Sainte Marguerite-Marie

Auteur : Maldan, Juliette | Ouvrage : Petites Vies Illustrées pour enfants .

Temps de lec­ture : 19 minutes

vint au monde le 22 juillet 1647, dans le vil­lage de Vérosvres, au hameau de Lhau­te­cour, dio­cèse d’Au­tun. Elle fut bap­ti­sée en l’é­glise de Vérosvres dont son oncle Antoine Ala­coque, qui fut son par­rain, était alors curé. Son père, Claude Ala­coque, « notaire royal », y habi­tait une pro­prié­té com­po­sée d’une ferme et d’un grand pavillon. C’est là que se pas­sa l’en­fance de Mar­gue­rite, à part, vers l’âge de quatre ans, un long séjour chez sa mar­raine, au châ­teau de Corcheval.

Sa mar­raine la lais­sait libre de jouer, de cou­rir dans les allées et les char­mil­les du parc. Mais, sur la ter­rasse du châ­teau, s’é­le­vait une cha­pelle, et Mar­gue­rite se fai­sait une joie d’y entrer à chaque ins­tant. Les per­sonnes char­gées de sa sur­veillance ne la trou­vaient-elles ni dans les jar­dins, ni dans la mai­son ? Elles n’a­vaient qu’à pous­ser la porte de la cha­pelle. Elles aper­ce­vaient l’en­fant, à genoux sur les dalles, ses petites mains jointes, immo­bile, les yeux fixés sur le taber­nacle où elle savait que Jésus habi­tait dans la sainte Hos­tie. Mar­gue­rite quit­tait la cha­pelle à regret quand on l’ap­pe­lait, car elle serait res­tée là des heures entières sans s’ennuyer.

Coloriage Sainte Marguerite-Marie Alacoque
De loin, assise sur une roche…

A Lhau­te­court, près de la mai­son de ses parents, se creuse un petit val­lon abri­té de chênes. Mar­gue­rite s’y plai­sait plus que par­tout ailleurs. De loin, assise sur une roche, elle aper­ce­vait l’é­glise du vil­lage, et même, à tra­vers les vitraux, le reflet de la lampe du sanc­tuaire. Elle pen­sait à Jésus et lui disait qu’elle l’aimait.
C’est chose extra­or­di­naire qu’une petite fille prie si long­temps ! D’ha­bi­tude, les enfants, après un « Notre Père » ou un « Je vous salue » se sauvent bien vite jouer. Mais le bon Dieu atti­rait le cœur de Mar­gue­rite comme avec un aimant et la vou­lait tout à lui, parce qu’il lui réser­vait une grande mission.

Aus­si, toute petite, lui fit-il com­prendre la lai­deur du péché et l’hor­reur de la moindre tache sur la blan­cheur de son âme. Très vive, très remuante, devant un caprice, une dis­pute, « l’on n’a­vait qu’à me dire, raconte Mar­gue­rite, que c’é­tait offen­ser Dieu, cela m’ar­rê­tait tout court ».

Un jour de car­na­val, alors que Mar­gue­rite avait cinq ans et son frère Chry­so­stome, sept, celui-ci déni­cha une épée et vint pro­po­ser à sa petite sœur de chan­ger d’ha­bits avec lui et de cou­rir après les fer­miers du voi­si­nage pour leur faire grand-peur. Mais Mar­gue­rite refu­sa, crai­gnant de com­mettre un péché. A l’âge de huit ans, Mar­gue­rite per­dit son père. Sa mère, acca­blée par le cha­grin, absor­bée par ses affaires à démê­ler, ses terres à sur­veiller, dut se déci­der à mettre sa petite fille en pen­sion chez les Cla­risses de Charolles.

