L’hostie dans les flammes

Auteur : Amien, Henri | Ouvrage : À l'ombre du clocher - 1. Les sacrements | Ouvrage : Et maintenant une histoire I .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Récit pour la jeunesse, un miracle - Nef de l'église Faverney

Faver­ney est un petit vil­lage dans la Haute-Saône. Le visi­teur qui l’a­borde ne peut man­quer de remar­quer l’im­mense bâtisse de l’an­cienne béné­dic­tine, actuel­le­ment sec­tion de phi­lo­so­phie du grand sémi­naire de Besan­çon. Tout près du sémi­naire nous trou­vons la Basi­lique de Faver­ney… église célèbre de Notre-Dame-la-Blanche, célèbre aus­si par un grand que Jésus y fit pour mon­trer sa pré­sence dans l’Hostie.

Repor­tons-nous plus de trois cents ans en arrière. En ce 24 mai 1608, nous trou­vons les reli­gieux très occu­pés. Ils vont, ils viennent, sous les cloîtres, por­tant des fleurs, des ten­tures, des cierges. C’est que nous sommes à la veille de la Pen­te­côte ; et, en cette fête, de par la per­mis­sion du Pape, les reli­gieux de Faver­ney ont l’au­to­ri­sa­tion d’ex­po­ser pen­dant trois jours la Sainte Hos­tie à la véné­ra­tion des fidèles.

À l’en­trée du sanc­tuaire, le frère sacris­tain est occu­pé à dres­ser le repo­soir qui ser­vi­ra de trône à Jésus, tan­dis que les autres moines sus­pendent des guir­landes aux ten­tures et aux piliers de l’é­glise. Le jour de la Pen­te­côte, les ado­ra­teurs se suc­cèdent jus­qu’au déclin du jour. Cha­cun rentre alors chez lui ; les béné­dic­tins eux-mêmes songent à prendre leur repos.

Ils n’é­taient pas très fer­vents car, au lieu de se relayer pour mon­ter la garde devant Jésus, ils rega­gnèrent tous leur cel­lule après avoir lais­sé seule­ment au repo­soir quelques cierges allu­més. Le lun­di 26 mai, à trois heures du matin, le sacris­tain vient ouvrir les portes de l’é­glise et son­ner l’of­fice. Une âcre odeur de fumée le sai­sit à la gorge ; il se pré­ci­pite dans la nef enté­né­brée, n’o­sant croire l’hor­rible véri­té. Et cepen­dant oui, c’est bien cela : du beau repo­soir, il ne reste plus qu’un petit tas de choses informes qui achèvent de se consu­mer. Affo­lé, il court au dehors, il appelle au secours, ne pou­vant que répé­ter en mots inar­ti­cu­lés, cou­pés de san­glots : « Mon repo­soir, ma cha­pelle ! » Les reli­gieux, les habi­tants accourent. Il faut bien se rendre à l’é­vi­dence, le mal­heur n’est que trop réel. Des braises encore rouges, on retire quelques mor­ceaux cal­ci­nés. C’est tout ce qui reste de la table d’au­tel. Voi­ci un chan­de­lier, tor­du par la vio­lence des flammes. Voi­ci la plaque de marbre qui sup­por­tait le repo­soir, gisant bri­sée en trois mor­ceaux. Atter­rés les reli­gieux écartent avec des pinces les débris, remuent les char­bons, cher­chant à retrou­ver quelque chose de l’os­ten­soir qui a dû, avec son pré­cieux dépôt, être la proie des flammes. Tout à coup, alors que le jour nais­sant éclaire l’é­glise, la voix du plus jeune s’élève :

Miracle eucharistique - Ostensoir de Faverney - Haute-Saone

« Le voi­là ! » Mer­veille ! L’os­ten­soir est res­té à la place où il se trou­vait. Le repo­soir s’est effon­dré, mais le vase sacré qui ren­fer­mait le Corps du Christ n’a pas bou­gé : il est là, à la même place, à envi­ron 2,50 m. du sol, un peu incli­né sur le côte et sur l’a­vant… intact ; il reste sus­pen­du dans les airs, sans sup­port, sans fil, sou­te­nu par l’in­vi­sible force de Dieu réel­le­ment pré­sent dans l’Hostie.

