren­trer, sur la falaise, à l’a­bri dans sa mai­son. Elle a tenu à se rendre à l’of­fice du matin, en ce jour de la fête des cierges, bien qu’à son lever elle ne se soit pas sen­tie très entrain. Grâce à Dieu, voi­ci le toit fami­lial, bien abri­té du vent par la haie d’é­pines et de genêts. Avant de refer­mer la porte der­rière elle, mère Yvonne jette un regard angois­sé vers la mer qui mou­tonne à l’in­fi­ni, sous le vent aigre et violent.

Pour­quoi a‑t-il vou­lu par­tir cette nuit, son Yann, alors qu’au­cun pêcheur ne ris­que­rait sa voile par ce temps ? Aus­si n’est-ce pas pour le pois­son qu’il s’est embar­qué avec ses mau­vais amis qui gagnent tant d’argent à des besognes louches qu’elle ne peut que soupçonner…

« Lui, fils de pêcheur, mur­mure-t-elle, un contre­ban­dier, est-ce possible ? »

Et cela ne le rend pas heu­reux ; il n’aime plus la mai­son où il paraît si peu, ni sa mère qu’il ne regarde plus en face…

Avec un grand sou­pir de peine et de las­si­tude, mère Yvonne est ren­trée dans sa demeure, a reti­ré sa cape. Soi­gneu­se­ment, elle a pla­cé dans le beau chan­de­lier de cuivre qui orne la che­mi­née le cierge qu’elle a rap­por­té de la béné­dic­tion, puis s’est accrou­pie devant le foyer pour rani­mer le feu, car elle a froid, très froid…

Non, vrai­ment, elle ne se sent pas très bien… Elle ne s’oc­cu­pe­ra même pas de pré­pa­rer quoi que ce soit pour son déjeu­ner ; elle ira se cou­cher tout sim­ple­ment et, fer­mant les yeux, dira son cha­pe­let pour ce fils qui est peut-être en per­di­tion, par amour du gain, sur la mer déchaî­née. Elle s’as­sou­pit, ber­cée par le res­sac des vagues sur les rochers, au pied de la falaise.

***

Toc ! Toc ! Qui frappe ? C’est Rosine, une brave petite qui habite non loin de chez elle.

histoire à télécharger - crêpe de la chandeleur« Eh bien ! quoi, mère Yvonne ? Pas de lumière et la nuit vient ! Je suis accou­rue quand j’ai vu tout noir chez vous. Et déjà