Temps de lecture : 2 minutesDiverses fois, dans l’Évangile, on voit le Sauveur, laissant les Apôtres sur leur barque ou dans un village, se retirer sur une montagne où il prie durant toute la nuit. Il veut ainsi nous apprendre la nécessité de la prière et la façon de la faire. Il agit ainsi pour…
Étiquette : <span>Montagne</span>
Dans les pages d’un vieux livre
Henri. — Comme c’est amusant, toutes ces petites maisons, perchées sur la pente de la montagne !
— Cette montagne, c’est la montagne amie de Grenoble, celle qu’on voit au bout de chaque rue : le Saint-Eynard. Je sais à son sujet une bien jolie légende, cueillie dans un vieux livre qui garde encore le parfum des œillets roses conservés entre ses pages jaunies.
« Sachez [1] d’abord que jadis, Dieu, la Vierge et les saints faisaient sur la voûte céleste de longues promenades. Quand ils arrivaient au-dessus de cette vallée, c’était pour leurs yeux un émerveillement.
« Ils apercevaient les Sept-Laux, les crêtes du Belledonne toutes blanches de neige… Au soleil levant, le massif de la Chartreuse et le glacier lilial du Mont-Blanc.
« A leurs pieds, l’Isère coulait avec ses flots argentés à travers des clairières bordées de chênes, de châtaigniers et de peupliers… Saint Pierre s’asseyait pour mieux voir ; la Vierge Marie joignait les mains d’admiration… Dieu souriait…
« Mon Dieu ! dit un jour la Vierge Marie, pourquoi les bords de cette rivière, ces forêts et ces pâturages sont-ils inhabités ! Les hommes y seraient si heureux !
— Il n’y a pas de maisons, dit saint Pierre, un peu bourru. Et comment diable ! voulez-vous que les pauvres humains transportent des matériaux dans ces montagnes ?…
— Eh bien ! saint Pierre, dit le Père Éternel, tu vas tout de suite en apporter.
— Oh ! dit saint Pierre, des chantiers du Paradis à cette vallée, le trajet est long. Des maisons, c’est lourd. Je ne suis plus jeune… Que saint Eynard s’en charge !…
- [1] Cette légende est tirée de Sous le signe des Dauphins (de Paul Berret), éditions Didier et Richard, à Grenoble. ↩
Eucharistie.
Onze gars du village de Rivouard, blotti au fond de la vallée, sont partis avec leur vicaire par une belle soirée de décembre pour escalader la Roche Brune. C’est la courte ascension classique des débutants et, malgré le petit vent nord-est qui soulève parfois la neige dans un impalpable poudroiement argenté, ils ont atteint avant la nuit le refuge de La Placette situé à 2.000 mètres.
A la lueur clignotante des bougies, on s’installe parmi les rires et les chansons. Mais chut ! il faut dormir bien vite afin d’être en forme pour l’escalade du lendemain.
Au réveil, Monsieur le Vicaire a déjà préparé son autel portatif sur l’unique table du refuge. Dehors, le ciel est toujours clair, et la température s’est même radoucie. Un peu de gymnastique pour éprouver les muscles… quelques bonnes blagues… et les gars ayant sorti des sacs leurs missels, se groupent autour du prêtre qui a revêtu les ornements sacerdotaux.
La messe commence ; voici l’Évangile, l’Offertoire. Dans quelques instants, l’Hostie consacrée rayonnera dans le refuge. C’est alors que se produisit l’imprévisible. Un grondement, d’abord lointain et sourd, mais qui s’amplifie comme un tonnerre, fit brusquement lever toutes les têtes. Pas un cri, pas une parole, mais une pensée commune vient de jaillir : l’avalanche !