Mar­gue­rite, si pieuse, se plut au milieu des reli­gieuses. Celles-ci, de leur côté, admi­raient cette char­mante enfant, docile, appli­quée à l’é­tude du caté­chisme. Elles virent que cette petite âme pure dési­rait ardem­ment rece­voir Notre-Sei­gneur dans la sainte Eucha­ris­tie. Aus­si, mal­gré tous les usages de ce temps, la pré­pa­rèrent-elles à faire, dès l’âge de neuf ans, sa pre­mière Com­mu­nion. Cette ren­contre avec Jésus allu­ma dans le cœur de Mar­gue­rite une flamme d’a­mour qui devait tou­jours gran­dir. A par­tir de ce moment, on la vit chan­ger. Elle, si joyeuse, si remuante dans les récréa­tions, ne sut plus s’a­mu­ser. A peine com­men­çait-elle à cou­rir, à jouer avec les autres élèves qu’il lui sem­blait qu’au fond de son cœur Notre-Sei­gneur lui rap­pe­lait qu’Il était là et l’in­ci­tait à le prier. Il lui fal­lait quit­ter les jeux, aller se cacher dans un coin des bâti­ments et s’y mettre à genoux.

Mar­gue­rite ne cher­chait qu’à copier les reli­gieuses et rêvait de deve­nir comme elles.

Mais peu après sa pre­mière Com­mu­nion, elle tom­ba gra­ve­ment malade. Elle ne pou­vait plus mar­cher, souf­frait sans cesse, deve­nait si maigre que les « os lui per­çaient la peau de tous côtés ». On dut la rame­ner chez sa mère.

La mai­son de Lau­the­cour abri­tait une nom­breuse paren­té deux grands-mères, des vieilles tantes, un oncle fort rude, des cou­sins. Tout ce monde se dis­pu­tait sou­vent et fai­sait grand bruit.

La petite malade, dans sa chambre, échap­pait un peu à ce tapage. Trois années, elle demeu­ra cou­chée, pas­sant dans le recueille­ment ses inter­mi­nables journées.

C’é­tait sur­tout vers la Sainte Vierge qu’elle se tour­nait avec une vive confiance. Depuis son enfance, elle lui por­tait une grande ten­dresse et la priait sans cesse. Son cha­pe­let ne la quit­tait pas. Elle le réci­tait lon­gue­ment, pieu­se­ment, y pui­sant force et patience.

On essayait de tous les remèdes sans obte­nir d’a­mé­lio­ra­tion. La pauvre enfant res­tait aus­si maigre et souf­frante. Un jour, l’i­dée vint à sa mère de lui pro­po­ser un vœu à la Sainte Vierge : la malade, si elle gué­ris­sait, pro­met­tait de se consa­crer à Marie. Cette pro­po­si­tion ravit Mar­gue­rite. Rien ne pou­vait la rendre plus heu­reuse que la pen­sée de deve­nir « une fille de Marie ».

« Je n’eus pas plus tôt fait ce vœu, dit-elle, que je reçus la gué­ri­son, avec une nou­velle pro­tec­tion de la Sainte Vierge. » Et Mar­gue­rite ajoute qu’à par­tir de cette grâce, Marie la gou­ver­na, la reprit de ses moindres fautes, comme une maî­tresse dirige son élève, ou plu­tôt, comme la plus tendre des mères conduit son enfant par la main et lui enseigne à faire la volon­té de Dieu. Mar­gue­rite, de son côté, eut, pour sa Mère du Ciel, une confiance plus filiale encore. Dans ses dif­fi­cul­tés, dans ses peines, elle invo­quait Marie : « Je n’o­sais m’a­dres­ser à son divin Fils, mais tou­jours à Elle. »

Mar­gue­rite avait com­pris, que c’est par Marie que nous allons à Jésus.

Depuis long­temps, déjà, en l’hon­neur de la Sainte Vierge, elle jeû­nait tous les same­dis, réci­tait chaque jour son cha­pe­let et sept Ave en sou­ve­nir des sept dou­leurs de Marie. Elle conti­nua ces pra­tiques avec une plus vive ferveur.

La Sainte Vierge, en retour, lui mon­tra sa mater­nelle pro­tec­tion et, plu­sieurs fois, la déli­vra de « très grands dangers ».

Dures années

Avec la san­té, la joie du grand air et du mou­ve­ment retrou­vés, Mar­gue­rite reprit goût à la vie. Par nature, elle eut aimé les dis­trac­tions. Mais Notre-Sei­gneur avait d’autres des­seins sur elle.

