Étiquette : <span>Désert</span>

Auteur : Carrouges, Michel | Ouvrage : Charles de Foucauld .

Temps de lec­ture : 15 minutes

Sur le chemin du Hoggar

Loin de Béni Abbès, à des mil­liers de kilo­mètres, au cœur du Saha­ra, se dresse un immense pays de mon­tagnes noires : c’est le Hog­gar, le Mas­sif cen­tral de la patrie des Toua­regs. On l’ap­pelle le pays des guer­riers voi­lés, car, dans cet étrange pays musul­man, ce sont les hommes et non les femmes qui portent le voile.

Depuis des mil­lé­naires, les Toua­regs sont les maîtres du Hog­gar d’où ils sortent pour atta­quer et piller impu­né­ment les cara­vanes qui tra­versent le désert.

Or, pen­dant que Frère Charles était à Béni Abbés, il s’est pro­duit un fait extra­or­di­naire : pour la pre­mière fois les Toua­regs renoncent aux com­bats et laissent l’ar­mée fran­çaise péné­trer libre­ment dans le Hoggar.

Laper­rine, le com­man­dant du Ter­ri­toire des Oasis dont le Hog­gar va désor­mais dépendre, est un grand ami de Frère Charles et il lui écrit pour lui pro­po­ser d’y venir.

Le père de Foucauld explore le sud algérienFrère Charles accepte d’y faire un voyage, il com­mence à apprendre le tama­cheq qui est la langue des Toua­regs et, en dix mois, il va faire cinq mille kilo­mètres sur les pistes qui conduisent au Hog­gar. Pour un peu on croi­rait Frère Charles rede­ve­nu explo­ra­teur comme au temps du Maroc et c’est vrai qu’il explore, mais il est tou­jours Frère Charles, donc avant tout un homme de prière et de fra­ter­ni­té qui cherche par­tout à nouer des liens d’a­mi­tié avec les Toua­regs qu’il ren­contre au pas­sage. La tâche est dif­fi­cile, car les Toua­regs n’ac­ceptent la venue des Fran­çais qu’à contre­cœur, ils res­tent farouches et méfiants.

Pour­tant le com­man­dant Laper­rine pro­pose à Frère Charles de quit­ter Béni Abbés pour Taman­ras­set, le grand car­re­four des cara­vanes du Hog­gar. Mous­sa Ag Amas­tane, l’a­mé­no­kal, c’est-à-dire le chef des Toua­regs du Hog­gar, don­ne­ra lui aus­si son accord à ce projet.

Frère Charles hésite. Il s’est tel­le­ment atta­ché à Béni Abbès qu’il n’a pas envie de le quit­ter. Et puis il pense tou­jours à son pro­jet de retour­ner au Maroc. S’il part à Taman­ras­set, il est pro­bable qu’il n’au­ra plus jamais l’oc­ca­sion d’y retour­ner. Mais Frère Charles renonce à tous ses pro­jets et à toutes ses pré­fé­rences per­son­nelles. Il n’y a pas de peuple plus iso­lé et plus per­du dans le Saha­ra que les Toua­regs du Hog­gar ; pour Frère Charles, c’est la der­nière place, c’est donc là qu’il faut aller.

L'ermitage de Tamanrasset dans le désert du Hoggar

L’ermitage de Tamanrasset

A qua­rante-six ans, le 13 août 1905, Frère Charles s’ins­talle à Tamanrasset.