Paul était un pauvre Cafre chrétien de la Mission des Pères de Marianhill, au Natal. Son grand désir eût été de devenir prêtre un jour, mais Paul ne possédait pas les soixante livres sterling requises à Marianhill pour payer ses trois ans de séminaire.
Il se mit au travail. Il fut d’abord berger, mais son gain suffisait à peine à son entretien.
Au soir d’une pénible journée, il était assis à l’ombre, lorsqu’il aperçut une antilope assoiffée se dirigeant vers son arbre. A la vue d’un homme, le pauvre animal s’arrêta. Paul en eut pitié et lui céda la place.
L’antilope parut comprendre ce geste de bonté. Elle se traîna jusqu’au pied de l’arbre et s’y coucha pour attendre la pluie… ou la mort.
Paul ne dormit pas cette nuit-là.
Il lui semblait toujours voir l’antilope altérée et pantelante se traînant en chancelant vers son arbre et s’affaissant comme une masse.
« N’est-ce pas là, se disait-il, l’image du genre humain, qui, n’en pouvant plus de soif et de faim, court vers l’Arbre de vie pour trouver enfin le repos à l’ombre de son feuillage ? »
Ah ! si seulement il pouvait vite devenir prêtre ! Quel bonheur il aurait de planter parmi les siens, chez son peuple à lui – troupeau errant et altéré – la croix, arbre du salut !
Être prêtre ! Combien de temps encore aura-t-il à peiner pour amasser tout l’argent nécessaire ?
La nuit entière, Paul se berça de son beau rêve ; et quand, vers l’aurore, ses paupières fatiguées se fermèrent pour dormir enfin quelques instants, sa résolution était prise.
Il irait à Johannesburg, aux mines d’or, où tant d’autres trouvent de l’argent pour