Mêlée main­te­nant à l’exis­tence de la famille, la pauvre petite s’a­per­çut vite qu’elle aurait plus de rai­son de pleu­rer que de se diver­tir. Mme Ala­coque, faible et crain­tive, s’é­tait rési­gnée à confier ses biens à son beau-frère, Tous­saint Dela­roche, et peu à peu on l’a­vait dépouillée de son auto­ri­té dans la mai­son. Les grands-mères et les tantes s’é­taient empa­rées de toutes les clefs. Mar­gue­rite et sa mère ne pou­vaient plus tou­cher à rien. Humi­liées, elles vivaient dans un dur escla­vage : « C’é­tait la guerre, avoue­ra plus tard Mar­gue­rite, nous n’o­sions rien faire sans leur permission. »

Mar­gue­rite dési­rait-elle se rendre à la messe ? L’ar­moire qui ren­fer­mait robe et man­teau était fer­mée, et les vieilles met­taient un méchant plai­sir à lui refu­ser la clef.

En ces tristes années, le jeune fille ne trou­vait de joie que dans l’é­glise du vil­lage. Devant le taber­nacle soli­taire, elle oubliait ses peines. Jésus la conso­lait, l’at­ti­rait ten­dre­ment à lui et elle ne pen­sait plus qu’à se « consu­mer en sa pré­sence comme un cierge ardent, pour lui rendre amour pour amour ». — « J’y aurais pas­sé des jours et des nuits sans boire ni man­ger », ajoute-t-elle.

Et jus­te­ment les gens qui l’en­tou­raient cher­chaient mille pré­textes pour empê­cher ses visites à l’é­glise. Si les larmes de Mar­gue­rite cou­laient devant leurs refus, on se moquait d’elle. Son oncle l’ac­ca­blait de gros­siers reproches et de calom­nies. La pauvre enfant s’en­fuyait cacher son cha­grin dans les buis­sons du jar­din ou dans un coin d’é­table où elle pou­vait pleu­rer et prier tran­quille. Quand il fal­lait ren­trer à la mai­son, un trem­ble­ment de frayeur la saisissait.

Pauvre Mar­gue­rite ! Coups et reproches tom­baient alors sur elle : « Pares­seuse ! égoïste, tu n’es pas digne de man­ger du pain !… » Aus­si, par­fois, n’o­sait-elle s’as­seoir à la table de famille.

Après le sou­per, elle devait se rendre à la cui­sine pour laver la vais­selle avec les domestiques.

Quand enfin tout dor­mait dans la mai­son, Mar­gue­rite, seule dans sa petite chambre, pleu­rait lon­gue­ment aux pieds de son cru­ci­fix. Jésus alors venait la récon­for­ter, l’é­clai­rer. « C’est par amour pour toi que j’ai souf­fert », lui disait-il. Il ensei­gnait à cette enfant la néces­si­té de por­ter sa croix pour lui res­sem­bler dans sa pas­sion. Ins­truite et for­ti­fiée par son divin Maître, Mar­gue­rite par­don­nait à ceux qui lui cau­saient tant de peine. Elle priait pour eux, leur ren­dait ser­vice, ne se plai­gnait jamais, ni ne racon­tait à per­sonne ce qu’elle endurait.

Mais voir sa mère ché­rie trai­tée comme elle, pri­vée de tout, la déso­lait. Mme Ala­coque d’une faible san­té était sou­vent malade. Mar­gue­rite seule la soi­gnait, et encore lui refu­sait-on toutes les choses néces­saires pour cela. Elle, si timide, devait alors men­dier dans les mai­sons du vil­lage quelques œufs, un peu de sucre pour sa mère. Un hiver, Mme Ala­coque tom­ba malade à mou­rir. Un chi­rur­gien qui pas­sait par le vil­lage, décla­ra « qu’à moins d’un miracle, cette dame ne pou­vait en réchapper ».

