Cette année, dit maman, il n’y aura pas d’œufs de Pâques.
Les petits crurent tout d’abord avoir mal entendu. Pas d’œufs le jour de Pâques !
— Vous savez bien, poursuivit maman avec un soupir, qu’il n’y n ni sucre, ni chocolat.
— Mais, fit Sylvinette aux yeux bleus, ce sont les cloches qui les apportent et nous mangerions aussi bien des œufs de poule, tu sais.
— Ça m’étonnerait qu’elles en trouvent plus que moi. Allons, au revoir, mes chéris, soyez sages et à ce soir.
Maman s’en fut faire des ménages comme chaque jour, laissant Poupon sous la garde de Sylvinette.
— Vous en faites une tête ! chantonna Moineau-Gentil, passant la tâte par la fenêtre. Ne savez-vous pas que c’est le printemps, que les oiseaux sifflent et que dans le square il fait bien meilleur qu’ici ?
Il faut vous dire que Moineau-Gentil était très aimé des enfants. Je ne sais si vous l’avez remarqué, mais souvent, plus les gens sont pauvres, meilleurs ils sont pour les bêtes. Aussi, quand Sylvinette lui eut conté leur chagrin, l’oiseau réfléchit un instant, puis battit des ailes.
— Vous aurez des œufs de Pâques, foi de moineau ! Je vais dire un mot aux cloches : je suis au mieux avec le bourdon de Notre-Dame.