Dès que le convoi des Rois fut parti,
saint Joseph, qu’un ange avait averti,
prenant avec lui l’Enfant et sa mère,
et l’âne, équipé de façon sommaire,
quitta Bethléem. Le tyran maudit
n’avait pas encor porté son édit,
qu’eux fuyaient déjà, trompant sa colère,
et gagnaient au loin l’exil tutélaire.
Au cours du voyage, il advint ceci
que je vais narrer dans un bref récit.
Ayant traversé la Judée entière,
ils ont pu franchir, enfin, la frontière,
et sont, désormais, en sécurité.
De là, pour atteindre un sol habité,
c’est un long trajet qu’il leur faudra faire.
Maintenant, Joseph ne s’en trouble guère ;
il leur reste assez de pain ; et voici
de l’huile, du miel, des dattes aussi…
L’outre a conservé son eau fraîche et claire.
Le baudet, gaillard plus qu’âne sur terre,
va son petit train, comme à l’ordinaire.
Et, s’il n’avait pas, au cœur, le souci
des enfants qu’Hérode abat sans merci,
saint Joseph, d’avoir si bien réussi,
rirait, dans sa barbe et dans sa prière.
C’est toujours, pourtant, le sable et la pierre,
le morne désert, sans lac et sans bois !
À part un chétif palmier, quelquefois,
rien ne rompt l’ennui de la plaine immense,
où le chemin fuit, fuit et recommence…
Il faut s’arrêter, le soir, quelque part,
pour manger, dormir ! Ici. Sans retard,