En écou­tant cela, Mar­gue­rite défaillait de dou­leur, et per­sonne autour d’elle ne sem­blait s’en mettre en peine. La pauvre enfant recou­rut à la Sainte Vierge, son refuge habi­tuel, et, à l’é­glise, sup­plia Notre-Sei­gneur d’être lui-même le méde­cin de sa mal­heu­reuse mère. Ren­trée à la mai­son, Mar­gue­rite, pleine de confiance en Dieu, se mit à pan­ser les affreuses plaies de la malade et en peu de jours celle-ci fut guérie.

La vocation

Quand Mar­gue­rite eut dix-huit ans, les choses chan­gèrent autour d’elle. Sa mère dési­rait vive­ment la marier, espé­rant qu’elle pour­rait alors quit­ter cette mai­son où on la ren­dait si mal­heu­reuse, et vivre chez sa fille. Elle fit donc confec­tion­ner de jolies robes à Mar­gue­rite, et la condui­sit dans des réunions où la jeune fille fut trou­vée char­mante avec ses boucles brunes et ses grands yeux noirs.

Mar­gue­rite se lais­sait dis­traire, car sa nature vivante la por­tait au plai­sir. Mais ren­trée dans sa chambre, elle pen­sait avec remords à la pro­messe faite à Dieu d’être reli­gieuse, et pas­sait en prière le reste de la nuit.

Plu­sieurs jeunes gens deman­daient sa main, et sa mère la pres­sait d’ac­cep­ter : « Je t’en prie mon enfant, sup­pliait-elle, décide-toi, songe que si tu te maries je pour­rai m’en aller avec toi ! »

Mar­gue­rite aimait si ten­dre­ment sa mère que son cœur se déchi­rait à la pen­sée de la quit­ter pour entrer au couvent.

D’un autre côté, Notre-Sei­gneur l’appelait.

La pauvre enfant ne savait plus que deve­nir. On la voyait pâlir et maigrir.

Au milieu de ces anxié­tés, un matin où elle était allée com­mu­nier à l’é­glise du vil­lage, Notre-Sei­gneur lui fit entendre sa voix au fond de l’âme, lui repro­chant de vou­loir l’a­ban­don­ner. « Mais si tu M’es fidèle, et si c’est Moi que tu suis, Je t’ap­pren­drai à Me connaître et Me mani­fes­te­rai à toi. »

En ren­trant à la mai­son, Mar­gue­rite décla­ra fer­me­ment qu’elle ne se marie­rait jamais et serait reli­gieuse. Sa mère com­prit qu’elle ne devait plus dis­pu­ter son enfant au bon Dieu.

En atten­dant de connaître le couvent où Dieu la vou­lait, Mar­gue­rite s’oc­cu­pait des enfants aban­don­nés, nom­breux dans la région. Elle les ras­sem­blait autour d’elle, leur don­nait tout l’argent dont elle pou­vait dis­po­ser, et sur­tout, leur ensei­gnait les prières et le caté­chisme. Ils venaient volon­tiers près d’elle si douce et com­pa­tis­sante. Les leçons se pas­saient dans les champs, mais les pluies et les froids de l’hi­ver for­çaient à cher­cher un abri. On ne pou­vait tenir dans la chambre de la jeune fille, il fal­lait s’ins­tal­ler dans une grande pièce de la mai­son. Quand le bruit de cette mar­maille venait aux oreilles de la grand-mère et de l’oncle Tous­saint, ils accou­raient furieux, chas­saient le trou­peau et gron­daient Marguerite.

Celle-ci visi­tait aus­si les pauvres malades de la cam­pagne. Pour l’a­mour de Jésus, elle lavait et pan­sait leurs plaies mal­gré ses vives répugnances.

Où entre­rait-elle en religion ?

Marguerite-Marie instruit les enfants des paysans. Coloriage
Mar­gue­rite-Marie ins­truit les enfants des paysans.

On lui par­la de la Visi­ta­tion de , les « Sainte Marie » comme on disait alors. En entrant au par­loir de ce couvent, Mar­gue­rite enten­dit une voix qui lui disait au fond du cœur : « C’est ici que Je te veux ! »

En juin 1671, elle s’ar­ra­chait à sa mère si ten­dre­ment aimée. A la porte du couvent il lui sem­bla, avoua-t-elle, « que mon esprit allait se sépa­rer de mon corps en entrant ».

