Non, il ne voulait pas quitter la maison pour aller là-bas, dans cette ferme comme petit berger. Depuis huit jours on ne parlait que de cela.
Georges n’avait plus que sa maman et sa grande sœur qui était repasseuse.
Cette année, la vie devenant plus difficile, la maman de Georges s’inquiétait pour son fils, assez délicat de santé ; le docteur du dispensaire et les infirmières consultés avaient répondu :
« Il faut envoyer cet enfant à la campagne. Mettez-le petit berger dans une bonne famille de cultivateurs, vous verrez comme cela lui fera du bien ; l’âme et le corps y gagneront.
Quand sa maman lui avait rapporté ces paroles, en venant l’attendre avec sa sœur à la sortie du patro (on était un jeudi), Georges s’était mis à pleurer :
« Non, je ne veux pas partir ! Tant pis si je suis malade, je ne veux pas être berger !
— Tu n’es pas raisonnable, mon petit Georges, avait dit sa sœur Marcelle ; pense au soulagement que nous aurons, maman et moi, de te savoir bien nourri et au bon air ; tu devrais être fier de penser que tu vas pouvoir nous décharger et gagner ta nourriture. Tiens, voilà justement Monsieur l’Abbé qui passe, nous allons lui demander son avis.