Étiquette : <span>Pauvre</span>

Auteur : Theuriet, André | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 8 minutes

Les trois rois mages, Bal­tha­zar, Mel­chior et Gas­pard, por­tant l’or, l’en­cens et la myrrhe, étaient par­tis à la recherche de l’En­fant Jésus, mais comme ils ne connais­saient pas bien le che­min de Beth­léem, ils s’é­taient éga­rés en route et, après avoir tra­ver­sé une forêt pro­fonde, ils arri­vèrent à la nuit tom­bante dans un vil­lage du pays de Langres. Ils étaient las, ils avaient les bras cou­pés à force de por­ter les vases conte­nant les par­fums des­ti­nés au fils de Marie et, de plus, ils mou­raient de faim et de soif. Ils frap­pèrent donc à la porte de la pre­mière mai­son du vil­lage, pour y deman­der l’hospitalité.

Conte de l'Epiphanie et des rois magesCette mai­son, ou plu­tôt cette hutte, située presque à la lisière du bois, appar­te­nait à un bûche­ron nom­mé Denis Fleu­riot qui y vivait fort chi­che­ment avec sa femme et ses quatre mar­mots. Elle était bâtie en tor­chis avec une toi­ture de terre et de mousse à tra­vers laquelle l’eau fil­trait les jours de grande pluie.

Les trois rois, van­nés de fatigue, heur­tèrent à la porte, et quand le bûche­ron l’eut ouverte, prièrent qu’on vou­lût bien leur don­ner à sou­per et à coucher.

— Hélas ! braves gens, répon­dit Fleu­riot, je n’ai qu’un lit pour moi et un gra­bat pour mes enfants, et quant à sou­per, nous ne pou­vons vous offrir que des pommes de terres cuites à l’eau et du pain de seigle. Néan­moins, entrez, et si vous n’êtes pas trop dif­fi­ciles, on tâche­ra de vous arranger.

Auteur : Duval-Thibault, Anna | Ouvrage : Autres textes .

Temps de lec­ture : 10 minutes

C’était la veille de Noël.

Fête de Noel, animation des ruesMal­gré les gros flo­cons de neige qui vol­ti­geaient dans les airs et tom­baient sur le sol, qu’ils recou­vraient d’un blanc et froid tapis tou­jours gros­sis­sant, les rues étaient pleines de pas­sants affai­rés qui allaient et venaient dans tous les sens en se croi­sant et se bousculant.

Par­mi cette foule pres­sée et bruyante, on aurait pu remar­quer un jeune enfant, mer­veilleu­se­ment beau, mais pau­vre­ment vêtu, qui errait de rue en rue, et s’arrêtait, de temps en temps, pour frap­per à quelque porte, appa­rem­ment dans le but de deman­der l’aumône.

Ce n’était autre que l’enfant Jésus qui, s’ennuyant dans sa crèche soli­taire à l’église, était sor­ti pour voir de plus près quelques-uns des enfants qu’il aimait tant.

Mais, comme il veut être aimé pour lui-même et non pour ses dons, il avait jugé à pro­pos de se dégui­ser en petit men­diant afin de ne pas être reconnu.

À peine sor­ti de l’église il avait été atti­ré vers une des mai­sons voi­sines par le bruit joyeux qui s’en échap­pait : c’était comme un concert de voix et de rires enfantins.

– Il y en a là, des petits enfants ; allons les voir, pensa-t-il.

Il gra­vit les degrés du per­ron et son­na à la porte de cette mai­son qui était fort belle et devait appar­te­nir à des gens riches.

Une ser­vante vint lui ouvrir et fit d’abord la moue en voyant qu’elle s’était déran­gée pour un simple petit men­diant ; mais Jésus leva vers elle un regard si doux qu’elle se sen­tit prise sou­dai­ne­ment de pitié.

– Attends un peu, lui dit-elle, avec douceur.