Pour la récom­pen­ser de sa géné­ro­si­té dans le sacri­fice, Notre-Sei­gneur la com­bla de sa tendresse.

Bien­tôt, les reli­gieuses ne sur­ent que pen­ser de cette jeune Sœur… Sans doute, c’é­tait la plus humble, la plus obéis­sante, la plus cha­ri­table des novices. Mais elle parais­sait tou­jours tel­le­ment recueillie, absor­bée comme loin de la terre ! La Supé­rieure, pour l’y rame­ner, l’en­voyait balayer, tra­vailler au jar­din. On la char­geait de gar­der dans l’en­clos du couvent une ânesse et son ânon après les­quels il fal­lait sans cesse cou­rir pour les empê­cher de brou­ter les légumes du pota­ger. On l’employait aus­si à l’in­fir­me­rie où la besogne pénible ne man­quait pas.

Sœur Mar­gue­rite-Marie obéis­sait tou­jours avec son doux sou­rire. Ses com­pagnes ne se dou­taient pas que Notre-Sei­gneur lui tenait par­tout com­pa­gnie. Il l’ins­trui­sait, la repre­nait des fautes les plus légères, car Jésus ne peut souf­frir la moindre tache.

Les grandes révélations du

Jésus pré­pa­rait ain­si Mar­gue­rite-Marie à la mis­sion qu’il allait lui confier. Le 27 décembre 1672, fête de saint Jean, l’a­pôtre qui à la Cène, repo­sait sur le Cœur de Jésus, Mar­gue­rite-Marie age­nouillée à la Cha­pelle, vit sou­dain Notre-Sei­gneur lui appa­raître et lui mon­trer son Cœur sacré tout entou­ré de flammes. Il lui dit :

Coloriage du Sacré-Cœur apparaissant à Marguerite-Marie
N.-S. appa­raît à Marguerite-Marie.

« Mon Cœur divin est si pas­sion­né d’a­mour pour les hommes, et pour toi en par­ti­cu­lier, que ne pou­vant plus conte­nir en Lui-même les flammes de son ardente cha­ri­té, il faut qu’Il les répande par ton moyen et qu’Il se mani­feste à eux pour les enri­chir de Ses pré­cieux tré­sors que Je te découvre, et les reti­rer de l’a­bîme de perdition. »

Puis Jésus ajou­ta : « Veux-tu Me don­ner ton cœur ? — Sei­gneur, je vous sup­plie de le prendre… »

Et Jésus le prit, le mit dans le Sien, où il se consu­ma comme un petit atome dans une ardente fournaise.

Pen­dant que Notre-Sei­gneur lui par­lait, Mar­gue­rite-Marie ne savait si elle était au ciel ou sur la terre…

Une autre fois, Jésus Se mon­tra tout écla­tant de gloire, Ses cinq plaies brillant comme des soleils et des flammes sor­tant de Son cœur. Il dit encore à Mar­gue­rite-Marie com­bien Il aimait les hommes et souf­frait de leur ingra­ti­tude. Il lui deman­da, pour Le conso­ler, de com­mu­nier sou­vent, sur­tout le pre­mier ven­dre­di de chaque mois.

La sœur, par obéis­sance, racon­ta ses visions à la Supé­rieure qui n’eut pas l’air d’y croire et l’hu­mi­lia beaucoup.

