Aux Îles Gilbert[1], le côté « carte postale » de la fête de Noël s’évanouit, balayé par le souffle de l’alizé[2] ; dépouillé d’un folklore parfois superflu, le mystère de la Nativité gagne en profondeur, serre de plus près les réalités du Salut. Nos Gilbertins vivent leur Noël intensément ; ils en font une manifestation publique de foi ; on « va à Noël » dans nos îles, comme on va en pèlerinage, se retremper dans la prière et la charité, tous ensemble réunis pour une longue semaine à la station principale de la Mission.
Cet aspect communautaire de la fête n’est pas le moins frappant. A Abemama, le Père chargé de l’école Manokou est aussi curé de l’île. Le dimanche, il dessert l’un ou l’autre des huit villages répartis sur un croissant de terre de 34 kilomètres… Mais à Noël, les rôles sont inversés : les catholiques se déplacent et viennent à lui.
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Comme l’hirondelle en avance sur le printemps, un premier groupe s’est installé le 21 décembre dans la « manéapa », l’institution gilbertine par excellence, la maison « commune », le lieu obligé de toute réunion. Celle de Manokou est
- [1] Les Îles Gilbert sont un archipel de l’Océanie, sous l’équateur.↩
- [2] Un vent des régions chaudes du globe. ↩