Saint Bruno et ses compagnons

Auteur : Filloux, H. | Ouvrage : Au Cœur des Grandes Alpes. Dauphiné et Savoie .

Temps de lec­ture : 6 minutes

Saint Hugues, évêque de Grenoble, et le sept étoiles vus en songeLes étoiles merveilleuses

— Caché der­rière le Saint-Eynard et le Néron, je sais un haut-lieu où je veux vous conduire, petits amis. Et ce « haut-lieu » a une his­toire, une his­toire vraie, une magni­fique histoire.

Il y a de cela bien, bien long­temps, vers le temps de la pre­mière Croi­sade. était déjà une ville impor­tante, avec sa cathé­drale et son Évêque qui fut .

Or, ce saint évêque eut un songe. « Il voyait sept étoiles tom­ber à ses pieds, se rele­ver ensuite, tra­ver­ser des mon­tagnes désertes, pour s’ar­rê­ter enfin dans un lieu sau­vage appe­lé Char­treuse. Là, les anges bâtis­saient une demeure et sur le toit, tout à coup, les sept étoiles mys­té­rieuses se mirent à briller. Que vou­lait dire ce songe merveilleux ?…

Le len­de­main, sept voya­geurs, venus de très loin, frappent à la porte de l’É­vêque, se jettent à ses pieds, le priant de leur don­ner, dans la mon­tagne, un endroit tran­quille, loin des hommes, où ils pour­raient prier Dieu. C’é­tait la réponse du Seigneur.

Saint Hugues reçoit saint Bruno et ses compagnons

Les sept étoiles du songe mer­veilleux, c’é­taient et ses compagnons.

Qui donc était Bru­no ? Un homme riche et savant, très pieux et très bon. Le Saint-Père le Pape venait de le nom­mer Arche­vêque de Reims. Mais Bru­no refu­sa ce grand hon­neur, dis­tri­bua sa for­tune aux pauvres, quit­ta la ville. Il vint se cacher dans la mon­tagne, pour être seul avec Dieu.

BRIGITTE. — Il faut donc s’en aller loin, tout seul, pour bien ser­vir le bon Dieu ? Pour­tant, sur les images, on voit tou­jours le Sei­gneur Jésus entou­ré d’une foule de gens, des malades, des petits enfants.

— C’est vrai. Il en était presque écra­sé par­fois. Il était si bon. Mais que fai­sait-Il, chaque soir, après la longue jour­née où Il avait prê­ché, gué­ri les malades ?… Il se reti­rait dans la mon­tagne pour se retrou­ver, seul avec Dieu, son Père.

Quand ils veulent accom­plir quelque chose de grand, de beau, que font le savant, le poète ? L’un s’en­ferme dans son labo­ra­toire, l’autre s’é­gare en pleine cam­pagne. Ils veulent être seuls, pour se don­ner tout entiers à leur œuvre.

Saint Bru­no cher­chait donc aus­si un coin dans la mon­tagne, pour pen­ser aux choses du Ciel.

C’est pour­quoi, en plein mois de juillet, sur les pas du saint Évêque de Gre­noble, il mon­tait péni­ble­ment ces rudes che­mins de Chartreuse.

Vie de Saint Bruno et de la Chartrueuse pour les jeunes du caté

La porte du Ciel

Regar­dez. Nous voi­ci en pleine mon­tagne sau­vage. Pas d’autre bruit que le gron­de­ment du tor­rent. Ici, les pins sont rois !

Tout au pied de ces grandes forêts sombres, voyez-vous ce tas de mai­son­nettes blanches. C’est là que vint habi­ter saint Bruno.

C’est la Grande Char­treuse, la Porte du Ciel.

Dans cha­cune de ces mai­son­nettes, habite un . Il est presque tou­jours seul, occu­pé à prier, à lire, à pen­ser. Au milieu, s’é­lève la Mai­son du Sei­gneur où les Char­treux, tous ensemble, unis aux Saints du Ciel, chantent la « bon­té de Dieu ».

Leurs frères, les hommes, peinent dans la val­lée. Les uns tra­vaillent de leurs mains, comme l’Ou­vrier divin de Naza­reth. D’autres soignent les malades, d’autres encore ins­truisent les enfants ou prêchent l’É­van­gile, comme le Maître sur les routes de Galilée.

Eux, comme Jésus sur la mon­tagne, ils prient, ils bénissent le Père qui est aux Cieux. Ils ont tout aban­don­né pour ne plus appar­te­nir qu’au Sei­gneur. Et leurs prières des­cendent en grâces sur leurs frères…

Récit pour les enfants - vie des chartreux

Sur la terre…

Vers le soleil, l’a­louette a pris son vol en chan­tant. Dans sa cel­lule, le Char­treux fait mon­ter vers Dieu la prière de Prime, la pre­mière heure du jour
L’heure la plus belle, la plus grande de la jour­née. Le Char­treux élève vers le Ciel l’Hos­tie très pure, offrande au Dieu du Ciel à qui il a don­né sa vie.
Repas silen­cieux du . Repas de pain et de légumes, où la viande n’a jamais de place. Péni­tence cachée qui demande par­don pour nos gourmandises.
Récréa­tion dans le tout petit jar­din. Des iris bleux s’é­veillent dans leur ber­ceau de soie vert pâle. Le moine se réjouit de ces humbles fleurs, qui bénissent avec lui le Seigneur.

…comme au Ciel

Sur la table de bois où, jadis, un autre moine copiait un pré­cieux manus­crit, le Char­treux étu­die les Livres Saints, qui lui parlent à chaque page de la bon­té de Dieu.
Le soleil des­cend der­rière la mon­tagne. Au chœur, c’est le chant du soir : Com­plies. Entre vos mains, Sei­gneur, je remets mon esprit… A l’ombre de vos ailes, protégez-moi.
Nuit. Tout dort. Le vent gémit dans les grand pins. Par le cloître obs­cure, les moines se rendent au chœur. Tan­dis que leurs frères reposent, ils louent le Seigneur.
La grande récréa­tion de la semaine. Les moines, tous ensemble, vont par la mon­tagne, où tout leur parle encore de Dieu. Mon­tagnes et col­lines, bénis­sez le Seigneur

2 Commentaires

  1. Andre pinori a dit :

    Est ce que st bru­no a laisse-comme st benoît-des commandements ?
    Mer­ci pour votre aide

    8 octobre 2021
    Répondre
    • Le Raconteur a dit :

      D’a­près ce que l’on sait, saint Bru­no a fon­dé des ermi­tages ; mais je ne crois pas qu’il ait écrit une règle, contrai­re­ment à saint Benoît.

      21 octobre 2021
      Répondre

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