Extrême-Onction
« Ton père va mieux ?
— Oui, il est revenu de l’hôpital. Même, il désire te voir, je venais te le dire.
— Me voir ? Moi ?…
Guilaine est intriguée. Que peut lui vouloir le père de Colette ? Elle a peur aussi de le voir encore dans le sang et avec des pansements, comme le jour de l’accident. Il y a trois semaines de cela, mais elle en est encore impressionnée.

Elle jouait à la marelle, avec Josette. Elles entendaient, sans y prendre garde, le toc-toc léger d’un marteau de couvreur sur les ardoises sonores.
— Tiens ! dit Guilaine, le père de Colette est sur le toit de votre grange.
Elles le regardèrent une minute aller et venir sur le vieux toit, arrachant ici un coussin de mousse, poussant là une ardoise…
— Brr !… je n’aimerais pas être à sa place…
— Surtout sur le bord…
Derrière elles, une voix les fit sursauter :
— S’il n’y avait que des as de votre trempe, il pleuvrait sur votre lit, je pense !
Le facteur avait entendu leurs dires et les regardait en riant. Guilaine ouvrit la bouche pour lui répondre que les fillettes ne vont pas sur les toits. Mais la phrase s’étrangla… un craquement, une effroyable dégringolade d’ardoises, un cri, figèrent tout le monde…
— Ah ! mon Dieu !…
Le couvreur n’était plus sur le toit. À sa place on voyait un grand trou… Le facteur courait à la grange. Les gens sortaient des maisons voisines…