Mais les visites de Notre-Sei­gneur, Ses paroles, avaient si for­te­ment ému Mar­gue­rite-Marie, qu’elle tom­ba gra­ve­ment malade. Sa Supé­rieure lui ordon­na de deman­der à Dieu sa gué­ri­son : ce serait le signe que ces choses extra­or­di­naires venaient de lui. Mar­gue­rite-Marie obéit, et la Sainte Vierge lui appa­rut, lui pro­met­tant de lui rendre la san­té de la part de son divin Fils, car elle aurait encore beau­coup à souf­frir. « Mais ne crains rien, ajou­ta Marie, Je ne t’a­ban­donne pas et Je te prends sous Ma pro­tec­tion. »

Là-des­sus, Mar­gue­rite-Marie se trou­va subi­te­ment gué­rie. Elle n’é­tait pas au bout de ses peines. Mal­gré tous ses efforts pour cacher les grâces mer­veilleuses qu’elle rece­vait, et s’ap­pli­quer à son tra­vail, on se dou­tait autour d’elle qu’il se pas­sait quelque chose d’ex­tra­or­di­naire. On l’ac­ca­blait de reproches, de moque­ries, et les gens igno­rants décla­raient que c’é­tait le diable qui la trompait.

L’humble Mar­gue­rite-Marie ne savait plus que pen­ser. A ce moment, Dieu envoya à son secours un saint reli­gieux fort ins­truit, le Père Claude de la Colom­bière. Il écou­ta lon­gue­ment les récits de Mar­gue­rite-Marie, exa­mi­na ses paroles et sur­tout sa conduite, et lui décla­ra qu’elle pou­vait être en paix, car ses visions étaient de Dieu.

Vint le mois de juin de 1675. Dans le jar­din du couvent, les roses et les lis s’é­pa­nouissent sous le soleil. Les cierges brûlent sur l’au­tel de la cha­pelle tout ornée de fleurs. Mar­gue­rite-Marie est en ado­ra­tion devant la sainte Hos­tie expo­sée. Sou­dain, Notre-Sei­gneur lui appa­raît et lui dit : « Voi­ci ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu’il n’a rien épar­gné jus­qu’à S’é­pui­ser et Se consu­mer pour leur témoi­gner Son amour ; et pour recon­nais­sance, Je ne reçois de la plu­part que des ingra­ti­tudes par leur irres­pect et leurs sacri­lèges et par les froi­deurs et les mépris qu’ils ont pour Moi dans ce sacre­ment d’a­mour… »

Et Jésus demande qu’en répa­ra­tion une fête soit célé­brée, chaque année, le ven­dre­di après l’oc­tave du Saint Sacrement.

La messagère de Jésus

Notre-Sei­gneur a donc char­gé Mar­gue­rite-Marie de nous rap­pe­ler Son immense amour que nous oublions trop sou­vent. Si les hommes se tour­naient avec confiance vers le Cœur de Jésus, ils y trou­ve­raient le salut pour eux et pour leur pays, car le Sacré-Cœur a pro­mis « d’être pour notre patrie une source inépui­sable de misé­ri­corde, détour­nant la jus­tice de Dieu de tant de crimes qui se com­mettent en France ».

Mais il faut conso­ler Son Cœur divin si cruel­le­ment offen­sé et faire pour cela tout ce qu’Il demande.

Tache écra­sante pour une pauvre petite reli­gieuse timide et crain­tive, qui ne sort pas de son couvent ! Mais elle ne s’ap­puie que sur Dieu seul, pour accom­plir sa mission.

Que de peines, d’hu­mi­lia­tions, de cri­tiques à subir pour obéir à Notre-Seigneur !

Le 20 juillet 1684, devant une image du Sacré-Cœur, sim­ple­ment des­si­née à l’encre sur une feuille de papier et posée sur un petit autel orné de fleurs par les novices, Mar­gue­rite-Marie pros­ter­née se consacre au Cœur de Jésus.

Quelques années plus tard, dans l’en­clos de la Visi­ta­tion, s’é­lève une petite cha­pelle dédiée au Sacré-Cœur. La nou­velle dévo­tion com­mence à se répandre.

L’âme de Mar­gue­rite-Marie est dans la joie. « Je n’ai plus rien à sou­hai­ter, dit-elle, je ne désire plus rien puisque le Sacré-Cœur est connu et qu’il com­mence à régner sur les cœurs. »

Elle meurt dou­ce­ment et sain­te­ment le 1690, après avoir mur­mu­ré : « Je n’ai plus besoin que de la misé­ri­corde du Sacré-Cœur… ». Son corps repose sous une dalle du chœur de la cha­pelle de la Visi­ta­tion à l’en­droit où Notre-Sei­gneur lui apparut.

