Ce soir-là, les hommes s’étaient endormis, fatigués du jour passé, accablés par une vie sans lumière…
La nuit était calme, belle, recueillie… comme en attente.
Un drame se préparait ! Un drame ? Simple incident pour quelques-uns qui pourtant s’en iraient aux quatre coins du monde réveiller tous les hommes de la terre… un incident qui se répercuterait à travers les âges jusqu’à la fin des temps !
Ce soir-là, les étoiles s’étaient allumées comme d’habitude, et les hommes s’étaient endormis…
Pas tous, cependant !…
* * *
Jérusalem, 12 Nizan (mars-avril), 20 heures.
Une salle sombre, mal éclairée par la tremblotante lueur d’une lampe à huile… La flamme qui danse allume des points d’or aux vêtements des hommes qui discutent. Leurs yeux luisent, perçants…
Les voix se répondent, chuchotantes, lourdes de menaces…
« Oui, ce soir, je sais où « Il » sera… C’est le moment : venez « Le » prendre…
— Mais… nous ne « Le » connaissons pas ; il faudrait… un signe.
— Facile !… Je L’embrasserai. Alors ?… Combien me donnez-vous ? »
Le silence est pesant… Un son clair le rompt ; une main jette des pièces. L’argent tinte sur le marbre… Une fois… Deux fois… Trois fois… Trente fois…
Une autre main, avide, ramasse la somme.
« Merci.… tout à l’heure ! »
* * *
Dans l’oliveraie de la colline.
Le ruisseau coule de roc en roc avec un bruit de soie qui se déchire… Sur le pont, quelques hommes s’avancent, parlant doucement entre eux… Passé le Cédron, le groupe remonte la pente de la colline opposée ; bientôt, les promeneurs atteignent une oliveraie.
Les vieux arbres tordus entremêlent leurs branches. Dans l’ombre, on dirait des diables guettant leur proie.
« Restez ici, je vais un peu plus loin, avec Pierre, Jacques et Jean… »
Le groupe, diminué, s’enfonce sous les troncs noueux la lune est levée, et sur le ciel clair se découpe l’énorme silhouette du temple. Comme elle semble menaçante !
« Je suis triste à en mourir… »
La voix est triste, en effet, presque tremblante ; elle supplie :
« Veillez et priez avec Moi… »
Le Maître s’éloigne… pas loin, et s’abat face contre terre.
Les minutes coulent, lentes… lourdes… lourdes comme le monde.






Horrifié, Guy ne parvient pas à réaliser les paroles du policier. Ce n’est pas possible… Raymond qui trahit ! Non, il fait un rêve… Oui, c’est cela, c’est un cauchemar dont il va se réveiller… Raymond ! Allons donc !…
Attention, les gars, je résume le jeu : conduits par l’Émir Noir, les Sarrasins ont enlevé un jeune chevalier du camp des Croisés et l’ont emprisonné dans un lieu inconnu. Le jeu débute au moment où ces derniers partent à la recherche de leur compatriote. Donc, vous autres, du camp des Croisés, désignez l’un d’entre vous qui jouera le rôle du chevalier et se mettra entre les mains des Sarrasins qui l’emmèneront et le cacheront le mieux possible.
Au camp des Croisés, les vestes ont volé sur un talus herbeux ; puis, manches de chemises retroussées et foulards glissés dans les ceintures, les garçons se mettent à discuter. Il s’agit de désigner celui qui tiendra le rôle du prisonnier. Cette fonction ne tente personne. Aucun garçon n’est disposé à rester attache sous la garde des soldats de l’Émir, tandis que les autres participeront aux émotions de la recherche et de l’attaque. Jacques, le chef de camp, commence à s’énerver :