Dès que le chien fut créé, il lécha la main du Bon Dieu et le Bon Dieu le flatta sur la tête :
— Que veux-tu, Chien ?
— Seigneur Bon Dieu, je voudrais loger chez toi, au ciel, sur le paillasson devant la porte.
— Bien sûr que non ! dit le Bon Dieu. Je n’ai pas besoin de chien puisque je n’ai pas encore créé les voleurs.
— Quand les créeras-tu, Seigneur ?
— Jamais. Je suis fatigué. Voilà cinq jours que je travaille, il est temps que je me repose. Te voilà fait, toi, Chien, ma meilleure créature, mon chef-d’œuvre. Mieux vaut m’en tenir là. Il n’est pas bon qu’un artiste se surmène au-delà de son inspiration. Si je continuais à créer, je serais bien capable de rater mon affaire. Va, Chien ! Va vite t’installer sur la terre. Va et sois heureux.
Le chien poussa un profond soupir :
— Que ferais-je sur la terre, Seigneur ?
— Tu mangeras, tu boiras, tu croîtras et multiplieras.
Le chien soupira plus tristement encore.
— Que te faut-il de plus ?
— Toi, Seigneur mon Maître ! Ne pourrais-tu pas, toi aussi,