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Auteur : Rougemont, Pierre | Ouvrage : Et maintenant une histoire II .

Temps de lec­ture : 7 minutes

Jour de l’An

« M’dame Michu !

— Quoi ?

— Je vous la sou­haite bonne et heureuse ! »

Bonne et sainte année 2013 ! histoire d'un jeune garçon

La concierge se retourne, bour­rue comme tou­jours, et se trouve en face de Jean Lar­cher, douze ans, la taille bien prise dans son swea­ter de laine blanche, l’œil légè­re­ment coquin sous la che­ve­lure embrous­saillée, et qui la regarde en souriant.

« Bonne et heu­reuse… bonne et heu­reuse… C’est vite dit.

— Dame, vous savez, M’dame Michu, c’est tout ce que je peux vous offrir comme étrennes moi… J’ai pas d’sous.

— Je ne t’en demande pas non plus… Seule­ment, tu me dis que tu me sou­haites une bonne et heu­reuse année… alors, ça me fait pitié, quoi ! »

Auteur : Dardennes, Rose | Ouvrage : À l'ombre du clocher - 1. Les sacrements .

Temps de lec­ture : 12 minutes

Confirmation

(histoire vraie)

Tous­saint 1867.

Depuis deux cents ans, à la suite de l’in­tré­pide Magel­lan décou­vrant le pas­sage mer­veilleux à la pointe sud de l’A­mé­rique, cor­vettes et fré­gates d’Eu­rope ont sillon­né les Mers du Sud (ain­si nom­mait-on, en ce temps-là, l’O­céan Paci­fique), abor­dé des îles incon­nues, ame­né bien­tôt les missionnaires…

Ile de toauA 500 lieues au nord-est de Tahi­ti, l’é­troite île d’A­naa allonge sur 80 kilo­mètres ses anneaux de corail en ellipse autour d’un vaste lagon cen­tral. Tout à l’en tour, la mer phos­pho­res­cente, à l’infini…

Sur la petite plage de sable étin­ce­lant, un homme debout scrute ces hori­zons illimitées…

— Ici, dit-il à quelques hommes au visage cou­leur de pain grillé, tous les Mao­ris sont deve­nus chré­tiens. Votre foi et votre fer­veur sont la joie de ma vie. Mais là-bas… plus loin ?…

Car « plus loin », sur des cen­taines de kilo­mètres d’o­céan, l’ar­chi­pel des Tua­mo­tous dis­perse ses îles basses « comme une immense cou­vée d’œufs qu’un méchant coq aurait bous­cu­lée… » Et par­mi celles-ci beau­coup, encore abso­lu­ment sau­vages à cette époque-là, ignorent le vrai Dieu et sont entou­rées d’une solide répu­ta­tion île féro­ci­té et de can­ni­ba­lisme. Les pre­miers Blancs qui y ont abor­dé étaient des pirates négriers : par force ou par ruse ils se sont empa­rés des popu­la­tions et les ont emme­nées tra­vailler sur les durs chan­tiers de Tahi­ti ou de Papeete… Deve­nus méfiants, les sur­vi­vants ont accueilli à coup de sagaies les autres Blancs venus pour ache­ter la nacre ou le coprah, et ils en ont offert plus d’un en expia­toire à leurs dieux offen­sés ; puis ils les ont dévo­rés en d’im­menses fes­tins rituels…

Un grand lève son regard d’es­car­boucle sur le mis­sion­naire pensif :

— Il y a dix-huit ans, nous étions comme eux, Ape­re­to. Mais tu es venu. Tu nous a annon­cé le Dieu qui aime tous les hommes et veut que tous les hommes s’en­tr’aiment. Tu nous as appris à construire des mai­sons, à creu­ser des puits, à gué­rir la fièvre. Nous vivons heu­reux et nous nous irons au ciel. Mais nous n’a­vons pas le droit de gar­der ce bon­heur pour nous. Veux-tu que nous le por­tions avec toi à nos frères des îles Basses ?