Tout à la joie de sen­tir son angoisse pas­sée et de voir le mal­heur évi­té, l’un des reli­gieux étend la main vers l’os­ten­soir pour le prendre et le mettre en lieu sûr. On l’ar­rête : c’est un pro­dige, un miracle : il faut le publier, appe­ler les foules. On n’ose encore y croire. La négli­gence des reli­gieux a été pour Jésus l’oc­ca­sion de mani­fes­ter sa puis­sance par un mer­veilleux miracle. Voi­ci les habi­tants de Faver­ney qui défilent devant l’os­ten­soir tou­jours immobile.

La nou­velle se répand ; on accourt de Vesoul et de Mont­bé­liard, la cité pro­tes­tante, avec la cer­ti­tude de décou­vrir la supercherie.

Mais le fait est là, il est indis­cu­table. Un de ces pro­tes­tants qui comme tant d’autres se conver­tit, nous raconte com­ment, ne pou­vant croire à la réa­li­té de ce pro­dige qui bou­le­ver­sait tant ses convic­tions, il entra et sor­tit trente fois avant de se rendre à l’é­vi­dence et d’a­do­rer plei­ne­ment et sans retour le Jésus de l’Hostie.

Durant toute la jour­née du lun­di, les foules accou­rues des envi­rons défi­lèrent dans l’é­glise de Faverney.

L’os­ten­soir res­tait immo­bile ; en des­sous, les reli­gieux avaient dis­po­sé une nappe, un cor­po­ral déplié : tout était prêt pour rece­voir l’os­ten­soir au moment où Jésus juge­rait à pro­pos de mettre fin au miracle. La nuit se pas­sa, la mati­née du mar­di s’a­van­çant et la foule conti­nuait à se pres­ser. À l’au­tel les prêtres entou­rés de leurs parois­siens célé­braient leur messe.

histoire pour le catéchisme - Miracle de l'Hostie

Au grand autel, un prêtre d’un vil­lage voi­sin, Mon­sieur le Curé de Mono­ux, offrait à son tour le Saint Sacri­fice. Il en est presque à la Consé­cra­tion lorsque l’un des cierges que l’on avait pla­cé devant l’os­ten­soir s’é­teint. On le ral­lume… il s’é­teint encore une fois. Les yeux de tous les assis­tants sont fixes sur l’au­tel. Là-bas, la clo­chette annonce l’é­lé­va­tion de l’Hos­tie. Voi­ci l’os­ten­soir qui bouge, se redresse et, au moment même où le prêtre repose l’Hos­tie sur autel, il des­cend len­te­ment, sans tom­ber sur la table pré­pa­rée à cet effet. Toute la foule qui a vue ne peut conte­nir son émo­tion. Le miracle est fini ; il a duré trente heures.

Ceci n’est pas une his­toire inven­tée ; par­mi les miracles eucha­ris­tiques, s’il y en a un qui a bien été vu, bien consta­té, et pas seule­ment par une ou deux per­sonnes pen­dant quelques minutes, mais par des cen­taines de per­sonnes pen­dant un jour et demi, c’est celui-là.

Il a reçu d’ailleurs l’ap­pro­ba­tion de Mgr l’É­vêque de Besan­çon et de Notre Saint Père après un pro­cès en règle, où furent consi­gnés par écrit les rap­ports de cin­quante-trois témoins par­mi les plus impor­tants, dont plu­sieurs pro­tes­tants conver­tis. Dans le pays de Franche-Com­té, il a eu un grand reten­tis­se­ment et il aida plus d’un catho­lique for­te­ment ten­té par le pro­tes­tan­tisme, à res­ter fidèle à sa foi dans l’.

L’os­ten­soir conte­nait deux Hos­ties, l’une fut don­née à la ville de Dôle. Elle y fût pro­fa­née et détruite pen­dant la Révo­lu­tion, sur l’ordre du repré­sen­tant Lejeune. L’autre est conser­vée à Faver­ney, dans l’os­ten­soir du miracle, et chaque année on y célèbre le sou­ve­nir de ce grand évé­ne­ment par des fêtes au cours des­quelles elle est expo­sée à la véné­ra­tion des fidèles.

Hen­ri Amien

Image - Sainte Hostie de Faverney

2 Commentaires

  1. Rose a dit :

    Bon­jour,
    J’ai­me­rais connaitre la date, où il y pos­sible de voir l’hos­tie miraculéé.
    Merci
    Rose

    7 mars 2016
    Répondre
    • Le Raconteur a dit :

      Bon­jour madame,
      Je n’ai pas cette infor­ma­tion ; il vaut mieux contac­ter le sanctuaire.
      Le raconteur

      7 mars 2016
      Répondre

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