OH ! Oh ! le ciel s’y prête ! Regardez l’aube merveilleuse qui grandit. Sur l’horizon rose le soleil arrive brusquement, et toute la beauté de la terre à l’automne jaillit partout, des collines lointaines, bleuâtres, des feuillages ardents, splendides.
Les volets de la chambre de Madeleine et Sabine ont très tôt claqué sur le mur, et les deux fillettes ont salué le soleil par des cris de joie, et lui ont envoyé des baisers, comme à un ami.
Dans la chambre d’André l’ordre règne partout. Le lit a reçu une couverture blanche, et un bouquet de chrysanthèmes répand son odeur amère devant un crucifix. L’enfant est assis dans son lit. M. le Curé en surplis, précédé de Marcel, arrive portant l’Hostie sainte. Après les prières liturgiques il parle à l’enfant :
« Voici Celui qui a dit : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » De ce royaume d’infinie béatitude Il est seul la Porte, on n’entre que par Lui. Il a seul la clé, Il ouvre à qui Il veut[1]. »
Les yeux d’André expriment une paix au-dessus de son âge. Et M. le Curé repart en hâte, car l’heure de la Messe est là.
À l’église les bancs sont garnis d’enfants. Avant la Communion voici ce que leur a dit M. le Curé.
M. LE CURÉ
« Mes enfants, après la Sainte Messe, c’est la Sainte Communion qui est le grand moyen de nous faire glorifier le mieux la Royauté du Verbe Incarné, notre Sauveur. Depuis la Consécration jusqu’à la Communion, c’est toute la gloire que la Victime du Golgotha rendit à son Père qui est offerte à Dieu.
L’autel est un nouveau Calvaire d’où s’élève aussi intense que sur la Croix une louange et une adoration, une action de grâce et une réparation, une impétration et une satisfaction infinies. Et par la Communion toute cette religion du Christ-Dieu descend de nos autels de pierre sur les autels de chair que sont nos cœurs, et elle se continue autant de temps que les espèces consacrées demeurent en nous[2]. »
M. le Curé a été compris, assez du moins pour que les petits autels de chair aient tressailli. Et la Table de Communion voit défiler en grand nombre des visages recueillis et fervents.

Maintenant nous allons assister à la fête préparée par eux en l’honneur du Christ-Roi dans la prairie toute ensoleillée. Les assistants sont nombreux. M. le Curé a invité beaucoup de monde, et presque chaque famille compte un acteur et veut l’applaudir.
M. le Curé tient le rôle de metteur en scène. C’est lui qui explique tout. Heureusement, car il faut suppléer à toutes les insuffisances des acteurs et de la mise en scène.
Chut ! Chut ! On fait silence. Les trois coups réglementaires sont frappés.
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