Ape­re­to — ain­si nomment-ils affec­tueu­se­ment dans leur langue caden­cée le Père Albert Mon­ti­ton, mis­sion­naire chez eux depuis long­temps — sou­rit à ces chré­tiens géné­reux et ren­dit grâce au Sei­gneur : « ceux-là sont pleins de l’Es­prit de Dieu »…

— Réflé­chis­sez. Je pars demain. Un voi­lier de com­merce consent à m’emmener. Il tou­che­ra de nom­breuses îles : j’y des­cen­drai, j’y annon­ce­rai Jésus. J’y lais­se­rai un caté­chiste pour conti­nuer l’œuvre amorcée…

Ils sont dix à s’of­frir, et les femmes ne sont pas les der­nières. Le Père les met en garde contre un enthou­siasme intempestif :

— Son­gez que nous ris­quons d’être accueillis à coups de lances…

— Nous ne

Auteur : Diethelm, P. Walther | Ouvrage : Le plus beau cadeau .

Temps de lec­ture : 10 minutes

Depuis quelque temps déjà, M. le Vicaire trou­vait que Jean avait chan­gé ; il sem­blait que quelque chose n’al­lait pas. Lui, si gai autre­fois, presque trop, il deve­nait morose, triste.

Un jour, que M. le Vicaire expli­quait le mal­heur qu’il y a à com­mettre le péché mor­tel, qui nous conduit en enfer pour tou­jours, Jean s’é­tait mis à pleu­rer à chaudes larmes. Il avait essayé de se cacher der­rière un cama­rade, mais les yeux de M. le Vicaire l’eurent bien­tôt découvert.

Histoire à colorer - pour la première communion - Le secret de Jean« Qu’est-ce qui peut bien lui faire tant de peine ? » se deman­da M. l’Abbé.

Après la leçon, les enfants se dis­pu­taient l’hon­neur de por­ter la ser­viette du prêtre. Ce jour là, Jean lui ren­dit ce ser­vice et l’ac­com­pa­gna jus­qu’à la mai­son. Arri­vé à la cure, Jean ne fut pas éton­né d’en­tendre M. le Vicaire l’in­vi­ter à entrer chez lui ; c’é­tait l’habitude.

« Eh bien, mon petit Jean, assieds-toi un ins­tant, dit M. le Vicaire en avan­çant une chaise. Et main­te­nant, dis-moi ce qui te fait tant de peine ! » lui deman­da-t-il gentiment.

Le petit rou­git comme un coque­li­cot et se ren­dit compte du pour­quoi de l’ai­mable invi­ta­tion. Il hési­tait. Com­ment expli­quer son cha­grin, ce cha­grin qui le fai­sait pleu­rer sou­vent le soir dans son lit ?

Non, il ne pou­vait par­ler ; il avait honte de dire ce qu’il aurait dû racon­ter. Mais le prêtre ne le pres­sa pas ; il atten­dit tran­quille­ment. Jean com­prit que le prêtre lui vou­lait du bien ; alors, il sur­mon­ta sa crainte et racon­ta quelle était sa grande croix.

Oui, il avait une croix, le petit Jean ! Et cette croix, c’é­tait son père, qu’il aimait pour­tant beau­coup. Peu à peu, Jean confia à M. le Vicaire que son papa n’al­lait jamais à l’é­glise, qu’il se moquait de maman quand elle priait avec les enfants. Il se moquait même du bon Dieu. « Il est seule­ment pour les riches, ton bon Dieu », disait-il. Et depuis que lui, Jean, se pré­pa­rait à la , son père ne le lais­sait plus tran­quille. Le soir, quand il ren­trait de la fabrique, il com­men­çait à le chi­ca­ner. « Aucun homme rai­son­nable ne peut croire que Jésus habite dans un peu de pain, avait-il dit hier. Si vrai­ment il y avait un Dieu, il aurait autre chose à faire que