L’É­glise a décla­ré « sainte » l’humble Mar­gue­rite-Marie. Dans la cha­pelle où Notre-Sei­gneur lui appa­rut, des pèle­rins, par mil­liers, viennent chaque année invo­quer le divin Cœur.

Le monde entier honore le Cœur de Jésus, sym­bole de Son amour.

Sur la col­line de , domi­nant Paris, se dresse la où, jour et nuit, le Saint Sacre­ment est expo­sé et ado­ré tout au long de l’année.

Au milieu des bou­le­ver­se­ments actuels, redi­sons sans cesse avec toute notre ferveur

« Cœur Sacré de Jésus, ayez pitié de nous !

Cœur Sacré de Jésus, j’ai confiance en vous !

Cœur Sacré de Jésus, sau­vez la France !

Cœur Sacré de Jésus, don­nez la paix au inonde ! »

J. M.

Coloriage Sainte Marguerite-Marie Alacoque - Montmartre

La grande promesse

Peut-être est-il oppor­tun de rap­pe­ler ici la dou­zième Pro­messe faite par Notre-Sei­gneur à sainte Mar­gue­rite-Marie, et connue sous ce nom dans toute l’É­glise. La voi­ci comme nous la pré­sente la sainte :

« Un jour de ven­dre­di, pen­dant la sainte com­mu­nion, Il dit ces paroles à son indigne esclave, si elle ne se trompe : « Je te pro­mets dans l’ex­ces­sive misé­ri­corde de mon Cœur, que son amour tout-puis­sant accor­de­ra à tous ceux qui com­mu­nie­ront neuf pre­miers ven­dre­dis du mois de suite, la grâce finale de la péni­tence, ils ne mour­ront pas en sa dis­grâce, ni sans rece­voir leurs Sacre­ments, mon divin Cœur se ren­dant leur asile assu­ré en ce der­nier moment. »

Voyons bien la signi­fi­ca­tion exacte. Notre-Sei­gneur promet :

1° La grande grâce de la péni­tence finale.

2° Que l’on ne mour­ra pas sans rece­voir « leurs sacre­ments », c’est-à-dire ceux qui leur sont néces­saires, vu l’é­tat de leur âme.

3° De ce texte il res­sort clai­re­ment qu’elle ne concerne pas la vie, mais la mort et les condi­tions essen­tielles d’une bonne mort.

Conseillons donc à tous nos chers enfants cette pra­tique des neufs pre­miers ven­dre­dis, cher­chons à leur faire dési­rer cette assu­rance de salut, quoi­qu’il puisse adve­nir plus tard.

Mais cette pro­messe exige qu’on s’en tienne à la lettre même de la pro­messe : com­mu­nion du pre­mier ven­dre­di, renou­ve­lée neuf pre­miers ven­dre­dis de suite.


Imprimatur
Verdun, le 15 janviel 1959. L. CHOPPIN, Vie. gén.

2 Commentaires

  1. Jean Dieudonne a dit :

    Je m’ap­pelle Jean Dieu­donne. Je suis pro­fon­de­ment voué à la Sainte qu’est Mar­gue­rite Marie Ala­coque. Je suis né le 16 octobre 1968 jour où on la com­me­more. C’est pour cela que par grâce j’a­dore le Coeur Sacré de Jésus et la Sainte est tou­jours de mon côté et prie pour mon âme.
    Je désire tant visi­ter le lieu d’ap­pa­ri­tion depuis mon enfance et j’es­père qu’un jour cela advien­dra fruit du miracle de la part de la Sainte. Amen

    18 septembre 2019
    Répondre
    • Le Raconteur a dit :

      Le ciel nous gra­ti­fie de beau­coup de signes ; c’est mer­veilleux lorsque, comme vous, on s’en sert pour y ancrer nos dévotions.

      Quant à aller à Paray-le-Moniale, ce n’est pas si com­pli­qué ; on peut se joindre aux nom­breux pèle­ri­nages qui s’y rendent.

      20 septembre 2019
      Répondre

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