Et maintenant une histoire ! Posts

Auteur : Daniel-Rops | Ouvrage : Légende dorée de mes filleuls .

Temps de lec­ture : 14 minutes

Vie des saints - martyrs - Theatres Romain - LyonNous sommes à Lyon,en l’an­née 177. La grande cité du Rhône est alors la capi­tale de la Gaule, la plus peu­plée de toutes ses villes, un centre de com­merce où viennent tous les tra­fi­quants de l’Em­pire, un magni­fique ensemble de mai­sons, de palais, de temples, de théâtres, dont les ruines ont été mises au jour au pied de la col­line de Four­vière. C’est aus­si une sorte de capi­tale reli­gieuse où, chaque année, les païens de toute la Gaule envoient des délé­gués pour célé­brer en com­mun de grandes fêtes en l’hon­neur de leurs divi­ni­tés, et ces céré­mo­nies dédiées à « Rome et Auguste » sont l’oc­ca­sion d’une foire très acha­lan­dée, de repré­sen­ta­tions théâ­trales, de spec­tacles dans l’am­phi­théâtre, de beau­coup de beu­ve­ries aus­si, et de maints bavar­dages. Que ne raconte-t-on point, par­mi ces foules assem­blées ? Et, bien enten­du, on parle des chrétiens.

Lyon en compte déjà un grand nombre. Cela se com­prend aisé­ment. Les com­mer­çants qui arrivent sans cesse d’A­sie Mineure, d’É­gypte ou de Grèce, ont enten­du racon­ter l’É­van­gile ; beau­coup d’entre eux sont déjà bap­ti­sés ; ils répètent la Bonne Nou­velle et enseignent autour d’eux la doc­trine de Jésus. (C’est donc d’O­rient que le Chris­tia­nisme est arri­vé en terre fran­çaise. Ne dit-on pas en Pro­vence que Lazare, le res­sus­ci­té, l’a­mi de Jésus avec ses sœurs Marthe et Marie, a appor­té lui-même l’É­van­gile dans la région de Mar­seille ? N’as­sure-t-on pas à Paris (qu’on appelle encore Lutèce) que le pre­mier évêque de la cité, saint Denis, le , a été un grec, élève du grand apôtre

saint Paul, comme d’ailleurs saint Tro­phème, pre­mier évêque d’Arles et saint Cres­cent, pre­mier évêque de Vienne en Dau­phi­né ? En tout cas, le bon grain dépo­sé par les Orien­taux a pris magni­fi­que­ment racine dans la terre gau­loise, en cette fin du IIe siècle, et il n’y a sans doute guère de ville qui n’ait sa com­mu­nau­té de fidèles. Et c’est ce qui irrite les païens…

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— Les chré­tiens aux lions ! A mort les chré­tiens ! Tous à l’am­phi­théâtre ! Arrê­tez ‑les ! Tuez ‑les !

Dans la foule entas­sée pour la fête annuelle, le mot d’ordre a cou­ru. Comme ce sera plai­sant de voir brûler 

Auteur : Hunermann, Père Guillaume | Ouvrage : Les Tables de Moïse .

Temps de lec­ture : 13 minutes

Histoire à lire en famille - La Sainte Famille visitée par sainte Elisabeth, Zacharie et saint Jean-Baptiste - Jacques Stella (1596-1657)

Joseph Frank frap­pa son rabot contre l’é­ta­bli pour le débar­ras­ser des copeaux, et, d’un geste de la main, fit tom­ber la sciure de ses che­veux bouclés.

« Père, c’est l’heure où le tra­vail s’ar­rête à Kreuz­heim. Demain, je vais par­tir dans le vaste monde ! »

« Tu as rai­son, Joseph » répon­dit le père, dans l’a­te­lier duquel le gar­çon tra­vaillait comme appren­ti. « Va et observe bien tout au cours de ton voyage. Dans notre cor­po­ra­tion, celui qui veut se per­fec­tion­ner doit aller tra­vailler dans des ate­liers étran­gers. Garde tou­jours la loi de Dieu, et il ne t’ad­vien­dra rien de mal. » Puis il posa une main ferme sur l’é­paule du gar­çon, le regar­da gra­ve­ment et ajou­ta : « Reviens le cœur joyeux comme à pré­sent et prends garde de ne pas perdre la foi, car c’est ton bien le plus précieux »

« Oui, père ! » approu­va le gars. « J’au­rai à cœur de ne pas oublier ce que toi et maman m’a­vez enseigné. »

« Très bien ! Et main­te­nant donc, nous allons ces­ser le travail »
La cloche du soir reten­tit de la tour de l’é­glise de Kreuz­heim, et les deux hommes prièrent avec fer­veur l’an­gé­lus ain­si qu’ils en avaient l’ha­bi­tude depuis toujours.

Le len­de­main, de très bonne heure, le jeune homme fit son balu­chon, auquel sa mère ajou­ta encore mainte dou­ceur pour la route. Quand vint le moment des adieux, le père lui rap­pe­la solen­nel­le­ment la pro­messe faite dans l’a­te­lier, et Joseph jura de tenir parole. Son père lui recom­man­da encore une der­nière fois de ne pas perdre la foi, puis mit dix beaux écus d’ dans sa bourse, afin qu’il ne man­quât de rien au cours de son long voyage. La mère s’es­suya fur­ti­ve­ment les yeux, et dit enfin : « Vois-tu, Joseph, j’ai encore quelque chose pour toi. Regarde. C’est l’é­cu de offert par ton par­rain le jour où tu es deve­nu enfant de Dieu. Ne le perds point, et ne le donne pas, car, en le don­nant, tu per­drais en même temps le bonheur. »

Le jeune homme prit res­pec­tueu­se­ment la pièce d’argent des mains trem­blantes de sa mère et pro­mit de la gar­der comme une relique. « Va donc avec la grâce de Dieu et que ton ange gar­dien t’ac­com­pagne », ajou­ta sa mère en l’ai­dant à bou­cler son sac sur son dos. Et après un der­nier adieu, Joseph Frank par­tit sur la longue route.

Récit pour illustrer le sacrement du baptêmeIl tra­ver­sa de nom­breuses villes, ren­con­tra des gens de toutes sortes ; chaque fois qu’il s’ar­rê­tait, il cher­chait un maître habile chez lequel il tra­vaillait un moment, copiant plus d’un secret du métier, acqué­rant cer­tains tours de main, puis, il repre­nait la route.

La vie se pour­sui­vait tant bien que mal. S’il ne fit pas for­tune, il put du moins man­ger à sa faim chaque jour. Si par­fois l’argent pour pas­ser la nuit dans une auberge lui fai­sait défaut, il se conten­tait sim­ple­ment d’un gre­nier ou d’une grange, et comme il avait la conscience tran­quille, il dor­mait tout aus­si bien sur le foin ou la paille que d’autres dans les draps les plus fins d’un hôtel. Sou­vent ses éco­no­mies fon­daient comme neige au soleil et il ne lui res­tait alors que son écu de bap­tême ; mais il ne l’au­rait pas don­né pour tout au monde. Il pré­fé­rait res­ser­rer sa cein­ture d’un cran, faire sem­blant de